278 de cattmont. abécédaire d'archéologie.
de nouvelles invasions des Barbares. M. Jouannet est arrivé de son côté
à cette conclusion en examinant les nombreux tombeaux qui entrent
dans la construction des murs antiques de Bordeaux.
L'examen attentif de ces débris ne permet pas de douter, dit ce savant
observateur, que la séparation des cippes et des tombeaux n'ait été
l'effet simultané de leur enlèvement et de leur transport dans le mur
d'enceinte. En effet, ces tombeaux soi:» restés si peu de temps exposés
aux injures de l'air et des hommes, que, dans quelques-uns, l'urne s'est
trouvée intacte avec les ossements et les cendres. Ceux qui ne renfer-
maient plus que de légers débris, conservaient du moins encore des
traces si fraîches qu'on aurait pu les croire toutes récentes. Il paraît que
les cippes eux-mêmes n'avaient encore souffert d'autres dégradations,
que celles qui sont toujours l'effet du temps ; et si quelques-uns ont eu
leurs parties saillantes sciées ou coupées, ce fut évidemment au moment
de l'emploi : on enleva ce qui aurait nui à la pose. Les cippes de même
hauteur et de même largeur, furent affrontés les uns aux autres, cor-
niche à corniche, base à base, comme pour mieux ménager les in-
scriptions et les moulures. Enfin plusieurs des inscriptions conservent
encore en partie cette couleur de minium dont, suivant Pline, on
peignait quelquefois la lettre pour la rendre plus apparente.
Ainsi les populations malheureuses menacées de nouveaux désastres
employèrent à leur défense les débris des monuments somptueux qui
faisaient la gloire et l'ornement des cités, et la pierre même des tom-
beaux (1) !
CHAPITRE H
Quel fut Vétat de l'architecture militaire du Ve. siècle au XIe. ?
Les invasions des Barbares avaient ainsi opéré au Ve. siècle la désu-
nion et le morcellement des diverses parties d'une même province ; les
(1) Aux termes de la loi romaine , la ville une fois prise par l'ennemi , les
monuments sacrés cessaient de l'être ; et l'on pouvait en employer la pierre à
toute espèce d'usage. L'enceinte murale était d'ailleurs un objet sacré ; elle
pouvait recevoir des monuments funéraires.
« Gùm loca ab hoslibus capta sunt, desinunt omnia religiosa esse... ideôque
lapides indè sublatos in quemlibet usum convertere possumus. »
Jac. de Gulherii, de jure manium (Lib. III).
de nouvelles invasions des Barbares. M. Jouannet est arrivé de son côté
à cette conclusion en examinant les nombreux tombeaux qui entrent
dans la construction des murs antiques de Bordeaux.
L'examen attentif de ces débris ne permet pas de douter, dit ce savant
observateur, que la séparation des cippes et des tombeaux n'ait été
l'effet simultané de leur enlèvement et de leur transport dans le mur
d'enceinte. En effet, ces tombeaux soi:» restés si peu de temps exposés
aux injures de l'air et des hommes, que, dans quelques-uns, l'urne s'est
trouvée intacte avec les ossements et les cendres. Ceux qui ne renfer-
maient plus que de légers débris, conservaient du moins encore des
traces si fraîches qu'on aurait pu les croire toutes récentes. Il paraît que
les cippes eux-mêmes n'avaient encore souffert d'autres dégradations,
que celles qui sont toujours l'effet du temps ; et si quelques-uns ont eu
leurs parties saillantes sciées ou coupées, ce fut évidemment au moment
de l'emploi : on enleva ce qui aurait nui à la pose. Les cippes de même
hauteur et de même largeur, furent affrontés les uns aux autres, cor-
niche à corniche, base à base, comme pour mieux ménager les in-
scriptions et les moulures. Enfin plusieurs des inscriptions conservent
encore en partie cette couleur de minium dont, suivant Pline, on
peignait quelquefois la lettre pour la rendre plus apparente.
Ainsi les populations malheureuses menacées de nouveaux désastres
employèrent à leur défense les débris des monuments somptueux qui
faisaient la gloire et l'ornement des cités, et la pierre même des tom-
beaux (1) !
CHAPITRE H
Quel fut Vétat de l'architecture militaire du Ve. siècle au XIe. ?
Les invasions des Barbares avaient ainsi opéré au Ve. siècle la désu-
nion et le morcellement des diverses parties d'une même province ; les
(1) Aux termes de la loi romaine , la ville une fois prise par l'ennemi , les
monuments sacrés cessaient de l'être ; et l'on pouvait en employer la pierre à
toute espèce d'usage. L'enceinte murale était d'ailleurs un objet sacré ; elle
pouvait recevoir des monuments funéraires.
« Gùm loca ab hoslibus capta sunt, desinunt omnia religiosa esse... ideôque
lapides indè sublatos in quemlibet usum convertere possumus. »
Jac. de Gulherii, de jure manium (Lib. III).