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Le charivari — 13.1844

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Septembre (No. 245-273)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17365#0997
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fi 13 ©MAJRIWAKI.

serait jamais douté que ces chétifs insectes eussent
pu porter aussi haut, sur leurs ailes diaphanes, un
personnage aussi lourd. Cependant il est assez com-
mun de voir les naturalistes faire rapidement leur
chemin en politique. Quand on a l'habitude de culti-
ver les bêtes, à plus forte raison doit-on posséder
l'art d'apprivoiser les hommes d'État.

Si l'inconstant marin qui, après avoir voltigé à
l'entour de la branche aînée, est venu se poser amo-
roso sur la branche cadette, sympathise de fait et
d'intention avec le papillon, c'est par esprit de
corps. Qui se ressemble s'assemble. Et la preuve,
c'est que cette sympathie qui aurait pu s'étendre à
la nombreuse famille des caléoptères, des lépidoptè-
res et autres parens plus.ou moins éloignés du pa-
pillon, a toujours été exclusive et personnelle à cet
insecte volage.

Le hanneton, par exemple, est la bête noire de ce
Jean Bart à l'eau de rose. Il n'a jamais pu le digérer.
Un aide-chirurgien de marine a bien voulu nous
donner le mot de l'énigme. Son récit, dont la plai-
sante authenticité nous a été sérieusement garantie,
est trop curieux pour que nous consentions à en frus-
trer nos lecteurs et la postérité.

« C'était, nous écrit le Dupuytren aquatique, en
» 1837 ou 1838, à la Martinique. Le baron de Mac-
» kau était alors gouverneur général, pour le roi des
» Français, de cette île émaillée d'insectes plus ou
» moins malfaisans. Une nuit, à la suite peut-être
» d'une chasse aux papillons dans laquelle l'amiral-
» gouverneur avait fait d'importantes captures, mon
» chirurgien-major, détaché à terre pour le service
» personnel de sa seigneurie, vint me réveiller préci-
« pitamment, à bord de la frégate la Terpsiclwre, a-
» lors en rade de Fort-Royal, pour réclamer avec au-
» torité aide et assistance. Il s'agissait d'extraire de
» l'oreille de l'amiral-gouverneur un hanneton sub-
» versif, qui y avait fait élection de domicile.

» Après avoir allongé convenablement, sondé, exa-
» miné clans sa profondeur cette magnifique oreille
» gouvernementale (celle du côté droit), j'affirmai
» qu'elle n'était farcie d'aucun insecte.

«Mon avis fut partagé par l'aéropage médical, con-
» voqué à grands frais, et nous fîmes de notre mieux
» pour relever le moral de l'illustre loup de mer;

pondant. Toutefois nous devons ajouter qu'il est tou-
jours resté, depuis cet accident apocryphe, un bour-
donnement vague dans l'oreille de M. de Mackau.
C'est ce qui fait qu'il n'entend qu'à demi quand on
parle d'honneur national, et pas du tout quand les
Anglais prennent leur plus grosse voix pour nous
prodiguer des épithètes mal sonnantes, toujours re-
lativement à l'entente cordiale.

QCARANTB-CIKQ MILLE COUPSÎ)EM!

Monsieur le rédacteur,

Votre journal a eu derniè-
rement l'obligeance de se
faire l'écho des coups de
canon tirés au siège de Metz
à l'effet de démolir les mu-
railles de la cité et de briser
les tympans des citadins. Je
ï^ptfSgj^ viens aujourd'hui vous don-
ner quelques nouveaux détails sur cette œuvre que
je ne crains pas de qualifier de gigantesque et dont
le souvenir restera longtemps dans la tête des habi-
tans de la Moselle.

Des documens, auxquels nous ajoutons d'autant
plus de confiance qu'ils ne nous ont été transmis par
aucun journal officiel, disent que le nombre des
coups de canon que le ministre de la guerre a auto-
risé à tirerjau siège de Metz s'élève à quarante-cinq
mille.

En l'année 1552, Charles-Quint, ayant entrepris
de réduire cette même ville, ne se passa la fantaisie
que de trente mille coups de canon ; le duc de Ne-
mours enfonce donc l'empereur d'Espagne de quinze
mille gargousses.

Lesassiégeans et les assiégés, ne pouvant s'envoyer
des boulets, ont résolu du moins, surtout pendant
les premiers jours, de lutter à qui ferait le plus de
tapage, et ils bourraient leurs pièces avec un achar-
nement que n'avaient peut-être pas les bombardiers
de Charles-Quint eux-mêmes.

Je vous ai dépeint dans ma première lettre les tris-
tes effets de ce canonnement sur les nerfs des infor-
tunés Messins; ils perdirent à la fois leur sommeil
et leurs carreaux.

Il est vrai qu'une recette excellente avait été don-
née aux propriétaires des maisons voisines des rem-
parts : c'était d'avoir l'attention de tenir leurs fenê-
tres ouvertes pendant tout le jour, et surtout pen-
dant toute la nuit.

Moyennant cette précaution salutaire, ces bons
bourgeois n'ayaient presque plus d'argent à donner
au vitrier ; mais ils en portaient beaucoup à l'apothi-
caire pour acheter le réglisse nécessaire à la guéri-
son des rhumes de cerveau qu'ils contractaient ré-
gulièrement chaque nuit.

Or le réglisse est une panacée souveraine pour cette
terrible maladie, du moins telle est l'opinion des plus
mais nous y perdions notre latin, que nous n'a- célèbres médecins et des plus illustres gendarmes,
vions guère jamais su que comme Pasquier l'aca- i\ous devons pourtant rendre cette justice aux au-
démicien peut savoir le français. La perte n'était , torités supérieures de Metz, c'est que leur oreille
» pas grande. Notre patient avait une idée fixe, qui j n'est pas restée complètement sourde à ces malen-
» ne lui permettait pas d'entendre de cette oreille- contreux coups de canon nocturnes et aux réclama-
» là. L'insecte, disait-il, avait pénétré à l'intérieur tions qu'ils soulevaient dans la population de Metz.
» du crâne; il percevait distinctement son bourdon-
« nement, et il craignait que sa cervelle ne fût com-
» promise par cette pérégrination intime : comme
» si la chose eût été possible !

» Que nous restait-il à faire dans cette occurrence,
» sinon ce que l'on fait aux hypocondriaques qui se
« plaignent gravement de sentir un lézard ou une
» couleuvre frétiller clans leur estomac, ce que l'on
» fit au célèbre empereur chinois Fich-Ton-Kan,
» dont le nez dargousien se croyait orné d'une mou-
» che fantastique ? L'un de nous se munit d'un vé-
»> ritable hanneton qu'il cacha dans la main gauche,
» simula de la main droite l'extraction d'un corps
» étranger, et la vue de l'innocent coléoptère guérit
» notre non moins innocent malade de sa douleur
» imaginaire, mais non de son incurable sympathie
» pour les papillons. «

L Ici s'arrête la narration historique de notre corres-

Depuis deux jours 3 s'est un peu calmé, et

les charges des pièces d'artillerie ont été sensible-
ment diminuées.

Vous devez bien penser qu'on ne tire pas quaran-
te-cinq mille coups de canon sans éprouver le besoin
d'y joindre, comme accessoire, quelques légers coups
de fusils. En conséquence, il a été ouvert aux fantas-
sins du corps d'armée de la Moselle un crédit de
vingt-huit millions de cartouches.

Toujours chiffre véridique, et auquel vous pou-
vez ajouter la confiance la plus absolue, puisqu'il ne
vous est pas transmis par dépêche télégraphique.

Voilà, ce me semble, un nombre de détonations as-
sez réjouissantes, et les esprits mal faits, qui sont
toujours à prétendre que le ministère actuel n'aime
pas l'odeur de la poudre, doivent être singulièrement
penauds. Trouvez-moi donc dans toute l'Europe un
gouvernement qui se procure la satisfaction de tirer
ainsi quarante-cinq mille coups de canon et vingt-
huit millions de coups de fusil.

Et cela à propos de rien, on peut bien le dire.
Que sera-ce donc du moment où M. Guizot fera feu
pour un motif sérieux ? L'univers entier n'aura qu'à
bien se tenir et à fourrer du coton dans ses oreilles!

M. Guizot a au fond des idées éminemment tapa-
geuses, et je conçois parfaitement qu'avec un tem-
pérament volcanique comme le sien, il imite le fa-
meux gentilhomme gascon, et se tienne à quatre
pour ne pas se mettre en colère à l'occasion de toutes
les chiquenaudes qu'on lui donne sur le nez. Notre
bouillant Achille sait très bien que s'il se laissait al-
ler à sa fureur, il ferait danser à tous les peuples de
l'Europe une polka effrénée, auprès de laquelle ton
tes les danses napoléoniennes ne seraient plus que du
menuet.

Une seule chose est regrettable dans ce divertisse-
ment guerrier du duc de Nemours et de M. Guizot,
c'est que la poudre coûte deux francs le kilogramme,
et chaque coup de canon absorbe un kilogramme.

Ainsi les quarante-cinq mille gargousses, jointes
aux vingt-huit millions de cartouches, nous repré-
sentent un léger total d'environ cent mille écus, qui,
joints aux autres dépenses du camp de la Moselle,
donnent un autre total non moins léger d'environ
deux millions. Après ça, qu'est-ce qu'on aurait pour
deux millions ?

Nous passons sous silence les migraines des in-
fortunés Messins, car nous avons pu vérifier par
nous-même qu'on s'habituait parfaitement, et en
très peu de jours, au bruit du canon.

Nous promenant avec un bon bourgeois de la ville,
pour vérifier si nos remparts tiendraient encore long-
temps, on mit le feu à un énorme obusier qui se
trouvait à vingt pas de nous, et mon compagnon se
tourna très poliment de mon côté, en me disant :
« Dieu vous bénisse ! »

Ce monsieur croyait tout simplement que je venais
d'éternuer; aupiout de cinq jours de siège l'infortune
était devenu sourd comme un pot, et vous n'ignoré
pas que ces ustensiles ont été depuis longtemps*
gardés comme incurables pour ce genre d'infirmité-

Agréez, etc.

UN ASSIÉGÉ DE METZ.

TBiéàSpe de la Fopte-Saînti-Marîirf'

Calypso ne pouvait se consoler.....

Folie en trois parties.

Le théâtre de la Porte-Saint-Martin tient en ré-
serve, dans un coin écarté de son magasin d'acces-
soires, quelques paires de jambes qu'il utilise quai"1
il n'a rien de mieux à faire. Le besoin de les dégour-
dir s'est fait sentir, et le ballet de Calypso a vu*
jour, c'est-à-dire les quinquets de la rampe.

Les ressources chorégraphiques dont l'adminis-
tration peut disposer ne sont pas suffisantes po"1
fixer l'attention durant une heure par une panf0'
mime illustrée de pirouettes et d'entrechats. Le dia-
logue et les couplets sont venus au secours dela
danse. C'est moins monotone, mais c'est moins
court.

{La suite à la 4e page-}
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