Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 14.1845

DOI Heft:
Avril (No. 91-120)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17624#0472
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ll^ggpi p^h ariv ar1.

les faunes et les sylvains dansaient avec les nym-
phes au clair de la lune.

où cette qu£stJ3±ït^'ait mise sur le tapis à la cham-
bre des d^dlèsHl est vrai que certaines gens natu-

Pardonnez-nous ce léger accès de mythologie; Tellement douées, comme les harpies de la fable, de
mais vous connaissez la place Royale, cette dernière ia vertu de gâter tout ce qu'elles touchent, ne peu-
oasis parisienne, cette place qui vit les beaux jours vent mieux faire dans rintérêt de ieur cause, que
de Manon Delorme, ce calme et verdoyant Eldo- I , , . ' „. , - . . oQ

rado du faubourg Saint-Antoine et du Marais, où, de s abstenir entièrement. Si tel est le motif de sa
tous les jours de la semaine, les poètes et les bon- fu8ue parlementaire, M. de Mamgoval a bien mente
nés d'enfans venaient causer d'amour avec la muse des betteraves qui l'ont envoyé à la chambre. Il mé-
ou avec de jeunes tourlouroux. Eh bien, on veut I riterait bien mieux encore de la population va-
faire, dit-on, pour la place Royale ce qu'on a pro- lenciennaise en particulier et du pays en général
posé aussi pour le parc de Monceaux, ce jardin qui se dérobait aussi prudemment le jour des pro-
fût bâti par le duc d'Orléans, père du roi actuel, sur daines élections.

les dessins de Carmontel. On voulait le vendre par I '__

adjudication; on aurait tout mis aux enchères, les I

gazons, les rossignols, les allées sentimentales, les ! L'ART FONDU,

cascades éplorées, ces Héraclites de la végétation I

qu'on nomme des saules pleureurs, arbres élégia- I W^__^jSr^a E commence à croire que la

ques qui finissaient par rire en voyant les grisettes I ilifrj LH^^l!Î| ;] Liste-Civile est pauvre. En
jouer aux jeux innocens sous leurs feuilles senti- I pra ftl jSff ' VI vous faisant cette confes-
mentales. I faj j"^^!^^»^! sion, j'éprouve le besoin de

Que voulait-on faire du parc de Monceaux? Belle '^p^^^^^^i Y0PS a,vertir -]'ai res"

demande 1 Que fait-on de tous les jardins que l'on jSl^^^^^fil k Prit.tr('f P:iril.(loxal-

j u • - i 11 i . ? . \ >vlîr^^Br^^~wM,,'i'V'â Un fait récemment pu-

vend chaque jour a la salle des commissaires-pn- mjg^^l ; blié m'a infiltré cette opi-
seurs? des maisons, je pense, des rues, des passages, «GÉlBKHLi"°n que j'oserais nommer
des squares, des cités. IPtiMN^RS^hardie; mais le pays, qui ne

Les amateurs d'horticulture ont beau jeter les I ||§y^^^c» ***** la partage pas, en dira ce
hauts cris : « Et nos jonquilles, et nos renoncules, I qu'il voudra : je m'en savonne les mains,
et nos rosiers que deviendront-ils ? » Flore a beau j Jusqu'ici, M. Montalivet s'était mis en quatre, je
réclamer,—Zéphyr, son collaborateur intime, par- j veux dire mettait ses billets de banque en quatre
fume en vain l'atmosphère de son indignation. On pour encourager les arts et pour faire le généreux
renvoie Flore et Zéphyr se faire allouer .une indem- J avec les artistes, gens qui ont la faiblesse de ne pas
nité parle jury d'expropriation de YAlmanach des J dédaigner la générosité. Toutes les manières étaient
Muses ; on bâtit, et on ne manque pas de bonnes j bonnes à M. l'intendant de la Liste-Civile. J'ai même
raisons pour prouver aux propriétaires des terrains! appris qu'un peintre besogneux ayant ajouté quel-
qu'après tout, des toits de marbre et des palais dorés J ques millimètres à la superficie convenue d'un ta-
valent bien des boutures d'œillet et même des ognons j bleau, M. Montalivet ne se prévalut pas de l'arpenta-
de tulipes. J ge arrêté entre les parties et consentit royalement à

Le parc de Monceaux a été sauvé une fois, mais il J indemniser l'artiste pour son exagération de travail :
n'échappera pas au destin général des jardins; on j il lui fit accepter, en sus du prix fixé, quatre cachets
rasera, on moissonnera tout, jusqu'à son dernier J de dîners à trente-deux sous,
bouquet de violettes. j Une autre fois, un sculpteur lui apporta un buste

En attendant, c'est maintenant la place Royale I commandé pour cinq cents kilogrammes et qui en
qui est menacée ; des spéculateurs ont proposé au pesait cinq cent quarante; M. l'intendant eut la gran-
conseil municipal d'abattre toutes ces graves et dou- J deur d'âme de ne demander pour ce surcroît de mar-
ées maisons rangées autour de la vieille place com- j bre aucun dommage-intérêt, et pourtant le chemin de
me un cercle de douairières, d'arracher les arbres J fer exigea pour le port de Paris à Versailles un sup-
qui prêtent leur ombre à la statue de Louis XIII, et J plémentde commission de soixante-cinq centimes !
de les remplacer par un quartier nouveau dont les J Donc, la Liste-Civile était grande avec les artistes,
considéransdu projet disent d'avance des merveilles. J et si elle manifeste le besoin de restreindre sa muni-
Le fameux Regent-street, de Londres, ne sera qu'une j ficence à l'état de Tom Pouce, il faut que la pauvreté
mansarde auprès des habitations féeriques qui vont 1 l'yforce.En passant devant elle j'aurai soin désormais
enlever sur leurs ailes d'or et de marbre les habitans j de n'avoir jamais de monnaie sur moi.
du centre pour les transporter à l'extrémité la plus j Cette nécessité d'économie vient de se montrer
reculée des boulevards. I danssonplein,commeunelunedansuncielsansnua-

On ne dit pas si les rues du quartier nouveau se- J ge ou comme le faciès de M. Fulchiron au centre de
ront chauffées au calorifère en hiver, et si les trot- I la chambre. Il ne s'agit pas de la Smak, qui me sem-
toirs seront arrosés, en été, avec de l'eau de Portu- blaitdès l'abord une profonde abnégation de. M«
gai, et balayés avec du patchouli. j Horace Vernet. Mais j'ai su que le peintre ne perdait

Si la place Royale disparaît, le Marais aura cessé J rien à exécuter d'aussi larges compositions ; en mé-
d'exister. Ses vieux hôtels feront peau neuve ; ils nagère habile, la Liste-Civile, connaissant la vélocité
quitteront leur physionomie noble et sévère pour en- de M. Vernet, ne le paie pas... pardon, ne lerécom-
trer dans la bourgeoisie. Le seizième siècle aura ren- | pense pas au mètre : elle le rémunère à l'heure,
du le dernier soupir. j je veux parler de la statue du duc d'Orléans, qu'on

Espérons, cependant, que la spéculation s'arrêtera doit placer du même coup à Paris et à Alger. C'était
devant la place Royale. On lui a enlevé sa grille, là une superbe occasion. Deux statues, c'est-à-dire
qu'on lui laisse du moins ses arbres et ses vieilles deux artistes à faire travailler sur le même sujet,
maisons ! I par conséquent un motif d'émulation, un stimulant

L'auteur de Notre-Dame de Paris veille sur la j qui pouvait faire produire deux chefs-d'œuvre...
place Royale. La pioche des maçons s'abaissera de- Mais, hélas ! les chefs-d'œuvre coûtent cher, et l'on
vant lui. C'est à sa vigilance que le salut de la place se borne aujourd'hui aux chefs-d'œuvre parlemen-
Royale est confié 1 J taires.

_ i - j Aussi, pour ne pas s'exposer au chef-d'œuvre et

j pour faire en même temps une application de la po-

Vlmpartial et le Courrier du Nord, deux de nos lilique aux arts, on confia la statue à un artiste étran-
meilleures feuilles départementales, qui représentent J ger, M. Marochetti.

dignement l'opposition à Valenciennes, donnent des Le modèle de M. Marochetti est terminé, et la
détails plaisans sur la visite que vient de faire aux fonderie de M' S°yer va tirerla statue du, du° d'0r"

^deceuevii^

Cet honorable représentant des betteraves de la lo- servir 0Q en tirera tant qu'on en vou-

cahte a quitte Pans pour s'entendre avec ses com- dra... par exemple, toujours du même tonneau. Aus-

mettans sur la question des sucres, juste au moment I si personne n'en réclame-t-il.

Ce tirage d'exemplaires d'une œuvre d'art est
quelque chose de triste et de regrettable. Si une
économie si parcimonieuse se montre à décou-
vert, il n'y a pas de raison pour qu'on s'arrête. Ou
enverra des exemplaires de l'arc de l'Étoile, de la
Madeleine, de l'Hôtel-de-Ville aux villes qui feront la
demande de quelques monumens. Il y aura des {[.
rages extraordinaires comme pour le numéro du Sa-
Ion du Charivari, ce monument élevé par nous aux
gloires picturales de l'époque.

Alors les artistes se feront messagers parisiens
afin d'utiliser leur paresse proverbiale.

Avant-hier, dimanche, à l'Orangerie du Luxem-
bourg, a eu lieu la séance annuelle de la société d'a-
griculture, sous la présidence de M. Decazes. Le
grand référendaire a pris la parole à propos de lu-
zerne et de betteraves ; mais voilà que tout à coup
au milieu du speech le plus heureux, l'assemblée
entend avec étonnement ces mots étranges sortir de

la bouche du noble personnage : «.....Son Altesse

Royale Monseigneur le duc de Bordeaux et son au-
guste mère.....» M. de Rambuteau, tout effaré,tire

en vain l'orateur par le pan de son habit, M. Deca-
zes ne s'arrête que devant les chuchottemens de l'au-
ditoire. Alors remarquant son lapsus linguœ, il re-
vient sur ses pas et rend au comte de Paris ce qui
n'était pas dû au duc de Bordeaux.

L'affaire n'a pas eu d'autres suites, et la révolu-
tion, que paraissait craindre M. de Rambuteau, à en
juger par l'air de terreur niaise répandue sur son
visage, n'a pas eu lieu.

On assure que M. Decazes a fréquemment de ces
absences. Cela ne nous étonnerait guère : le souve-
nir des services qu'il a rendus à la Restauration peut
bien, de temps en temps, troubler ses idées et le
poursuivre, comme le spectre de Banco, jusque par-
mi les oignons de tulipes et les pots de réséda.

Après le beau quintette de Félicien David, inti-
tulé une Promenade sur mer, un amateur disait :
« Cette musique est si puissamment imitative qu'elle
vous donne le mal de mer. »

Ce mot rappelle celui de l'Italien si digne d'être
Gascon, qui disait : « J'excelle dans l'Orage : quand
ze leçante, z'y mets une espression si vraie que le
lait tourne immédiatement dans tous les environs.»

LES NOMS DE CHEVAUX.

C'est toujours
avec un nouveau
plaisir que, cha-
que année, nous
parcourons la lis-.
te des chevaux qui aspirent à être lauréats au Champ-
de-Mars.

Pendant un temps immémorial les chevaux fran-
çais se contentaient d'être appelés Bijou, ou le Petit-
Gris; les jumens même les plus coquettes ne por-
taient pas leurs prétentions au-delà du nom de Co-
cotte. Depuis la révolution de 1850 on a joliment
changé tout cela ; ce ne sont pas les pouliches qui
pourront dire que les journées de juillet n'ont servi
à rien.

Hier, au Champ-de-Mars, les premiers chevaux
inscrits pour disputer le prix étaient Logomachie,
Oremus, Perspkax et Baroque 1

Que dites-vous du choix des sobriquets?

Ne croyez pas que ce soit là un pur effet (k'Jv
sard ; en continuant à dépouiller les noms^isents
sur lestem-boack, nous trouvons Giboulée.impasse,
Error et Nilgaud !

Enfin, nous arrivons à des coursiers quisont sim-
plement désignés par des initiales, — soitpae leur
(La suite à la ¥ page)
 
Annotationen