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Le charivari — 14.1845

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Septembre (No. 244-274)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17624#0962
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ILE C'MAIâl^AïSf.

— Plains-toi ! tu es choyé, recherché, fêté...

— Oui, grâce à madame... je fais le métier de
l'âne chargé de reliques et je jouis du coup d'oeil de

et que la petite vous larde ; — enfin que les indiffé-
rons disent : « Tiens ! tiens ! tiens ! voilà un mon-
sieur qui a un singulier goût !» Maislesgoûts, même

tous les adorateurs... | les plus bizarres, s'affichent hautement. Je sais quel

— C'est du moins plus flatteur que d'intriguer
pour faire inviter sa femme à laquelle personne ne
penserait.

—Laisse donc ! tu dors sur tes deux oreilles, toi...
tu peux aller, venir, t'absenter sans craintes...

—Sans craintes, oui, mais sans reproches, non !...
Ah ! tu crois que le mari d'une femme hors d'âge
peut aller, venir, s'absenter?... Ecoute ;

Que j'aie le malheur d'adresser le plus banal com-
pliment à une femme quelconque, que je m'avise de
danser au bal, qu'au spectacle je me permette de
lorgner dans la salle ou sur la scène, que dans la rue
j'ose me retourner, qu'au salon je m'arrête avec
plaisir devant un portrait, une odalisque, voire mê-
me une vierge de Raphaël!... je suis sûr de jouir
en rentrant d'une scène d'intérieur touchée de
main de maître... Juge donc si je puis m'éloigner
d'un pas!... Une heure d'absence me vaudrait une
crise de nerfs, un jour me coûterait une maladie...
de ma femme. Et dussé-je, à défaut de voiture, reve-
nir de la campagne à pied, à genoux, à quatre pat-
tes, si je découchais une nuit, le lendemain nous
plaiderions en séparation...

— Diable !... mais ton bonheur...

— Vaut le tien.

— Cela ne prouve pas que j'aie eu raison.

— Non, cela prouve seulement que j'ai eu tort.

— Si c'était à recommencer que faudrait-il donc
faire ?

— Je n'en sais rien... mais la sagesse des nations
a dit : « Dans-le doute, abstiens-toi... »

M MBAN 'TOUT NEUF,

M. Ferdinand Ségolïin
est décoré.

Vous me direz que
la conséquence n'est
pas rigoureuse , et
qu'un gaillard qui a
eu le courage de louer
publiquement M. Gui-
zot, pourrait avoir à la
rigueur celai de faire
passer, en aidant un
peu à la similitudcdes
couleurs, quelquerubande l'Eperon d'orpourîe ruban
des braves... Je vous arrête là et me fais fort de vous
prouver que votre rapprochement manque beaucoup
plus de justesse que M. Ferdinand Ségoffm de croix
d'honneur.

S'enfermer dans son cabinet, faire l'éloge de M.
Guizot et le lancer à plus ou moins d'exemplaires,
c'est ce que j'appellerai du courage moral, par op-
position seulement au courage matériel ; tandis que
porter un ruban auquel on n'a pas droit c'est du
courage de cette dernière espèce, parce qu'on court
le double risque — et de se faire rire au nez, ce
qui est un outrage ad hominen, — et de se faire con-
damner par la police correctionnelle, ce qui mène
en prison pour plusieurs mois. Il est vrai que, par
la magistrature qui juge, on admettrait, à titre de
circonstance atténuante, l'éloge de M. Guizot. On
fait un tel abus des circonstances atténuantes !

Pour mieux préciser mon idée, je dirai que M. Sé-
goffm a bien pu ne pas manquer de toupet lorsqu'il
s'est agi, dans le secret de l'appartement, en tête à
tête avec ses chenets, d'essayer de prouver, à force de
pattes de mouche, que M. Guizot est un grand mi-
nistre, et que Sully, Golbert et Richelieu mis l'un sur
l'autre, ne vont pas seulement à la jarretière de
l'homme de Gand qui n'en porte pas. Que peut-il ré-
sulter de cela : — que les adversaires de M. Guizot
vous houspillent, que la grande presse vous écrase

qu'un qui aime les côtes de melon et les épinards crus
et ce quelqu'un ne s'en cache pas ; dès lors pourquoi
M. Ségoffm n'aurait-il pas pris sur lui d'annon-
cer qu'il trouve excellent M. Guizot ?

Mais autre chose serait de se livrer à ce panégyri-
que à la face du ciel, à voix haute et devant la foule
assemblée. Je mets au défi M. Ferdinand Ségoffm
d'avoir le courage de monter sur une borne, ou sur
M. Hartmann, au milieu de la rue, et de pérorer dans
le sens de la grande politique, disant que M. Guizot
est l'élu de la Providence, qu'il a doté la France d'une
gloire éblouissante et que la liberté déborde de
toutes parts. Voilà ce que n'oserait jamais M. Fer-
dinand Ségoffm,malgré tout son courage ; il sait trop
bien qu'un pareil discours ne serait pas prudent à
une époque où les prunes et les abricots circulent
par milliers dans les carrefours.

Donc, il n'est pas logique de prétendre que M. Sé-
goffm, parce qu'il a eu le courage de louer M. Guizot,
aurait celui de porter indûment un ruban rouge,-
donc j'ai bien fait de conclure, en voyant ledit ruban
rouge à sa boutonnière, que M. Ségoffm était décoré.

Cette décoration est étrange, soit : mais depuis
quand les décorations étranges sont-elles si rares
qu'on aime mieux, plutôt que d'y croire, supposer
que le titulaire les porte indûment? Pour mon
compte,le gouvernement, ayant mal à propos décoré
M. Ségoffm, me paraît chose plus vraisemblable que
M. Ségoffm portant un ruban qu'on ne lui aurait
pas donné.

On m'objectera, il est vrai, que cette crucification
n'a pas figuré dans le Moniteur, où, d'après
une disposition récemment votée, elle doit nécessai-
rement être insérée. Allons donc ! est-ce que vous
vous étonneriez par hasard d'une violation de la loi !
Et d'ailleurs qui vous dit qu'elle ne sera pas exécu-
tée, cette loi ? On ne se presse pas, voilà tout. Il y a
cinq jours le Moniteur annonçait, des promotions da-
tant du 6 juillet; peut-être M. Ségoffm a-t-il été dé-
rouge à la boutonnie- i cor^ ^us igT^ ^ns (jr0]e serajt qUe je panégy-

if®™Lal™Ba}??5«!; I riste du Système conservateur, de la dotation et de

M. Guizot eût été crucifié le 29 juillet, en l'honneur
de la révolution de 1830.

A moins qu'il ne l'ait été le 9 août en l'honneur
de la nouvelle monarchie;
Ou le 21 août, en l'honneur de saint Melon ;
Ou tout autre jour, en l'honneur de rien du tout.
Quoi qu'il en soit, vivons dans l'espoir de voir
resplendir le mot, un de ces matins, dans le Moni-
teur. En attendant, la chose resplendit à la bouton-
nière de M. Ségoffm.

Reste à savoir sur la proposition de quel ministre
M. Ferdinand Ségoffm a été nommé chevalier de la
Légion d'honneur. Est-ce sur la proposition de l'in-
térieur ou de l'instruction publique comme homme
de lettres ? Est-ce sur la proposition de M. Dumon,
comme ayant fait, en publiant l'apologie de l'homme
de Gand, un travail public?... A moins que ce ne
soit par M. Guizot lui-même, comme ayant édité l'é-
loge de M. Guizot.

Mais non, ce n'est pas possible : M. Guizot aurait
rémunéré lui-même son panégyriste et ne l'aurait
point fait rémunérer par l'État. M. Guizot lui aurait
donné personnellement une tabatière enrichie de son
portrait, et le ministre ne lui aurait pas envoyé une
croix ornée de l'effigie de Henri IV, avec cette exer-
gue : Honneur et patrie !

L'hommage particulier aurait été d'autant plus
préférable, qu'au moins dans une tabatière il y a
quelque chose à priser.

Je viens de rencon-
trer M. Ferdinand Sé-
goffm avec un ruban

On s'est étonné, et à bon droit, de la modicité des
sommes que la Liste-Civile a envoyées aux victimes
de l'épouvantable catastrophe du Mouriilon. Les
dons réunis de la famille royale ne s'élèvent pas à
vingt mille francs.

Or,'ouvrons l'histoire.

Un tremblement de terre ayant renversé une par-
tie de la ville de Sardes, Tibère, qui était pourtant
fort avare, fit donner aux Sardiens dix millions de
sesterces, soit quinze cent mille francs de notre mon-
naie.

Voyons les contemporains :

Dès la première nouvelle de l'incendie de Smyrne
le sultan a envoyé sur les lieux plus d'un million.

Dira-t-on, que dans ces deux exemples, les envois
des monarques comprenaient aussi ceux du gouver-
nement. Eh bien, le ministre de l'intérieur s'est bor-
né à envoyer quelques mille francs à Mouriilon. Ad-
ditionnez lesdonsroyaux et les donsadministratrifs
et vous serez encore de neuf cent cinquante miiie
francs au-dessous du sultan et de quatorze cent cin-
quante mille francs au-dessous de Tibère.

SMMftw>---—

théâtre du va i. \ i s - r o v v i,. — 1*« représ, de
VAlmanach des vinqt-cinq mille Adresses, vaudeville
en 3 actes, par MM. de Villeneuve et Lafargue.

Alexandre Legrand, héritier d'un riche négociant
de Clermont-Ferrand, vient se marier à Paris : il fait
route depuis Montluçon avec un Parisien qui, pour
mieux faire le mari-garçon, avant de rentrer dans
son ménage, a cru devoir changer de nom ; puis tous
deux tombent, au débarqué, au milieu d'une com-
pagnie d'artistes roystificatflnrs .qui promettrai de
s'amuser d'eux. On s'amuserait à moins.

Alexandre a oublié sa valise à Clermont et par
suite il ignore l'adresse de son beau-père Lefèvre.Un
des jeunes gens la lui indique en prenant au hasard
le premier Lefèvre venu sur Palmanach des vinq-
cinq mille adresses. Vous devinez ce qui se passe
entre l'Auvergnat et cette famille Lefèvre, au milieu
de laquelle il est fourvoyé sans la connaître et sans
être connu d'elle. Il cherche tous les Lefèvre possi-
bles, et enfin il est envoyé par son mystificateur
chez un Lefèvre, qui est par hasard le véritable et
dans lequel il reconnaît son compagnon de route. 11
y a là une scène capitale, rien moins qu'une imita-
tion de la redoutable statue du Commandeur dans
Don Juan. C'est Grassotqui fait le Commandeur, en
jouant un rôle de tuyau de poêle.

Toutefois ce n'est pas Don Juan que les auteurs
se sont proposé d'imiter: c'est Pourceaugnac. Fran-
chement, ce n'était pas la peine de refaire ce chef-
d'œuvre de comique pour en donner une édition qui
ne vaut pas la première. Il y a plus de charge que
de véritable esprit, plus d'agitation que de mouve-
ment et de verve dans cette pièce, qui pourrait être
mieux faite ; mais on y trouve d'amusantes situa-
tions, et d'ailleurs devant Sainville et Grassot, qui
ont de bons rôles, la critique rit de trop bon cœur
pour ne pas être désarmée.

délassemens-coîiiQUEià. — lre réprésentation :1e
Dimanche d'une Omette, vaudeville en 6'tableaux
de M. Guenin.

Ce gracieux et joli titre promettait de nous ren ■
dre, pendant toute une soirée, la plus charmante
chose qu'ait jamais poétisée Béranger et décalquée
Paul de Kock, la grisette, une fille rieuse, aimante,
active, flâneuse, espiègle, naïve et de plus jolie, mais
presque sans le savoir. Hélas ! nous avons vu tout
au plus une lorette !

Rose Pompon se fait préparer à déjeuner parla
portière ; Lisette faisait son déjeuner elle-même....
quand elle déjeunait... Et puis, pourquoi tous ces
costumes, ces peignoirs, ces habits d'homme? Li-
sette n'avait qu'une robe ; heureux celui qui avait
le privilège de la lui voir blanchir !

{La suite à la 4e
 
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