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Le charivari — 14.1845

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Novembre (No. 305-334)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17624#1226
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(Dieu vous bénisse !) les croix d'honneur (le diable
t'emporte!), les tableaux distribués aux églises,—les
chemins déballés par M. Desclozeaux à Embrun,—
les indulgences apportées de Rome par M. Genty de
Bussy à Lorient,— le taureau donné par le député
de la Sarthe aux génisses veuves de sa localité, —
les petits cochons délivrés au rabais par M. Delamo-
the aux électeurs de Brioude, lesquels ne payaient
que demi-prix dans ses étables, comme les militaires
au théâtre,—tout cela était piquant, notable, digne
de mémoire; mais tout cela, si merveilleux que ce
puisse être, se trouve dépassé, enfoncé, éclipsé par le
procédé vraiment admirable que je vais vous conter.
Les autres sont des inspirations de l'esprit, celui-là
est un éclair du génie.

On semblait avoir tout promis et même tout don-
né aux électeurs,.. Eh bien nonl voici quelqu'un
qui leur a donné ce qu'ils n'avaient jamais reçu....
Excusez le mot, mais la vérité oblige : il leur a don-
né... un clystère !

C'est à M. Boutmy qu'on doit ce progrès. M. Bout-
my, à quelque partie qu'il applique ses facultés, sera
toujours adroit comme le Plnjsionotype et profond
comme les mines de Saint-Bérain.

Je narre:

M. Boutmy veut se faire nommer membre du con-
seil général de la Creuse par le canton de Pontarion,
et il fait ses visites en conséquence. Dans sa tour-
née, il est entré chez un électeur qui lui était donné
comme douteux, et il a trouvé le pauvre diable en
proie à une violente colique. En attendant l'arrivée

du médecin, qui demeurait dans un autre village,
l'électeur souffrait le martyre.Àlors, M. Boutmy, qui
est quelque peu médecin, s'est approché de lui, et
6'est fait fort de le guérir. Voilà à quoi servent les
Connaissances utiles I

C'est un remède qu'il fallait, et le docteur impro-
visé l'a prescrit. On cherche partout un ustensile, et
dans tout le village on ne peut trouver qu'un instru-
ment d'après l'ancienne méthode, et même fort déla-
bré. Cette absence de tout appareil construit selon
les données de l'art moderne, a dû donner à M. Bout-
my beaucoup d'espoir pour sa candidature, en prou-
vant que la localité est éminemment conservatrice
et ennemie du progrès.

M. Boutmy a dû se charger de mettre l'ancien ou-
til en état: il a roulé et lissé le chanvre avec un soin
plein d'adresse...—Mais là ne devait pas se borner sa

nplaisance : personne dans la maison ne connais- j rénéens et catalans et des flibustiers de laf
sait rar-Èàànœûvre d'un meuble fort ignoré dans les 1 f0l>ti
hameaux de la Crease, et M. Boutmy, sous peine de
laisser sa tâche irr parfaite et son électeur dans les
angoisses de la torture, a été obligé d'administrer
lui-même le remède. Ah ! si Biard ou Daumier vou-
laient, quel beau pendant au tableau des Pestiférés
de Jaffa 1

Cette manière de sonder les dispositions d'un é-
lecteur n'est-elle pas digne de remarque ? le procédé
n'est-il pas infaillible pour savoir, comme on dit
vulgairement, ce qu'un homme a dans le ventre ?

Gloire à M. Boutmy, qui a introduit le clysoir dans
la machine constitutionnelle, et par qui le jeu de nos
institutions est arrivé à comprendre le jeu du piston?

Voilà un candidat qui peut se flatter justement de
connaître les besoins du pays et d'apporter un remède
à ses maux !

Cette conduite recommande puissamment la can-
didature à jet continu de M. Boutmy, aux hommes
du Juste-Milieu.

Et cependant on dit que ce trait héroïque est loin
d'avoir concilié des suffrages à M. Boutmy. A en
croire les pessimistes, ce dévoûment d'apothicaire lui
aurait mis à dos tous les électeurs ; et, en définitive,
le malheureux candidat n'aurait fait, dans le can-
ton de Pontarion, que de l'eau claire.

Pour mon compte, monsieur le rédacteur, je ne
peux croire à tant d'ingratitude! L'action de M.
Boutmy est très propre à faire évacuer toute pensée
hostile que les électeurs pouvaient nourrir contre
lui. Les électeurs de Pontarion n'auraient donc pas
la mémoire du... bas-ventre ?

Espérons donc,d'autant mieux que voilà, je le répète,
un nouveau genre de séduction à l'égard de messieurs
les censitaires. Jusqu'à présent on s'adressait à leur
intelligence, à leurs passions, à leur cupidité, à tous

du nord. Depuis quelques années, il n'est bruit
que de leurs nombreux tours en ce genre. ot
dirait que c'est maintenant leur unique métier ■ ils
fraudent bien encore de temps en temps les droit!
des peuples , mais il ne se passe presque pas dejoti
qu'ils ne cherchent à frauder les droits de l'octroi,
S'il y a encore aujourd'hui, sur les trônes euro
péens, beaucoup de -princes ennemis de la fraude
comme dit Molière, il faut convenir que ces princel
sont singulièrement représentés.

C'est surtout en France que les Excellences étran.
gères s'adonnent sans la moindre gêne à ce goût
trebandier.Elles savent parfaitement qu'elles peuvent
I tout se permettre chez nous, sous le règne du

les sentimens, bons ou mauvais, qui ont leur siège juste-milieu; aussi traitent-elles nos gabelous comme

dans le cœur et. dans le cerveau ; on pourra doréna
vant s'adresser à leurs intestins. L'électeur sera ainsi
attaqué sous toutes ses faces.
Agréez, etc. un électeur de pontarion.

Tandis que le gouvernement doctrinaire emprU
sonne les réfugiés italiens, le grand-duc de Toscane
qui, lui, n'est pas issu d'une révolution et n'a rien
de constitutionnel, les recueille, au nom de l'huma-
nité, et refuse dignement de les rendre aux vengean-
ces de leurs oppresseurs. En vain l'empereur d'Au-
triche, dont les troupes sont à ses portes et qui est
son parent, en vain le gouvernement de la Romagne
les réclament, il repousse toutes les sollicitations et
répond: «Je ne livrerai jamais des vaincus qui
se sont fiés à moi. »

Ainsi voilà un gouvernement qui donne un noble
exemple ; c'est dans l'exception. Les autres refuse-
ront de le suivre ; c'est dans la règle.

CECI EST Di ie fige.

nos ministres guizotins, c'est-à-dire qu'elles s
moquent.

Voici encore un nouveau fait de laisser-aller
deur à ajouter à tant d'autres :

Il y a quelques jours, vers les dix heures du
un superbe équipage présenta à la barrière uf
Passy. Sur la demande ordinaire adressée au cocher,
eelui-ci répondit qu'il n'avait rien à déclarer ;
personnages à brochettes de décorations placés dam
la voiture armoiriée affirmèrent également que
véhicule ne renfermait aucun objet sujet aux
Mais les employés s'étant fait ouvrir un certain cof-j
fre, y trouvèrent une grosse caisse pleine de cigares
dont l'étiquette portant Regent-Colardo indiquai
suffisamment l'origine étrangère. Or les propriétaire
de la calèche et des cigares de contrebande étaient les
ministres du roi des Belges, demeurant à cette lieurej
au palais de Saint-Cloud. Les cigares ont été saisis,
procès-verbal a été dressé et copie placardée àla
mairie du 1er arrondissement. Ainsi MM. les minis-
tres belges sont littéralement affichés comme fraiij
deurs. f

Inutile d'ajouter que, selon toute apparence, l'af-
faire n'aura pas de suite. Leurs Excellences se ver-
ront restituer leurs Regent-Colardo et recevront peut
être des excuses avec.

M. Guizot connaît trop les privilèges des étran-
gers. Dans cet incident de tabac, la carotte sera pour

Beaumarchais a déf atie « l'art de
tailler des plumes », n ni les hauts ad-
ministrateurs ont acr iveau, celui de la
contrebande.

Leur renommée .jort, éclipsera bien-
tôt la réputation s contrebandistas py-

EPlLOGUE.

Tandis que les représentans de la Belgique pra*
quent ici la contrebande avec tant d'aisance et de Bj
cilité, il se trouve que les douanes belges se mon-
trent d'une sévérité draconienne sur ce même cl""1
tre. Au fait, il est de cela comme d'autres chowj
tout de notre côté, rien de la part de l'étranger,
la base des ententes cordiales. ,

Pour prouver jusqu'où les douaniers dew
poussent le rigorisme, voici un fait aussi i»°m *|
dégoûtant. La famille française de Croy ayant ro
faire revenir en France les restes mortels de<*'J>
de ses ancêtres, inhumés dans l'église d'une P
commune belge nommée Vihiers, les douais*
{La suite à la 4e

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