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Le charivari — 14.1845

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Novembre (No. 305-334)
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liE) CHARIVARI.

lui parler du chemin de fer du Centre.)

(Interrompu par la bonne qui vient dire à l'auteur
que son déjeuner est servi.)

(Remis à demain pour cause d'extinction de bou-
gie et d'absence d'allumettes chimiques.)

Au surplus, tant pis pour le Constitutionnel; je
ne lirai pas la Dame de Monsoreau.

Le Journal des Débats a exhumé du Dictionnaire
de la Conversation, où il reposait en paix, un arti-
cle de M. Kératry sur les conservateurs, que la pres-
se dévouée de province a reproduit avec enthousias-
me. A qui, par cette résurrection, les feuilles minis-
térielles ont-elles voulu rendre service? Je veux bien
être nommé ministre de la guerre, si je le devine.

Ces pages malencontreuses ont eu pour résultat
une averse de quolibets sur M. Kératry, — et certes
le mal n'est pas grand,—mais elles ont valu des rail-
leries à la cour de juillet,—ce qui passe pour grave
quelque part.

Croirait-on que ce lourd courtisan se soit avisé,
en racontant l'avènement d'août, de glorifier S. M.
le roi des Français avec la fameuse phrase de Bos-
suetsur Cromwell: «Un homme s'est rencontré,etc.»
Cromwell! Louis-Philippe! Voyez-vous d'ici les
légitimistes !

Il est bon de savoir son Bossuet ; s'en servir au
besoin n'est pas un crime ; mais de la sorte 1 Pour
un homme du château3 c'est plus que drôle, c'est
bête.

Il est vrai que M. Kératry, autrefois juge souve-
rain en matière de Beaux-Arts, s'est vertement mo-
qué d'un mauvais rapin qui s'appelait Géricault.

Le même article, toujours en mémoire de Bossuet,
affirme avec aplomb que le parti conservateur est un
fait providentiel, et chaque député bien pensant une
petite Providence. Comment trouvez-vous le dieu
Salvandy, le dieu Persil, le dieu Hébert, le dieu Mon-
talivet, le dieu Fulchiron ? N'est-ce pas le cas ou ja-
mais de s'écrier : Sacrédieu !

La chose a paru grotesque même en haut lieu. Le
dieu Vatout, qui aime à rire à Paris comme à Eu,
entendant annoncer M. Kératry et son fils à une soi-
rée des Tuileries, souffla tout bas à l'oreille de son
voisin : « En fait de providence Kératry, je vois bien
le père et le fils, mais l'esprit saint ? »

Décidément, le champion des conservateurs a le
Bossuet malheureux.

Cela nous remet en mémoire un roman monotone
intitulé Une Fin de Siècle, duquel M. Pasquier di-
sait : « Ce pauvre Kératry aurait bien dû appeler son
livre : Un Siècle sans fin. »

LA LUTTE DE LA SCIENCE.

Peu de personnes sa-
vent qu'il est à l'Institut
de petits secrets d'inté-
rieur, de délicieuses bouf-
fonneries intimes qui,
produites au dehors,désil-
lusionneraient le bon pu-
blic touchant la char-
mante fraternité qu'il at-
tribue à messieurs des a-
cadémies.

Par exemple, vous qui assistez une fois par douze
mois à la séance solennelle et soporifique de l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres, vous qui avez
peut-être vu, au mois de juillet dernier, la foule s'é-
couler peu à peu et laisser M. Leclerc en tête-à-tête
avec son manuscrit, vous croyez sans doute que tou-
tes les séances ressemblent à l'échantillon teint qu'on
vous laisse voir ? vous croyez que les lectures sont
toujours de lentes, emphatiques et somnifères dé-
clamations? vous croyez que ces messieurs, toujours
le compliment dans les yeux et sur les lèvres, ne ces-
sent de s'admirer et de se le dire ? Vous croyez que
c'est toujours ennuyeux comme une lecture de M.
Guigniant ? Erreur ! profonde erreur! Vous êtes loin
de compte comme une néo-compagnie de chemin de
fer.

trissotin.

Vos vers ont des beautés que n'ont point tous les autres.
vadius.

Les Grâces et Vénus régnent dans tous les vôtres.

trissotin.
Si la France pouvait connaître votre prix.....

vadius.

Si le siècle rendait justice aux beaux esprits....

tmssotin.
En carosse doré vous iriez par les rues...

vadius.

On verrait le public vous dresser des statues.
Voilà la séance publique.

trissotin.

Allez, petit grimaud, barbouilleur de papier.

vadius.

Allez, rimeur de halle, opprobre du métier.

tmssotin.
Allez, fripier d'écrits, impudent plagiaire !

vadius.

Allez, cuistre. ,.....»y • '*

tmssotin.

Va, va restituer tous les honteux larcins
Que réclament sur toi les Grecs et les Latins.

Voilà la séance à huis-clos.

Molière l'avait bien compris : il n'est pas d'effet
plus comique que celui de deux pédans irrités que
la vanité met aux prises. Dès lors la déclamation
monotone devient d'un tragique accentué, le com-
pliment se fait invective, la discussion échange des
vérités, marchandise curieuse qui n'a pas cours aux
séances publiques. C'est à faire pouffer de rire un
parterre de croque-morts.

0 gens à l'admiration crédule, comme vous seriez
restés ébahis à la dernière séance secrète où
(n'en dites rien à l'huissier) je m'étais faufilé par
contrebande entre deux perruques! Là quel ta-
bleau ! Une heure et demie de discussion... je me
trompe, d' '"Dute, à propos d'une statue trouvée à
Eu. La ma. -euse 1 M. Raoul-Rochette l'accuse
d'être d'une a^. uité de Contrebande : 11 prétend
qu'elle est contreia*..,

M. Letronne assu que justement c'est là une
raison en faveur de s, authenticité, et que la statue
est assez laide et asseî nal tournée pour qu'on la
reconnaisse de l'antiq té la plus pure et la plus
précieuse.

Et puis Top aittait * ientôt la question de fait
pour s'attP' c aux personnes. Je ne veux pas vous
répéter* les injures qu'on se prodiguait dans
une aci ; féconde improvisation : vous pourrez
^consulte 3 sujet la scène complète de Molière dont
je n'ai cite qu'un fragment.

Mais d'un mot je puis vous donner une idée de
l'aménité de ces messieurs. M. Letronne, ' qui se
vante d'avoir la main dure dans la polémique et de
tordre le cou aux gens, disait en face de M. Raoul-
Rochette et en parlant de lui : « Ceux qui se sont
occupés de cet examen ont de la science, soit, mais
peu, très peu de sensl » Et longtemps sur le même
ton... M. Letronne disait cela froidement et même le
lisait : jugez quand il s'échauffait !

M. Letronne a de la science, soit, mais peu, très
peu de politesse.

Et M. Leclerc à son banc se désespérait : « Que
c'est triste ! que c'est triste ! » murmurait-il. Mais
non, c'est fort drôle.

Je ne trouve rien de plus curieux que de voir les
hommes en déshabillé, que de suivre dans son mé-
nage le mari qui embrasse sa femme devant le
monde.

On a exécuté, dans ces derniers temps, de grands
travaux de maçonnerie aux Tuileries. Peut-être à
cette époque de dégradation politique et de misère
y avait-il des choses plus urgentes à réparer que ce
palais.

Quoi qu'il en soit, les travaux en question avaient
pour but d'y ajouter des étages supérieurs. Les am-

bassadeurs étrangers auront de la peine à reen
tre le siège du gouvernement, car, grâce au systè^
d'abaissement continu pratiqué par le minis^6
Guizot, ils n'ont pas été accoutumés jusqu'à ce ' ^
à voir le château des Tuileries se donner des airsT
hauteur.

Au reste, on reconnaît dans ces nouveaux embel
lissemens le goût proverbial des gâcheurs de moitié"
officiels. Le pavillon de l'Horloge a été coifle
lourde calotte mansardée. On se propose sans dont
de loger en cet endroit un supplément de commet
saux. Nous pourrons donc dire avec un surcroit d
vérité que la sensibilité courtisanesque est aux com.
Mes.

La Liste-Civile n'aurait-elîe pas pu réserver une
petite portion de fonds consacrés à ce superflu d'or-
nementation immobilière pour entreprendre enfla le
pavage de la place du Carrousel ? Il y a deux mois
environ il avait été question pour la cent millième
fois du prochain commencement des travaux. Mais
cette promesse a tourné comme les autres : le vent
l'a emportée, mais il n'a pas séché les bourbiers de
la place.

Ainsi, à mesure que le palais des Tuileries s'é.
lève, les passans dans les alentours s'enfoncent de
plus en plus. Agréable compensation I

CARILLON.

Les chances au portefeuille de la guerre sont
partagées entre MM. Doguereau, Moline de Saint-
Yon, de Lascours et Rohault de Fleury. Si la France
connaît peu ces messieurs, l'étranger, en revanche,
ne les connaît pas du tout.

— M. Rossi fait courir le bruit à Rome qu'à son
retour en France il sera ministre de l'instruction pu-
blique ou des cultes à son choix. Pourquoi non ? Ce
ne serait qu'un étranger de plus dans le cabinet.

-— La Liste-Civile se propose, dit un journal mi-
nistériel, de réaliser les plans de Louis XIV et de
Napoléon relativement... au parc de Versailles. Ne
ferait-elle pas mieux de réaliser leurs plans à l'égard
de l'Angleterre?

— Qui oserait douter désormais de la vaillantisd
du Système ? Il veut s'élever à la hauteur de Louis
XIV et de Napoléon... pour l'horticulture.

Les journaux annoncent la mort de IL Klein,
pair de France. Nous ne connaissions qu'un comé-
dien de ce nom.

— Un journal ministériel dit que l'empereur de
Russie a saisi le prétexte de la maladie de sa femme
pour faire un voyage d'agrément. Adroit flatteur I

— Les renards dépeuplent les forêts de gibier
dans plusieurs départemens. Vers la rentrée dei
chambres, Paris sera envahi par d'autres renards
bien plus gloutons.

— On vient de faire construire aux Tuileries trois
nouveaux étages de mansardes. Est-ce pour les louer
aux boutiquiers du Palais-Royal ruinés parla cherté
de leurs loyers?

— On assure que ces mansardes doivent être ha-
bitées par les petits princes que chaque jour voit e-
clore. Ces nouveau - nés seront donc dès leur ber-
ceau au faîte des grandeurs.

—Un journal conservateur croit confondre ses ad-
versaires en les appelant marchands de bois. C es
raisonner comme une bûche.

Le Gérant, Léopdld PâJWlER^^
Imprimerie Ukgh sâtt et c", rue du Croissant, tf>
 
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