liE CIlAïlïVARÏ.
d'embarras. Les citoyens se sont emparés du délin-
quant et l'ont conduit eux-mêmes chez le commis-
saire de police.
Sur d'autres points delà capitale la même irrita-
tion s'est manifestée. Elle a pris souvent un carac-
tère plus alarmant. Un malheureux porteur, qui ve-
nait de raser cependant ses guêtres et ses favoris,
ayant été reconnu à sa tournure militaire et à sa lon-
gue redingote bleue boutonnée, s'est vu saisi par les
gens de la halle et jeté sans autre forme de procès
dans le bassin de la fontaine des Innocens.Les reven-
deurs et revendeuses dansaient des farandoles pen-
dant qu'il se noyait. On se serait cru à Nîmes ou à
Avignon.
Dans le quartier latin, un individu parcourait les
rues à la tête d'une bande de forcenés criant : « Mort
aux Porteurs de la Loire ! » Ce misérable coupait
en trois morceaux toutes les boîtes de VEpoque qui
lui tombaient sous la main. Ses exploits l'avaient fait
surnommer Trestaillons.
Pendant ce temps-là un rassemblement tumul-
tueux s'était formé sous les fenêtres de M. Solar.
« A la Seine ! à la Seine I » hurlaient mille voix. La
force armée appelée sur le lieu du tumulte regardait
faire l'arme au bras. Il s'agissait pourtant de la vie
d'un homme.
Les personnes connues pour avoir acheté des nu-
méros de VEpoque, celles qui entretenaient des rela-
tions avec ce journal étaient menacées dans leur vie
et dans leurs propriétés. Déjà on marquait d'une
croix rouge les maisons de tous les abonnés de VE-
poque. La nuit s'annonçait sous les plus menaçans
auspices. Cependant la garde nationale n'était, pas
encore convoquée. ___
Messieurs les concierges se trouvaient les premiers
désignés à la fureur de la multitude; quelques-uns
s'étaient enfuis, d'autres s'étaient fait délivrer par
leur propriétaire des certificats constatant qu'ils n'a-
vaient jamais prêté l'oreille ni leur porte-cochère aux
menées de VEpoque. La plupart, nous devons le dire,
avaient tenu bon, et dans le nombre, il est juste de
signaler à l'admiration de la postérité M. Pipelet
q îi n'avait pas voulu déserter ses convictions et a-
bandonner sa loge. En entendant venir la foule, il
avait ouvert sa porte lui-même et s'était offert à ses
coups. Un moment émus à l'aspect de cette glorieuse
vieillesse, les plus furieux ont senti leur rage dimi-
nuer; mais Trestaillons est arrivé sur les lieux, et
nous ne raconterons pas la scène affreuse qui a suivi
sa présence. Un quart d'heure après des cannibales
portaient au bout d'une pique le chapeau-tromblon
du martyr et traînaient le cadavre de sa perruque
dans la boue.
Le rassemblement formé devant les fenêtres de
M. Solar menaçait d'envahir la maison. Les troupes
défendaient la porte avec une mollesse évidente.Deux
ou trois forcenés grimpent au balcon, la foule bat
des mains ; ils enfoncent les croisées, ils pénètrent
dans l'appartement ; M. Solar, à genoux dans un
coin, lisait un livre de prières; on sJempare de sa
personne, et quatre bras vigoureux le présentent au
peuple. 0 surprise ! M. Solar a les cheveux gris, son
menton est fleuri, son nez trognonne. On reconnaît
que, sous ces habits d'homme, se cache une vieille
femme. Vingt poignards se lèvent à l'instant sur sa
tête. « Mon Dieu, s'écrie-t-elle, prenez mes jours et
sauvez-le 1 »
On l'aurait infailliblement tuée si une voix ne se
fut écriée : « Chez Cassagnac ! chez Cassagnac 1 »
Grâces au dévoûment sublime de madame la con-
cierge, M. Solar avait pu s'échapper. Qui l'aurait re-
connu sous les habits d'une madame la concierge 1
Le trait mérite d'être gravé sur le marbre, l'airain et
le carton-pierre.
M. Solar trouva un asile chez monsieur un con-
cierge de la rue aux Ours, lequel avait un gendre
porteur d'eau. A la tombée de la nuit, l'infortuné
directeur de VEpoque, qui avait passé la journée
blotti dans la fontaine,put sortir de Paris caché dans
le tonneau de l'Auvergnat.
Nous voudrions jeter un voile sur cette journée
néfaste. Tout le monde a-t-il fait son devoir? L'his-
toire dira un jour la part de responsabilité qui re-
vient à chacun dans cette terrible affaire. En voulant
constituer le -parti des concicrges,MM. Solar et Cassa-
gnac s'étaient attiré la haine du peuple, les frayeurs
du pouvoir ont fait le reste.
Maintenaut le parti des concierges est abattu ; nous
espérons pour l'honneur de la civilisation que les
vainqueurs ne déshonoreront pas leur victoire par
de nouveaux excès.
En voici bien d'une autre !
Abd-el-Kader que le Juste-Milieu croyait avoir
dompté parce qu'il l'avait fait mettre nominalement
au ban de l'empire du Maroc, — Abd-el-Kader, si
l'on en croit diverses correspondances, aurait fait
soulever cet empire et se disposerait à en saisir le com-
mandement.
M. Guizot avait fait entonner un Te Deum parce
qu'il avait obtenu, au prix d'une victoire, qu'Abd-
er-Rhaman excommuniât Abd-el-Kader et le chas-
sât de ses Etats ; or voici Abd-el-Kader qui excom-
munie à son tour Abd-er-Rhaman et le met à la porte
de son empire.
Si la nouvelle se confirme, nous aurons à combat-
tre contre un empereur au lieu d'avoir à lutter contre
un aventurier. Notre ennemi ne sera plus un chef
de hordes, mais bien un sultan.
Voilà ce que nous aurons gagné^à la victoire d'îsly
et au traité de Mogador.
Comme vous traiterez, vous serez traité, dit la sa-
gesse de. la diplomatie. Le Juste-Milieu l'a oublié,
lui qui n'en a que la sottise.
LA GUERRE DES DENTISTES.
il
Le règne de Bilboquet semble devoir toucher à sa
fin, du moins comme extirpation de molaires.
Désormais ce grand homme devra se borner à
jouer de la grosse caisse et à expliquer à un public
idolâtre les exercices surprenans dont se composera
la représentation donnée par Atala et Zéphirine.
Il n'y aura plus moyen, pour cet infortuné Bilbo-
quet, de gagner cinquinte centimes en ar.-acham
molaires d'une entière blancheur ; en reyanch ^
pourra continuer plus que jamais a uegraisser »'
tis, les uniformes de messieurs les brigadiers dé ï
darmerie.
Un grand procès est entamé en ce moment dev
le tribunal de. police correctionnelle. Les plug CÏÏ'
bres chirurgiens-dentistes de Paris ont assené
justice bon nombre de particuliers qui, depuis 0 ?
que temps, faisaient un bruit étourdissant dans 1
quatrième page des journaux, pour annoncer à /
foule qu'ils enlevaient les dents même les plus ca 1
nés sans la moindre douleur, et qu'ils les remn]"1'
çaient immédiatement par un râtelier de perles "
perles taillées dans des défenses d'éléphans ou7
rhinocéros. e
Il n'y a pas de mal, me direz ^vous, à orner k
bouche des Parisiens de fragmens de défense de rhi
nocéros, si tel est leur bon plaisir—des Parisiens"
pas des rhinocéros. Mais il paraît que ce n'est pas
l'avis des dentistes, qui sont munis d'un diplôme
pour exercer la chirurgie buccale.
D'après les ordonnances médicales, tout individu
qui veut exercer la profession de dentiste doit préa-
lablement passer des examens, et ce n'est qu'après"
des réponses et des expériences satisfaisantes que le
président du jury ouvre au néophyte la porte du
sanctuaire.
Ou plutôt il lui permet d'entrer, en lui remettant
en main une clé de Garengeot.
Le récipiendaire qui ne raisonne pas fluxion avec
assez d'agrément devant ses juges ou qui, lors de
l'expérimentation, fait crier plus que ne l'autorise le
règlement l'Auvergnat auquel il doit enlever une
molaire ;—ce récipiendaire, disons-nous, Toit ajour-
ner son admission et y-ao-.peut rien déplanter, même
à l'aide d'une lame de sabr«e.
Ce règlement si sage, ren^u depuis quarantpans
en faveur des mâchoires françaises, est transgressé
trop souvent par les Bilboquets voyagei^ qui, avec
ou sans permission de M. le m^ire, « rendent dans
les villages pour faire les opérations les plus difficiles
à l'aide d'un simple coupe-choului n'est nullement
à la Garengeot.
Quand la dent y met par trop l'obstination et ne
veut pas absolument quitter le domicile qui lui a été
assigné par la nature, le chirurg?n nomade prend
le grand moyen, c'est-à-dire, laisséà le coupe-chou
pour saisir un long sabre de cavaleie.
A Paris, grâce aux sergens de vi? qui, à ce qu'il
paraît, ont une dent contre ces opéiteurs déplaces
publiques, on ne voit plus ces disci es de Bilboquet
exercer ainsi leurs fonctions en pl(J air. Mais, eu
revanche, si nous en croyons le prfès qui vient de
surgir, une foule de personnages, M sont devenus
presque des^célébrités médicales, g£e aux coups de
grosse caisse de l'annonce, se perm-tent d'extirper
la molaire et de remplacer la canii sans avoir la
moindre autorisation pour remplir .tte mission de
confiance.
Dieu seul, conjointement avec le nrtier général
des annonces, connaît tous les moyot employés par
ces rivaux de Bilboquet pour attirer r eux 1 atten-
tion publique.
L'un fait ses annonces en vers, Ptre garantit
qu'il pose des râteliers qui peuvent m£cr tout seuls
et pendant vingt-quatre heures de ifej celui-ci
met un équipage à la disposition des™onnés qui
veulent venir en consultation, celui- promet des
osanores. Bref, c'est à regretter d'avcdt; bonnes et
simples dents, quand on voitirtoute^s merveilles
dont on pourrait orner sa bouche.
Cette cause célèbre va se dérouleMentôt devan.
la justice, et les illustrations du 'reau n'ont pus
dédaigné de prendre pari à cette le entre les r0'
mantiques et les classiques de la *urgie dentaire..
C'est M« Paillet qui doit plaideur les chirur~
giens à diplômes, et M'' Chaix-d/'Ange se posera
en protecteur des Osanores.
Ce procès ne peut manquer d'e curieux et nous
vous ferons part du mémorable î't dentifnce qui
tombera de la bouche du président la police cor-;
rectionnelle.
d'embarras. Les citoyens se sont emparés du délin-
quant et l'ont conduit eux-mêmes chez le commis-
saire de police.
Sur d'autres points delà capitale la même irrita-
tion s'est manifestée. Elle a pris souvent un carac-
tère plus alarmant. Un malheureux porteur, qui ve-
nait de raser cependant ses guêtres et ses favoris,
ayant été reconnu à sa tournure militaire et à sa lon-
gue redingote bleue boutonnée, s'est vu saisi par les
gens de la halle et jeté sans autre forme de procès
dans le bassin de la fontaine des Innocens.Les reven-
deurs et revendeuses dansaient des farandoles pen-
dant qu'il se noyait. On se serait cru à Nîmes ou à
Avignon.
Dans le quartier latin, un individu parcourait les
rues à la tête d'une bande de forcenés criant : « Mort
aux Porteurs de la Loire ! » Ce misérable coupait
en trois morceaux toutes les boîtes de VEpoque qui
lui tombaient sous la main. Ses exploits l'avaient fait
surnommer Trestaillons.
Pendant ce temps-là un rassemblement tumul-
tueux s'était formé sous les fenêtres de M. Solar.
« A la Seine ! à la Seine I » hurlaient mille voix. La
force armée appelée sur le lieu du tumulte regardait
faire l'arme au bras. Il s'agissait pourtant de la vie
d'un homme.
Les personnes connues pour avoir acheté des nu-
méros de VEpoque, celles qui entretenaient des rela-
tions avec ce journal étaient menacées dans leur vie
et dans leurs propriétés. Déjà on marquait d'une
croix rouge les maisons de tous les abonnés de VE-
poque. La nuit s'annonçait sous les plus menaçans
auspices. Cependant la garde nationale n'était, pas
encore convoquée. ___
Messieurs les concierges se trouvaient les premiers
désignés à la fureur de la multitude; quelques-uns
s'étaient enfuis, d'autres s'étaient fait délivrer par
leur propriétaire des certificats constatant qu'ils n'a-
vaient jamais prêté l'oreille ni leur porte-cochère aux
menées de VEpoque. La plupart, nous devons le dire,
avaient tenu bon, et dans le nombre, il est juste de
signaler à l'admiration de la postérité M. Pipelet
q îi n'avait pas voulu déserter ses convictions et a-
bandonner sa loge. En entendant venir la foule, il
avait ouvert sa porte lui-même et s'était offert à ses
coups. Un moment émus à l'aspect de cette glorieuse
vieillesse, les plus furieux ont senti leur rage dimi-
nuer; mais Trestaillons est arrivé sur les lieux, et
nous ne raconterons pas la scène affreuse qui a suivi
sa présence. Un quart d'heure après des cannibales
portaient au bout d'une pique le chapeau-tromblon
du martyr et traînaient le cadavre de sa perruque
dans la boue.
Le rassemblement formé devant les fenêtres de
M. Solar menaçait d'envahir la maison. Les troupes
défendaient la porte avec une mollesse évidente.Deux
ou trois forcenés grimpent au balcon, la foule bat
des mains ; ils enfoncent les croisées, ils pénètrent
dans l'appartement ; M. Solar, à genoux dans un
coin, lisait un livre de prières; on sJempare de sa
personne, et quatre bras vigoureux le présentent au
peuple. 0 surprise ! M. Solar a les cheveux gris, son
menton est fleuri, son nez trognonne. On reconnaît
que, sous ces habits d'homme, se cache une vieille
femme. Vingt poignards se lèvent à l'instant sur sa
tête. « Mon Dieu, s'écrie-t-elle, prenez mes jours et
sauvez-le 1 »
On l'aurait infailliblement tuée si une voix ne se
fut écriée : « Chez Cassagnac ! chez Cassagnac 1 »
Grâces au dévoûment sublime de madame la con-
cierge, M. Solar avait pu s'échapper. Qui l'aurait re-
connu sous les habits d'une madame la concierge 1
Le trait mérite d'être gravé sur le marbre, l'airain et
le carton-pierre.
M. Solar trouva un asile chez monsieur un con-
cierge de la rue aux Ours, lequel avait un gendre
porteur d'eau. A la tombée de la nuit, l'infortuné
directeur de VEpoque, qui avait passé la journée
blotti dans la fontaine,put sortir de Paris caché dans
le tonneau de l'Auvergnat.
Nous voudrions jeter un voile sur cette journée
néfaste. Tout le monde a-t-il fait son devoir? L'his-
toire dira un jour la part de responsabilité qui re-
vient à chacun dans cette terrible affaire. En voulant
constituer le -parti des concicrges,MM. Solar et Cassa-
gnac s'étaient attiré la haine du peuple, les frayeurs
du pouvoir ont fait le reste.
Maintenaut le parti des concierges est abattu ; nous
espérons pour l'honneur de la civilisation que les
vainqueurs ne déshonoreront pas leur victoire par
de nouveaux excès.
En voici bien d'une autre !
Abd-el-Kader que le Juste-Milieu croyait avoir
dompté parce qu'il l'avait fait mettre nominalement
au ban de l'empire du Maroc, — Abd-el-Kader, si
l'on en croit diverses correspondances, aurait fait
soulever cet empire et se disposerait à en saisir le com-
mandement.
M. Guizot avait fait entonner un Te Deum parce
qu'il avait obtenu, au prix d'une victoire, qu'Abd-
er-Rhaman excommuniât Abd-el-Kader et le chas-
sât de ses Etats ; or voici Abd-el-Kader qui excom-
munie à son tour Abd-er-Rhaman et le met à la porte
de son empire.
Si la nouvelle se confirme, nous aurons à combat-
tre contre un empereur au lieu d'avoir à lutter contre
un aventurier. Notre ennemi ne sera plus un chef
de hordes, mais bien un sultan.
Voilà ce que nous aurons gagné^à la victoire d'îsly
et au traité de Mogador.
Comme vous traiterez, vous serez traité, dit la sa-
gesse de. la diplomatie. Le Juste-Milieu l'a oublié,
lui qui n'en a que la sottise.
LA GUERRE DES DENTISTES.
il
Le règne de Bilboquet semble devoir toucher à sa
fin, du moins comme extirpation de molaires.
Désormais ce grand homme devra se borner à
jouer de la grosse caisse et à expliquer à un public
idolâtre les exercices surprenans dont se composera
la représentation donnée par Atala et Zéphirine.
Il n'y aura plus moyen, pour cet infortuné Bilbo-
quet, de gagner cinquinte centimes en ar.-acham
molaires d'une entière blancheur ; en reyanch ^
pourra continuer plus que jamais a uegraisser »'
tis, les uniformes de messieurs les brigadiers dé ï
darmerie.
Un grand procès est entamé en ce moment dev
le tribunal de. police correctionnelle. Les plug CÏÏ'
bres chirurgiens-dentistes de Paris ont assené
justice bon nombre de particuliers qui, depuis 0 ?
que temps, faisaient un bruit étourdissant dans 1
quatrième page des journaux, pour annoncer à /
foule qu'ils enlevaient les dents même les plus ca 1
nés sans la moindre douleur, et qu'ils les remn]"1'
çaient immédiatement par un râtelier de perles "
perles taillées dans des défenses d'éléphans ou7
rhinocéros. e
Il n'y a pas de mal, me direz ^vous, à orner k
bouche des Parisiens de fragmens de défense de rhi
nocéros, si tel est leur bon plaisir—des Parisiens"
pas des rhinocéros. Mais il paraît que ce n'est pas
l'avis des dentistes, qui sont munis d'un diplôme
pour exercer la chirurgie buccale.
D'après les ordonnances médicales, tout individu
qui veut exercer la profession de dentiste doit préa-
lablement passer des examens, et ce n'est qu'après"
des réponses et des expériences satisfaisantes que le
président du jury ouvre au néophyte la porte du
sanctuaire.
Ou plutôt il lui permet d'entrer, en lui remettant
en main une clé de Garengeot.
Le récipiendaire qui ne raisonne pas fluxion avec
assez d'agrément devant ses juges ou qui, lors de
l'expérimentation, fait crier plus que ne l'autorise le
règlement l'Auvergnat auquel il doit enlever une
molaire ;—ce récipiendaire, disons-nous, Toit ajour-
ner son admission et y-ao-.peut rien déplanter, même
à l'aide d'une lame de sabr«e.
Ce règlement si sage, ren^u depuis quarantpans
en faveur des mâchoires françaises, est transgressé
trop souvent par les Bilboquets voyagei^ qui, avec
ou sans permission de M. le m^ire, « rendent dans
les villages pour faire les opérations les plus difficiles
à l'aide d'un simple coupe-choului n'est nullement
à la Garengeot.
Quand la dent y met par trop l'obstination et ne
veut pas absolument quitter le domicile qui lui a été
assigné par la nature, le chirurg?n nomade prend
le grand moyen, c'est-à-dire, laisséà le coupe-chou
pour saisir un long sabre de cavaleie.
A Paris, grâce aux sergens de vi? qui, à ce qu'il
paraît, ont une dent contre ces opéiteurs déplaces
publiques, on ne voit plus ces disci es de Bilboquet
exercer ainsi leurs fonctions en pl(J air. Mais, eu
revanche, si nous en croyons le prfès qui vient de
surgir, une foule de personnages, M sont devenus
presque des^célébrités médicales, g£e aux coups de
grosse caisse de l'annonce, se perm-tent d'extirper
la molaire et de remplacer la canii sans avoir la
moindre autorisation pour remplir .tte mission de
confiance.
Dieu seul, conjointement avec le nrtier général
des annonces, connaît tous les moyot employés par
ces rivaux de Bilboquet pour attirer r eux 1 atten-
tion publique.
L'un fait ses annonces en vers, Ptre garantit
qu'il pose des râteliers qui peuvent m£cr tout seuls
et pendant vingt-quatre heures de ifej celui-ci
met un équipage à la disposition des™onnés qui
veulent venir en consultation, celui- promet des
osanores. Bref, c'est à regretter d'avcdt; bonnes et
simples dents, quand on voitirtoute^s merveilles
dont on pourrait orner sa bouche.
Cette cause célèbre va se dérouleMentôt devan.
la justice, et les illustrations du 'reau n'ont pus
dédaigné de prendre pari à cette le entre les r0'
mantiques et les classiques de la *urgie dentaire..
C'est M« Paillet qui doit plaideur les chirur~
giens à diplômes, et M'' Chaix-d/'Ange se posera
en protecteur des Osanores.
Ce procès ne peut manquer d'e curieux et nous
vous ferons part du mémorable î't dentifnce qui
tombera de la bouche du président la police cor-;
rectionnelle.