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dant que les portefeuilles de service revinssent avec
l'a signature'de M. \? secrétaire généra] Martinean
Deschenefs. Cette signature se compose, or plutôt se
composait d'une série de lettres amplement et ma-
jestueusement arrondies à la façon des maîtres d'é-
criture, le tout orné d'un paraphe historié, liniolé,
illustré de replis affectant la forme d'un oiseau et
même, dit-on, la ressemblance du maréchal Snult.
M. Prud'homme en veut beaucoup à Henri Monnier
de ne pas lui avoir donné le seing de M. Martineau
Deschenets.

Quelle ne fut pas la surprise des bureaux lorsqu'au
lieu de la signature accoutumée, ils virent arriver
des jambages d'un aspect complètement nouveau. Au
lieu de se tordre comme un cor de chasse, le para-
phe se dressait horizontalement comme une clari-
nette.

On crut d'abord qu'une destitution impromptue a-
vait chanirélechefdu secrétariat général; mais,après
un moment de réflexion, on abandonna cette idée.
M. Martineau Deschenets est bien plus fort au mi-
nistère que n'est le ministre lui-même : loin que M
Soult pût destituer M. Martineau, M. Martineau des-
tituerait M. Soult au besoin.
La chambre lui épargnera cette peine.
Un second examen convainquit les bureaux que
c'était bien encore la signature du secrétaire géné-
ral : seulement, au lieu de Martineau Deschenets
tout court, on lisait baron Martineau Deschenets.

M. Martineau était baron de la veille : un baron
tout frais éclos !

Il avait passé tonte la nuit à se composer une
signature baronniale. Il voulait d'abord la faire en
bâtarde; mais il a pensé qu'il produirait un meilleur
efivt s'il montrait sa baronie coulée.

Vous devinez à quel point les bureaux du ministère
de la guerre ont été flattés d'avoir un baron pour se-
crétaire-général. Le visage de tous les employés, à
l'aspect de cette signature, s'épanouissait en unfranc
rire... C'était sans aucun doute un témoignage de
leur satisfaction.

On a remarqué que, le jour même, les escaliers
du ministère de la guerre ont été lavés et frottés de
fond en comble, et l'on a conclu que cette toilette leur
était faite en l'honneur du nouveau baron. Il n'y au-
rait rien d'extraordinaire à ce que M. Martineau-
Desehenets eût fait les>iver et nettoyer les escaliers
avec sa savonnette à vilain.

Il en coûtera quatre mille franco à M. Martineau
pour faire enregistrer sa baronnie au sceau destt-
tres. Le ridicule est-il donc si rare puur qu'on le
paie si cher?

Et dire qu'un événement de cette gravité a eu lieu
sans que les bureaux du ministère de la guerre en
aient été avertis autrement que par un changement
de signature ! Ainsi que des pauvres, nous avons
donc bien décidément aujourd'hui des nobles hon-
teux ?

À propos des gens qui disent que la réciprocité en-
tre nous et l'Angleterre dans l'exercice du droit de
visite, est une illusion à cause de l'infériorité de no-
tre marine, la Reforme soutient que néanmoins la
France et l'Angleterre s'associant dans un but, n'en
sont pas à réaliser la fable du Lion et l'Ane allant
en chasse. S'il s'agit des nations officielles, nous
sommes tout à fait de l'avis de la Réforme, mais
par une autre raison. Le Vingt-neuf-Octobre,vis à vis
du cabinet anglais, a tout ce qu'il faut pour jouer le
rôle de l'âne; seulement le lion britannique se garde-
rait bien de l'employer dans cette spécialité, attendu
qu'il n'y a plus depuis longtemps aucun gibier dans
l'Europe qui se laissât épouvanter par le br.iïe-
ment de l'àne doctrinaire.

Toutes les fois que le futur régent donne un bal'
aux Tuileries, on s'en aperçoit à une douzaine de
lampions qui brûlent ou plutôt qui fument leur suif
en plein vent sur le pavé et sur les bornes du Car-
rousel.

Rien de plus mesquin et de plus sordide que cet é-
clairagc officiel qui nous semblait destiné seulement
aux réjouissances publiques et aux fêles de rois, tant
la lumière des lampions est en rapport avec la joie
du peuple dans ces grandes solennités.

Mais une telle illumination à des fêtes données
par M. le duc de Nemours le plus aristocratique des
ducs, à des bals donnés surtout pour mériter la do-
tation! En vérité la Liste-Civile n'y songe pas ; à
moins qu'elle ne veuille que mieux ainsi crier misère
et demander cette fatale dotation , en prouvant qu'on
n'a pas même de quoi payer un if, un réverbère, une
lanterne, qu'on est réduit aux lampions pour s'é-
clairer.

On dit qu'un anglais de la haute aristocratie, lord
N..., invité à une de ces soirées, et voyanteet affreux
luminaire au guichet d'entrée, demanda s'il y avait
bal chez le portier.

Le hasard est parfois un assez mauvais plaisant.
On lit dans les grands journaux : « Le rapport de la
loi qui doit fixer le sort des condamnés libérés est
confié à M. le président Boulet.

L'esprit public en Espagne se révolte contre les
odieuses prétentions de l'Angleterre en matière de
droit de visite. La Grande-Bretagne n'a pas à crain-
dre qu'à ce sujet M. Guizot se montre jamais fier
comme un Espagnol.

NON UMLYi D'ETRE LE ÏMM DE L'ANGLETERRE

d'en posséder qu'un seul, c'est un tire-bouchon blond
de miss ou de lady.

A preuve, les plus beaux postes diplomatiquessom
aujourd'hui occupes par des maris d'Anglaises : M
de Flahaut, notre ambassadeur à Vienne, a contrac-
té un conjnngo anglais; il en est de même de M. de
Jarnac, premier secrétaire d'ambassade à Londres
qui a probablement écrit ses fameuses dépèches à pro'
pos de Taïti sous la dictée de son épouse, car, sous
le rapport du patriotisme et de l'énergie, elles sont
dignes d'une Anglaise et d'une femme.

Ainsi encore, M. le baron de Billing, qui \ient
d'être nommé à l'ambassade de Copenhague en rem-
placement de M. de Saint-Priest, destitué en raison
de ses discours trop nationaux; M. de Billing, disons-
nous, a pour principal et unique titre d'être uni con-
jugalement à une fille d'Albion. Vous le voyez : sui-
vant M. Guizot, la condition la plus essentielle pour
représenter la France c'est d'à- oir commencé par en-
gager sa foi de l'autre côté de la Manche.

Nos affaires extérieures sont placées sous l'influen-
ce des cotillons anglais.

L'autel de l'hyménée britannique est le véritable
marche-pied des fonctions nationales. Aussi nos ap-
prentis diplomates s'empressent-ils à l'envi d'aller
chercher femme en Angleterre. Les jeunes et même
les vieilles ladies sont ainsi certaines d'être avanta-
geusement pourvues. La diplomatie guizotine est
leur Mme Saint-Marc.

Il va sans dire qu'au milieu de toutes ces noces
albionaises, c'est notre honneur national qui paie les
violons.

***On vient de voir que MM. de Flahaut, de Billing
et de Jarnac, qui ont épousé des Anglaises, sont
pourvus par M. Guizot de superbes places d'ambas-
sade. Quel poste ne donnerait-il pas au diplomate
qui demanderait la main d'une demoiselle Pritchard !

M. GUIZOT

veut encore èt&e son villaume.

Les bourgeois
s'imaginent en-
core assez géné-
ralement que,
pour être admis
dans la carrière
diplomatique et
pour y faire son
chemin, on est
tenu de posséder
les connaissances
et les qualités
d'esprit qu'exi-
gent ces difficiles
fonctions. Pre-
mière erreur.
Pour prendre
rang parmi nos

ambassadeurs, il faut plus de mariage que de talent.

Vous pensez du moins que, pour représenter la
France à l'étranger, il est indispensable d'être Fran-
çais de nom et de cœur : seconde et plus grande er-
reur. D'abord, le cœur n'est pour rien dans la di-
plomatie du Juste-Milieu, et on n'y tient aucuncomp-
te de la nationalité, tant s'en faut qu'au contraire.

ÂVIS.

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me est exclusivement accordée aux abonnés d'un an.

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être mis à la poste. Les personnes qui n'ont pas de
correspondans à Paris, et qui désirent le recevoir
par les messageries, doivent ajouter un franc cin-
quante centimes au prix de leur abonnement.

OAB2LL01T.

En ce moment, Paris t out entier est enveloppe
d'un manteau de neige. Le ministère seul n'est pas
blanc.

— Un député espagnol a pris de l'argenterie chez
le pillard Narvaez. Ce que c'est que la contagion de
l'exemple! »

— Ce député, qui s'était attaqué au buffet du mi-
Seulement, comme une loi que M. Guizot qualifie | nistre, a été expulsé delà chambre. Voilà bien qui
d'absurde et qu'il se propose sans doute de rappor- ! prouve la vérité de l'axiome: « Corsaires contre cor-
ten au premier jour, si Dieu, je veux dire le diable, saires ne font pas leurs affaires. »

lui prête vie, exige impérieusement la qualité nomi- j

native de Français pour i emplir les emplois publics, ! — Si! au lieu de flouer des cuillers et des four-
force est bien, en attendant, de se conformer à cette ! chettes, le susdit député s'était voué à escamoter les
prescription. M. Guizot ne voudrait choisir, pour j libertés de la nation, au lieu d'encourir une expul-
représenter la France, que des Anglais pur sang; il j gion humiMante y serait feté et honoré dans les

se dédommage du moins en prenant des demi-An- j ... .... ,.„ ,;„„„„nM

. „„„,• . F. r, . . , : meilleures sociétés constitutionnelles,

glais, ou, si vous 1 aimez mieux, des Français croises >

de britannicisme. —On calcule qu'en ce moment la France ne pos-

Donc, le plus sûr moyen de parvenir diplomati- j se(je pas moins de soixante-deux mille cent soixante

quement sous le règne de l'entente cordiale, c'est j et dix.sept ioi8. c'est la quantité à défaut de laqua-

d'épouser des Anglaises. Le héros de la pièce de M.
Soulié est obligé de se prémunir d'une foule de ta-
lismans ; nos coureurs d'ambassade n'ont besoin

m.

(La suite à la *<■ page.)
 
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