V. — LE BRONZE
PEU de peuples, dans l’antiquité, ont employé le bronze avec autant d’abondance
que les anciens Egyptiens. C’est par milliers que les statuettes de ce métal ont été
extraites de la favissa de Karnak. Certaines villes du Delta, Bubastis, avec ses chats, et
Sais, en particulier, en ont rendu à profusion. Deux boutiques de fondeurs, retrouvées,
inclinée ou incurvée; enfin, la coupe particulière du tenon prouve que la pièce de bois dans
laquelle celui-ci venait s’encastrer était placée obliquement par rapport au reste de l’objet.
Cette disposition ne peut convenir au couronnement d’un naos ni au cadre d’un siège.
Il s’agit de la partie supérieure d’un bras de lyre. Le musée de Berlin possède
deux de ces instruments intacts. Leurs montants se terminent par une petite tête de
cheval. Wilkinson (Mdnners and customs of the ancient Egyptidns, édit. 1842, t. II,
p. 237, fig. 190, et p. 291, fig. 218) a reproduit plusieurs figures de joueuses de
lyre représentées dans les tombes thébaines. Deux sont munies d’un instrument dont
les montants sont ornés de têtes de bouquetin ou de gazelle. La barre supérieure servant
de point d’attache aux cordes est ordinairement inclinée, comme l’implique la forme du
tenon dans le fragment qui nous occupe. L’identification est donc absolument fondée.
La lyre n’est pas d’origine égyptienne. Il semble qu’elle ait été importée d’Asie par
les Sémites. L’opinion la plus vraisemblable, fondée sur les données fournies par les
monuments, est qu elle fut introduite au moment des grandes expéditions asiatiques.
Celles-ci eurent pour effet de provoquer en Egypte un mouvement de curie sité très
vif à l’égard des régions nouvellement conquises, et des emprunts assez nombreux,
d’ailleurs passagers pour la plupart, furent faits à ces pays. La lyre est probablement
du nombre. Elle est représentée pour la première fois, sous la XIIe dynastie, dans une
très curieuse et pittoresque peinture du tombeau de Khnoumhotpou, à Beni-Hassan
(jChampollion, Monuments, t. IV, pl. CCCLXI), qui nous fait assister à l’arrivée d’une
caravane d’émigrants syriens, hommes, femmes et enfants, aux vêtements bariolés.
L’un de ces étrangers joue de la lyre. L’emploi de cet instrument, en Egypte même,
est fréquent à la XVIIIe dynastie. Dans les tombes d’El-Amarna, on le voit non seule-
ment entre les mains de musiciens exotiques (N. de G. Davies, The roc fs tombs of
El Amarna, t. III, pl. V et VII), mais aussi d’Egyptiens (pp. cit., t. II, pl. XXXII et
p. 6). Il est surtout très répandu sous la XIXe dynastie, comme en témoignent les
bas-reliefs et les peintures funéraires thébaines.
L’une des lyres conservées au musée de Berlin fut trouvée par Minutoli dans un
des tombeaux royaux de Thèbes. Le fragment de la collection Fouquet date de la
XIXe dynastie par son style et provient également de Thèbes.
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PEU de peuples, dans l’antiquité, ont employé le bronze avec autant d’abondance
que les anciens Egyptiens. C’est par milliers que les statuettes de ce métal ont été
extraites de la favissa de Karnak. Certaines villes du Delta, Bubastis, avec ses chats, et
Sais, en particulier, en ont rendu à profusion. Deux boutiques de fondeurs, retrouvées,
inclinée ou incurvée; enfin, la coupe particulière du tenon prouve que la pièce de bois dans
laquelle celui-ci venait s’encastrer était placée obliquement par rapport au reste de l’objet.
Cette disposition ne peut convenir au couronnement d’un naos ni au cadre d’un siège.
Il s’agit de la partie supérieure d’un bras de lyre. Le musée de Berlin possède
deux de ces instruments intacts. Leurs montants se terminent par une petite tête de
cheval. Wilkinson (Mdnners and customs of the ancient Egyptidns, édit. 1842, t. II,
p. 237, fig. 190, et p. 291, fig. 218) a reproduit plusieurs figures de joueuses de
lyre représentées dans les tombes thébaines. Deux sont munies d’un instrument dont
les montants sont ornés de têtes de bouquetin ou de gazelle. La barre supérieure servant
de point d’attache aux cordes est ordinairement inclinée, comme l’implique la forme du
tenon dans le fragment qui nous occupe. L’identification est donc absolument fondée.
La lyre n’est pas d’origine égyptienne. Il semble qu’elle ait été importée d’Asie par
les Sémites. L’opinion la plus vraisemblable, fondée sur les données fournies par les
monuments, est qu elle fut introduite au moment des grandes expéditions asiatiques.
Celles-ci eurent pour effet de provoquer en Egypte un mouvement de curie sité très
vif à l’égard des régions nouvellement conquises, et des emprunts assez nombreux,
d’ailleurs passagers pour la plupart, furent faits à ces pays. La lyre est probablement
du nombre. Elle est représentée pour la première fois, sous la XIIe dynastie, dans une
très curieuse et pittoresque peinture du tombeau de Khnoumhotpou, à Beni-Hassan
(jChampollion, Monuments, t. IV, pl. CCCLXI), qui nous fait assister à l’arrivée d’une
caravane d’émigrants syriens, hommes, femmes et enfants, aux vêtements bariolés.
L’un de ces étrangers joue de la lyre. L’emploi de cet instrument, en Egypte même,
est fréquent à la XVIIIe dynastie. Dans les tombes d’El-Amarna, on le voit non seule-
ment entre les mains de musiciens exotiques (N. de G. Davies, The roc fs tombs of
El Amarna, t. III, pl. V et VII), mais aussi d’Egyptiens (pp. cit., t. II, pl. XXXII et
p. 6). Il est surtout très répandu sous la XIXe dynastie, comme en témoignent les
bas-reliefs et les peintures funéraires thébaines.
L’une des lyres conservées au musée de Berlin fut trouvée par Minutoli dans un
des tombeaux royaux de Thèbes. Le fragment de la collection Fouquet date de la
XIXe dynastie par son style et provient également de Thèbes.
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