II. — LA PIERRE
LA statuaire de la XVIIIe dynastie est représentée dans la collection Fouquet par
une œuvre excellente, mais malheureusement mutilée.
C’est une figure de jeune fille, en calcaire, une fille royale, comme le montre la
volumineuse masse de petites nattes, insigne de sa classe, qui tombe sur son épaule
droite. Elle est debout, la jambe gauche légèrement portée en avant, le bras droit
abaissé le long de la cuisse, le gauche replié et à demi levé. Le modelé délicat du corps
se dessine tout entier sous la robe phssée qui le moule. Les épaules sont couvertes
d’un mantelet d’étoffe légère, également orné de petits plis, dont les extrémités sont
liées à la hauteur du sein droit. Le haut de la poitrine était protégé par un large collier
peint, à plusieurs rangs de perles multicolores, entièrement effacé aujourd’hui. La tête
et les pieds sont détruits. Des traces d’enluminure, rouges pour les chairs et bleues pour
le vêtement, sont encore visibles par place. La pièce mesure 0,3 5 cent, de haut.
Cette statuette faisait partie d’un groupe. Il est aisé d’en reconstituer l’aspect primitif
en se reportant aux statues colossales de Ramsès II dressées entre les colonnes de la cour
nord du temple de Louxor. Le roi y est représenté debout ayant à son côté l’image,
plus que moitié moins grande, de sa femme Nofrîtari-Mérimaout ou de l’une de ses filles.
L’attitude des figures féminines est identique à celle de notre statuette.
Par sa facture et les détails du costume, elle nous reporte à la XVIIIe dynastie. Il est
peut-être possible même de la dater avec plus de précision encore. L’ampleur de la cuisse
et la saillie un peu forte du ventre sont des caractéristiques très nettes de l’école de
sculpture qui se développa à El-Amarna sous Aménophis IV. Il est regrettable que
la tête ait disparu, car elle nous aurait exactement fixés sur la valeur de ces indices.
Ils permettent néanmoins d’attribuer cette œuvre au règne de Khoumatonou, sans
sortir des limites de la vraisemblance. Ce serait, en ce cas, le portrait, hélas! bien
endommagé, d’une des filles de ce pharaon.
La belle tête d’Amon en diabase (haut. 0,20 cent.) reproduite à la planche VIII
est de date un peu plus récente. Elle appartient à la fin de la période ramesside.
J’ignore de quel heu elle provient. Certains traits de la physionomie l’apparentent
d’assez près avec quelques morceaux sortis des ateliers thébains au temps des derniers
rois de la XXe dynastie.
Le dieu était adossé à un pilier dont un fragment subsiste encore le long de la
couronne. Il porte la coiffure habituelle : une sorte de mortier supportant deux hautes
plumes droites, lesquelles, dans leur état actuel, sont brisées presque au ras de leur point
d’insertion.
La face est d’apparence très jeune. La bouche, un peu grande et légèrement re-
montée aux commissures, l’anime d’un sourire doux, presque mélancolique, ce sourire in-
définissable qui donne un charme si subtil à maintes œuvres de la statuaire égyptienne,
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LA statuaire de la XVIIIe dynastie est représentée dans la collection Fouquet par
une œuvre excellente, mais malheureusement mutilée.
C’est une figure de jeune fille, en calcaire, une fille royale, comme le montre la
volumineuse masse de petites nattes, insigne de sa classe, qui tombe sur son épaule
droite. Elle est debout, la jambe gauche légèrement portée en avant, le bras droit
abaissé le long de la cuisse, le gauche replié et à demi levé. Le modelé délicat du corps
se dessine tout entier sous la robe phssée qui le moule. Les épaules sont couvertes
d’un mantelet d’étoffe légère, également orné de petits plis, dont les extrémités sont
liées à la hauteur du sein droit. Le haut de la poitrine était protégé par un large collier
peint, à plusieurs rangs de perles multicolores, entièrement effacé aujourd’hui. La tête
et les pieds sont détruits. Des traces d’enluminure, rouges pour les chairs et bleues pour
le vêtement, sont encore visibles par place. La pièce mesure 0,3 5 cent, de haut.
Cette statuette faisait partie d’un groupe. Il est aisé d’en reconstituer l’aspect primitif
en se reportant aux statues colossales de Ramsès II dressées entre les colonnes de la cour
nord du temple de Louxor. Le roi y est représenté debout ayant à son côté l’image,
plus que moitié moins grande, de sa femme Nofrîtari-Mérimaout ou de l’une de ses filles.
L’attitude des figures féminines est identique à celle de notre statuette.
Par sa facture et les détails du costume, elle nous reporte à la XVIIIe dynastie. Il est
peut-être possible même de la dater avec plus de précision encore. L’ampleur de la cuisse
et la saillie un peu forte du ventre sont des caractéristiques très nettes de l’école de
sculpture qui se développa à El-Amarna sous Aménophis IV. Il est regrettable que
la tête ait disparu, car elle nous aurait exactement fixés sur la valeur de ces indices.
Ils permettent néanmoins d’attribuer cette œuvre au règne de Khoumatonou, sans
sortir des limites de la vraisemblance. Ce serait, en ce cas, le portrait, hélas! bien
endommagé, d’une des filles de ce pharaon.
La belle tête d’Amon en diabase (haut. 0,20 cent.) reproduite à la planche VIII
est de date un peu plus récente. Elle appartient à la fin de la période ramesside.
J’ignore de quel heu elle provient. Certains traits de la physionomie l’apparentent
d’assez près avec quelques morceaux sortis des ateliers thébains au temps des derniers
rois de la XXe dynastie.
Le dieu était adossé à un pilier dont un fragment subsiste encore le long de la
couronne. Il porte la coiffure habituelle : une sorte de mortier supportant deux hautes
plumes droites, lesquelles, dans leur état actuel, sont brisées presque au ras de leur point
d’insertion.
La face est d’apparence très jeune. La bouche, un peu grande et légèrement re-
montée aux commissures, l’anime d’un sourire doux, presque mélancolique, ce sourire in-
définissable qui donne un charme si subtil à maintes œuvres de la statuaire égyptienne,
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