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Clément, François [Hrsg.]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0151
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DES DUCS, CZARS ET EMPEREURS DE RUSSIE. 133!

le porter sur le trône , comptant par là parvenir à une haute
fortune. Piein de cetce idée plus que folle, il se rcnd à Schliis-
1 selbourg, demande & obtient, malgré ses vices connus , le
commandement delagarde qui se relevoit chaque semaine. Le
voilà donc en état d'agir. La nuit du 4 au 5 Juiller ( V.S. ) 1764,
j à deux heures du matin , il éveille ses soldats, les range de
front, 8c leur ordonne de charger à balles. Le Commandant ,
au bruit qu’ils font, sort de son quartier, Sc en demande la rai-
son à Mirovitcli. Pour toute réponse celui-ci lui décharge un
coup de croile de son fusil, & le fait arrêter. 11 attaque ensuite,
à la tête de sa troupe , le petit nombre de soldats qui gardoient
le Prince ; mais il est repouisé. Furieux, il revient à ia charge
avec une piece de canon qu’ii avoit fait amener d’un bastion.
Le Capitaine & son Lieutenant, s’imaginant alors qu’on lcur
oppose une force insurmontable, quoiqu’aucun de leur troupe
n’eutencore reçu lamoindre blessure, prenncnt le parti de poi-
gaarder le Prince qui leur est confié 5 ôc cela dans la crainte,
ont-ils ditdepuis, d’être punis comme traîtres, s’ils le laissbient
prendre vif, Sc dans la vue dcs maux que sa délivrance attireroit
surla patrie. Mirovitch, à quile cadavre sanglantest présenté,
tombe, à cet asped, de la fureur dans la pusillanimité, & 11e
fait aucun esfort pour défendre sa liberté. Sa troupe, également
consternée, rentre aussîtôt dans le devoir. L’Impératrice, ins-
truite de cet événement en Livonie où elle étoit pour lors , fait
partir un Lieutenant-Général pour aller faire des informations
sur les lieux. D’après son rapport, le Sénat, les trois premieres
classes Sc les Présidens de tous les Collégçs, condamnerent, par
un jugement solemnel, qui fut exécuté, Mirovitch à perdre la
tête sur un cchafaud. Quclques uns de ses complices subirent
differentes punitions, 8c furent ensuite transportés sur les fron-
1 tieres de l’Empire pour y être incorporés à des régimens qui s’y
§ trouvoient en garnison.

1 Assurée de la paix intérieure de l’Empire, Catherine tourna

1 son attcntion sur les troubles dont la Pologne étoit agitée pour
| l’éiection d’un nouveau Roi. Déjà l’étcndard de la guerre ci-
viie y étoit déployé. Le Prince Radziviil ayant rassemblé sous
les ordres un corps de six millc hommcs, la Noblesse de Li-
thuanie forma une confédération , & appella l’Impératrice de
Pvusile à son secours. Catherine n’hésita point à se rendre à
ses vœux qu’elie avoit elle-mème inspirés. Bientôt la Pologne
se trouve inondée de troupcs russes. Le but de l’Impératrice &
du Roi de Prusse, liés ensemble par un Traité d’alliance dé-
fensive, conclu le 13 Avril 1764, étoit d’obliger les Polonois
à prendre un Roi dans lanation, au préjudice de la liberté
que les constitutions de l’Etat leur donnoientde choisir un Sou-
verain à leur gré, soit un Piast, ou naturel du pays, soit un
étranger de quelque nation qu’il fût. Ce parti prévalut après
quelques combats ; & Stanislas Poniatouski, que portGient les
deux Puissances alliées , fut élu Roi dc Pologne le 6 Septembre
1764. On s’attendoit qu’ainsi satisfaite l’Impératrice retireroit
ses troupes de la PoSogne. Mais l’aftaire des Dijsidens & le
démembrement de la Pologne, qu’elle méditoit dès lors, l’en-
gagerent à les y laisser, & même à les augmenter, pendant le
cours de neuf années, pour tenir la nation dans le respect, &
l’amener par la contrainte au but qu’elle s’étoit proposé : poli—
tique plus adroite qu’équitable, qui, soutenue par la Reine de
Hongrie 8c le Roi de Prusse, enleva , l’an 1773 , à la Polo-
i gne, comme on l’a déjà dit ci-devant & comme on le répétera
encore ci-après, plus d’un tiers de son étendue , que partage-
rent entre elles ces trois Puissànces. ( Voy. Stanislas-Augulie,
Roi de Pologne. )

La Cour ottomane n’avoit pas vu sans intérêt pour la Polo-
gne les violences qu’y exerçoient les troupes russes. Les Con-
fédérés a.yant imploré sa proteclion , elle avoit ouvert un asyle
dans ses Etats à ccux qui s’y étoient réfugiés. Mais ils y avoient
été plus d’une fois poursuivis par Ies oppresseurs de leur liberté.
Le Grand-Seigneur, irrité de cette violation du droit des gens ,
fit enfermer, l’an 1768 , le Ministre de Rustîe dans le Châ-
teau des sept tours. C’est la maniere, comme l’on srit, en
Turquie de déclarer la guerre. Un manifeste, que la Rustle ne
laissa pas sans réponse, vint à l’appui de cette brusque déclara-
tion. On fait de part & d’autre les plus formidables apprêts
pour attaquer & pour se défendre : mais le succès couronna
presque toujours les entreprises des Russes. Leurs premieres
opérations furent contre Asoph , p'ace démantelée en vertu
du Traité de 1739, dont la conquête, faite sans esforts au
mois d’Avril 1769 , rendit très diftlcile aux Turcs l’entrée de
la Rustle par la mer noire. Une puissante année des Russes ,
sous les ordres du Prince Galitsin , vint ensuite assléger Choc-
zin , placc forrc , appartenante aux Turcs, sur les fronticres
de la Moldavic. Lc îiége, long & meurtrier, donna lieu à plu-
sieurs aclions entre les deux armées ennemies. Le 13 Juillet,
celle du Séraskier de Ilomelie fut obligée de prendre la fuite
| devant les Russes. Malgré cet avantage, ceux-ci se voyoient à

la veiile d’échouer dans leur entreprise, Iorsqu’un événement i
imprévu changea tout-à-coup ia face des aftàires. L’armée du |
Grand-Yisir, qui marchoit au secours de la ville astlégèe , en- |
treprit, le 17 Juillet, dc passer le Dniester sur un pont de ba- 1
teaux, pour en venir aux mains avec les Russes. Le pont s’é- !
tant rompu par l’effet d’unc crue subite des eaux du sseuve , les
Russes profiterent de l’occasion pour tomber sur ce corps isolé
qu’ils taillerent en pieces. Consternée de ce revers , la garnison
de Choczin, évacue la place qui tombe, après sa retraite, au
pouvoir de l’ennemi. On vit, dans le mois suivant, avec eton-
nemcut ce qui ne s’étoit pas cncore vu , une ssotte russe partir 1
du fond du golfe de Finlande pour aller attaquer le Turc dans |
la méditerranée, où jamais vaisseau de cette nation n’avoit |
osé pènétrer. Arrivée au port de Copenhague , elle en partit,
le ioSeprembre, pour continuer sa route par l’Océan. Après
avoir passé le détroit de Gibraltar, elle alla relâcher à Port-
Mahon, où elle passa l’hiver. Ayant remis à la voile au com-
mencement de Février 1770, elle cingla vers la Morée. Mais
une tempête, dont elle fut accueillie, obligea la plus grande
partie de ses vaisseaux de se réfugier en différentes parries de
l’Italie, de la Sicile 8c de la Sardaigne. Le Comte Orlof, com-
mandant en chef de tout l’armement, parvint cependant le der-
nier jour de Février, avec trois vailseaux de ligne, au Cap Ma-
tapan, l’ancien promontoire de Tenare, à l’extrémité méridio-
nale de la Morée. Cet Amiral ayant débarqué ses troupes de
terre à Maina , non loin du Cap &: à jo milles de Misitra, l’an-
cienneSparte, IesMainotes, issus desLacédémoniens, prennent
sur le champ les armes , & viennent par milliers se joindre aux I
Russes. Une foule d’autres Grecs ne tarderent pas à suivre cet 1
exemple. Toute la Morée est en mouvement. Les vaisseaux
russes , que la tempête avoit dispersés , ayantensuite débarqué
à différenspoints, lesTurcs se trouverentinvestis danstoutesles
Isles de l’Archipel. Les Grecs, se livrantalors à toute la fureur
de la vengeance , massacrent tous les Ottomans qui tombent 5
entre leurs mains. Ceux-ci leur rendoient la pareille par-tout où
ils se trouvoient les plus forts. Nous ne pouvons entrer dans le
détail de ces horreurs, ni des combats qui se donnerent entre
les armées ennemies , soit sur terre, soit sur mer. Le plus mé-
morable de ces exploits fut Ie suivant. Tandis que le Bacha de
Bosnie défendoit laMorée contre les Russes avec des succès va-
riés, leur ssotte, commandée par l’Amiral Spiridof, fut ren-
forcce vers le miiieu d’Avril par l’escadre du contre-Amiral
Elphinston, qui arriva d’Angleterre : (c’étoit un Officier an-
giois qui s’étoit mis au service de la Russle. ) Après quelques
avantages remportés sur les Turcs , il les poursuivirent dans
l’Archipel où ils s etoient retirés. Les deux ssottes se trouverent
en présence, le 5 Juillet, dans le canal de Scio. Les Turcs, su-
périeurs en forces, étoient couverts par des Isles & par les ro-
chers du continent. Cependant l’Amiral russe ne craignit pas
d’attaquer le Capitan-Pacha , montant la Sultane de 90 canons. 1
Les deux vaisseaux s’accrochent : les Russes couvrent de grenades |
le bâtiment turc & y mettent le feu : mais atteints eux-mcmes 1
par l’incendie qu’ils ont allumé , & enveloppés dans le désastre
de l'ennemi, ils ne peuvent se détacher, & les deux bâtimens
sautent à la fois. 11 ne se sauva de part & d’autre que les Com*
mandans &c les principaux Osftciers. La destrudion effrayante
de ces deux vaisseaux, & le danger de ceux qui Ies avoisinoient,
sulbendirent un moment lafureur de l’adion. Elle recommença
enluite & ne finit qu’avec le jour. Les Turcs gagnerent alors une
petitebaie où leurs vaisseaux se trouverent 11 resserrés, qu’ils ne
purent la plûpart manœuvrer. La ssotte russe environne l’em-
bouchure du havre, & deux Osftciers anglois, le Commodore
Greig 8c le Lieutenant Dugdale, ayant attaqué l’ennemi vers
minuit, Ie premier avec quatre vaisseaux 8c deux frégates, le
second avec des brûlots qu’il conduisoit, vinrent à bout de
réduire en cendres la ssotte ottomane, après un combat de six |
heures.

Cesuccès inespéré rendit les Russes maîtres de la mer. Ayant
ensuite bloqué le détroit des Dardaneiles, ils intercepterent &
ruinerent par làtout le commerce du Levant. Ils auroient force
le passage 8c pénétré dans la Propontide , sans l’habileté d’un
Ingénieur françois, le Baron deTott, qui ies arrêta. Chargé
par la Porte de pourvoir à la défense du détroit 8c de mettre les
Châteaux à l’abri de toute insulte, il s’acquitta 11 bien de cette
commisslon difftcile, qu’aux approches de l'hiver les ssottes russcs
abandonnerent leur station près des Dardanelles. Tellesfurent
en abrégé les opérations des Russes au Midi de l’Empire otto-
man dans le cours de l’an 1770. Ils n’avoient pas ouvert avec un
égal succès laméme campagne au-delà du Danube. Obligés, le
zj Mars , d’évacuer Bucharest, capitale de la Valaquie, ils
avoient ensuite abandonné la partie de ia Moldavie , située sur
la rive droite du Pruth. Mais la sortune ayant changé tout-à-
coup, un corps nombreux de Turcs & de Tartares fut battu ,
le 18 Juillet, par le Comte Romanzof. Le même Général eut un
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Toms 1L î" 2-
 
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