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Clément, François [Hrsg.]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0152

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j I34 CHRONOLOGIE HISTO'RIQUE

S nouveau succès encore plus brillant le i Août. II mit en déroute j
sur les bordsdu Danube, l’armée du Grand-Vifîr, forte de 150
millehommes,& se rendit maître d’ismaïlof. Sonexemple piqua
d’émulation ses collegues dans le commandement. Le Comte
Panin emporta d’assaut, le z7 Septembre , la ville & le château
deBender, & peu de jours après le Comte de Tottleben as-
saillit, avec le même bonheur , l’importante ville de Cotatis,
capitale du petit Royaume d’Imerete, situé entre le Caucase ,
la Mer noire , la Provincc de Guriel & la Géorgie.

Le Prince d’Olgourouki se couvrit de gloire, l’an 1771, par
la conquête qu’il lit de la Crimée en moins d’un mois, à com-
mencer du 15 Juin , jour auquel il commença l’attaque des li-
gnes de Précop , qui passoientpourimprenables, & que le Khan
Selim-Guerai, défendoit à la tête de yo mille Tartares & de

7 mille Turcs. LeKhan , désespéréde ce revers, en mourut de
regret, peu de tems après , à Constantinople , od il s’étoit re-
tiré.

L’expédition navale des Russes ne produifît rien d’intéressant
en 1771 : & à en juger par lcs effets ce ne fut qu’une guerre de
pirates. Elle acheva de ruiner le commerce du Levant, & ne fut
pas moins funeste aux Chrétiens qu’aux Ottomans. La peste,
qui infecla ceux-ci, se communiqua aux Russes qui la porterent
dans leur patrie od elle fit de grands ravages, sur-tout à Mos-
lcou. Des imposteurs fanatiques de cette ville avoient persuadé
au peuple que l’image d’un certain Saint guérissoit les pestifé-
rcs, & préservoit de la contagion ceux qui ne l’avoient pas en-
core contraèlée. Aussîtôt on vit se rassembler autour de l’image
& sains & malades en fî grande foule que plufîeurs y furent
écrasés. Les pestiférés communiquerent leur mal à ceux qui ne
■ l’avoient pas, tandis que les uns & les autres versoient leurs of-
j frandes dans un tronc que les impostcurs avoient placé devant
l’image. Ambroise , Archevêque de Moskou, voulant arrêter
cét abus , fît enlever l’image & sceller le tronc. Le peuple en
fureur court au Palais duPrélat, & de là dans un Monastere od
j il s’étoit réfugié. 11 l’arrache de l’autel, qu’ii tenoit embrasse ,
& Ie massacre. Un corps de troupes, arrivé trop tard , fait feu
sur ces forcenés, & en tue un grand nombre ; d’autres furent
pris vifs, & condamnés à différentes peines.

Les campagnes de 1771 & de 1773 se passerent en guerres
de chicane & en négociatioils pour la paix entre les Rulses &
j les Turcs. On tint, l’an 1771, àFoczani, dans la Valachie,
à 16 milles de Bucharest, un premier Congrès od les Ministres
de Russle écalerent autant de faste quc les Turcs montrerent de
fîmplicité. Le Comte Orlof, Chef des Commissaires de Russîe ,
y parut tout resplendissant de pierreries , faisant ostentation de
ses plaques & dc ses cordons. Osman Effendi, du côté des
j Turcs, avoit un doliman de camelot verd, bordé d’hermine ,

! & rien ne le distinguoit des autres Commissàires ottomans

1 qu’une canne à pomrne d’or. Les conférences s’ouvrirent le
! 1 î Juillet & fînirent au mois de Septembre sans qu’on pût rien

| terminer. Elles se rcnouerent avec ausiî peu de fruit, le 19 Oc-
1 tobre suivant, à Bucharest, entre le Reis Effendi pour les Turcs,
& M. Obrescof, Plénipotentiaire de Russîe.

Le Grand-SeigneurMustaphalIIérantmort le n Janv. 1774,
son successeur Abdoul Achmet, résolu de continuerlaguerre ,
fîc l’armement le plusconfîdérable dont la révolte de Pugatcheu
lui sembloit assurer le succès. Ce rebelle étoit un Cosaque
du Don, qui, sans avoir aucune ressemblance avec Ie feu Tsar

1 Pierre III, osa se donner pour ce Prince, disant qu’il n’étoit

I pas mort, comnie le bruit en avoit couru, mais qu’il s’étoit re-
1 tiré dans un hermitage. Ayant persuadé ce conte absurde aux

I Tartarcs du Royaume de Kasan , il eut bientôt une multitude
| j infînie de seèfateurs , & entre autres plufîeurs Nobles du gou-

vernement d’Orenbourg & des pays voifîns. La sédirion qu’st
excita parut fî sérieuse à la Cour de Pétersbourg, qu’elle pu-
blia , le 13 Décembre 1773 , un manifeste contre cet impos-
teur & ses adhérens, & fît marcher le Général Bibikof avec un
j corps de troupes contre ces fanatiques. Malgré les défaites
j sans nombre qu’essuya le parti de Pugatcheu, la révolte ne
j fît qu’augmenter. En vain la Cour fit-elle promettre par Bibi-
j kof cent mille roubles ( 450 mille livres ), avec tous les Ordres
j de Chevalerie, à celui qui livreroit mort ou vif l’imposteur :
j il ne setrouva pas un seul homme'parmi les Tartares , tout
j barbares qu’ils étoient, qui voulut mériter de fî grandes ré-
j compenses par unc perfîdie. Mais ces sentimens d’nonneur ne

II furent pas à l’épreuve des frayeurs de la mort. Des Cosacjues
\ du Jaik , faits prisonniers, le zy Aout, dans un combat ou les

j séditieux furent entièrement défaits par les troupes du Comte
j Panin , ofsrirent de découvrir Pugatcheu , qui s’étoit sauvé
avec ccnt hommes, & de l’amener en vie au Général, fî on vou-
I loit leur accorder leur pardon. L’offre ayant été acceptée , la
j condition fut remplie, & Pugatcheu fut remis , dans le mois

1

de Septcmbre 1774, entre les mains du Général russe qui le fît
conduire dans une cage de fer à Moskou. Il y expia sur la roue
sa rebcllion & les cruautés inouies qu’il avoit exercées contre
les Nobles qui étoient tombés entre ses mains.

Revenons à la guerre contre Ies Turcs. Le Feld-Maréchal
Romanzof, chargé de Ia campagne de 1774, ayant reçu un
renfort de dix mille hommes, fit ses dispofîtions pour le pas-
sagc du Danube. Le Comte Soltykof, fils du vainqueur de
Frcdéric, débarqua le premier avec sa divifîon , près de Tutu-
kai, la nuit du 16 au 17 Juin , malgré la réfîstance très forte
que lui opposerent les Turcs sur le sseuve & à terre. Les Génc-
raux Kamenski & Suvarof passerent également à la tête de leurs
divifîons. Ils furent suivis quatre jours après par Romanzof
avec le reste de l’armée. Soltykof ayant été vivement attaqué,
le zo Juin, par le Pacha de Rusziek , les Turcs furent obligés
d’abandonner le champ de bataille après avoir fait des prodiges
de valeur pendant plufîeurs heures. Ce fut la derniere journée
où ils donnerent despreuves de vigueur. Le même jour, le Reis
Effendi ayant marché pour arréter les Généraux Kamenski &
Suvarof, est défait sans coup férir , ses troupes, à la vue de
l’ennemi, ayant abandonné lâchement leurs drapeaux pour
s’enfuir chacun de son côté , de peur d’être pris. Tout Ie
camp turc, avec une très belle artillerie de bronze, fondue
sous la diredlion du Chevalier de Tott, fut la récompense de
cette vidoire qui cotita fî peu. Dès ce moment le désordre &
la mutinerie se mit parmi les armées ottomanes : elles refuse-
rent l’obéissance aux Oflîciers qu’elles pillerent & massacrerent.

On fait état de 140 mille hommes qui, ayant déserté, se re-
tirerent vers l’Hellespont, marquant leur route par toute sorte
d’horreurs. Le Vifîr, investi dans son camp de Schumla par
Romanzof, se vit obligé de demander la paix & de souscrire ,
le 16 Juillet 1774, aux articles que ce Général lui prescrivit
dans un nouveau Congrès. IIs furent plus modérés que la Porte,
dans la détrësse où elle se trouvoit, n’avoit lieu de l’espérer :
aussî le Grand-Seigneur & le Divan n’hésiterent-ils point à les
ratifîer. La Cour de Pétersbourg rendit toutes les conquêtes
qu’elle avoit faites pendant laguerre, à l’exception d’Asoph &
de Taganrok. Mais elle se fît accorder la liberté de naviger sur
toutes les mers dominées par le Turc, & le pafî'age des Dar- 5
danelles, avec tous les privileges & toutes les immunités dont
jouissent les nations les plus favorisées de la Porte ottomane.
L’indépendance de la Crimée & des Hordes qui ea relevent,
fut encore une des clauses du Traité.

La guerre de l’Impératrice de Russîe avec les Turcs ne l’avoit
pas obligéede rappeller les troupes qu’elle avoit en Pologne. On
s’attendoit qu’elles alloient évacuer ce pays , lorsqu’en 177Z,
on vit arriver en ce Royaume les troupes de Ia Reine de Hon-
grie &du Roi de Prusse, non pour ies contraindre à désemparer,
mais pour les renforcer. Cefut alorsque chacune des trois Cou-
ronnes de Vienne, de Pétcrsbourg & du Berlin, fît connoître
les prétentions qu’elle formoit sur différentes portions de la Po-
logne. Abandonnés des Puissances alliées & garantes de leurs
droits, les infortunés Polonois ne purent que se soumettre. « Le
« Roi, la Diéte, rien n’osa réfîster, & la République ravagée,

» ensanglantée depuis tant d’années, perdit en 1773 plus d’un
=5 tiers de ses domaines, & ne put encore obtenir le repos au
” prix de tant de sacrifices. Les Provinces qui composent aujour-
=> d’hui les gouvernemens de Polotsk & de Mohilof devinrent
« le partage de la Russîe. » ( M. Levesque. )

Tandis que Catherine II étoit le plus occupée à défendre ses
Etats& à les agrandir, elle donnoit ses soins pourles policer&
les enrichir par de sages réformes & d’utiles institutions. Dès
l’an 1767 , ellepublia des instrudions, qui font l’admiration
dcs connoisseurs, pour la confe&ion d’un nouveau Code, qui J
n’a pas encore reçu la derniere main. En attendant qu’il s’a- i
cheve , elle a réformé plufîeurs abus qui avoient lieu dans |
l’exercice dc la justice. Catherine a mérité le titre de mere des 1
armées par les réglemens qu’elle a faits pour leur approvi- |
fîonnement, & pour assurer aux soldats vétérans la moitié de 1
Icur paieaprès leur retraite. Des établissemens qu’elle afaitspour s
leducation de la Noblesse de l’un & l’autre sexe, pour celle
même des enfanss de la bourgeoisie, des Hôpitaux qu’elle a fon-
dés pour Ies enfans trouvés , les vieillards & les infîrmes, sont
des monumens qui perpétueront sa munificence envers tous les
âges & toutes les conditions. Elle a confîdérablement soulagé j
ses peuples & augmentc scs revenus, en fîmplifiant la régie de
ses domaines & la perception des impôts. Des foires, qu’elle a I
établies en divers lieux, facilitent à ses sujets le débit de leur su- I
perssu & la circulation des especes. Le commerce extérieur de la 1
Rusiie s’accroît journellement sous son régne , & aujourd’hui le !
produit de l’exportation l’emporte de près de 40 millions sur ce- j jl
lui de l’importation.

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