HANEKE
de -> HERNEIS: dans la lexicographie il y a une
lignée qui part de Du Méril 1856 FloreAD (gloss,
“ôter le hamois; déferler, en parlant d'une voile”),
passe par Gdf, FrahmMeer, Kjellman EdmK p. cxxi,
KellerWace, FEW etc. TL 4,922,23 range ainsi
haneker sous HARNESCHIER sans se prononcer sur
la perte du r (possible en pic., mais le texte est
agn.) et il y joint aussi herneskierent (1. 20), cf. la
n. 1 ci-dessus. Les attestations de deshaneker et
de ses var. témoignent du fait que ce mot faisait
difficulté pour les scribes et qu’ils le rapprochaient
de deshameschier, v. ci-dessous, spéc. pour Brut.]
♦ “court cordage dont une série sert à relever ou à
raccourcir une voile en la pliant et fixant sur la vergue,
cargue (ou garcette)” ([doc. anglolt. dès 1212]; doc.
agn. 1312/13 [(pour la construction d’un bateau)
.xij. dozeines de hanekes, .viij. s., SandahlSea],
LathamDict 1134a; SandahlSea 2,42; MED 4,470b).
• hanechier v.a. (Sud-Ouest hanechier, agn.
hanecherEdm Stone, haneker 3^1. 12es.EdmK 1458)
♦ “relever ou raccourcir (une voile) en la pliant et
fixant sur la vergue au moyen de cargues, carguer”
(agn. 3et. 12es., EdmK 1458 [(le vent se lève) Les
mariners en sunt mult liee... Aspre est le vent, li sigle
legier (ms.: sigleiegier), Une ne les covint haneker
(var. ms. Manch. 13r° hanecher). Bon vent aveient];
av. 1188 PartonG 733 [Sigler le voit tôt a plain tref;
Le sigle voit tôt desferu Et li hobenc sont bien tendu,
Il ni a hanechié nul ris, Car li vens siet droit del
païs], TL 4,922,23 [Edm sub HARNESCHIER]; TLF
9,692b [Edm sub harnacher]; Stone 350al3) *; FEW
23,95a [Edm]).
• henekeier v.a. ♦ “relever ou raccourcir (une
voile) en la pliant et fixant sur la vergue au moyen
de cargues, carguer” (norm. 1226, GuillMarM 17336
[Franceis virent del havne (ms. haurie ?) eissir Noz
genz et encontre els venir...; Tantost lor veiles
henekeierent'4'], TL 4,922,20 [la forme reconstruite
SOUS HARNESCHIER]).
• deshanekerv.a. (agn. deshanekerEdmK 1376,
hbret. deshanacherFloreÂK. 1383 var. ms. déb. 13es.,
agn. deshenechier 1155 BrutA 11210) ♦ “lâcher
les cargues pour faire descendre et déployer la
voile (entièrement ou partiellement)” (agn. 1155 -
déb. 13es.. BrutA 11210 [(les bateaux sont prêts pour
quitter le port) Quant... tide orent e bon oré, Dune
veïssiez ancres lever, Estrens traire, hobens fermer,
13'Var. sans attestation dans Stone, aimablement
identifiée par W. Rothwell.
<4)L’éd. corrige en herneskierent, s’inspirant de
desherneschier (v. gloss.; 1. deh-f Brut (< GdfC, v.
-> HERNEIS), et de Jal1; la déf. “carguer [les voiles]”
est correcte.
Mariniers saillir par cez nés, Deshenechier veilles
e très'5']; EdmK 1376 [La nef fu forte e mult bele,
Bien fete, seüre e novele, Ou seint Edmund esteit,
li ber, Ki unke mes ne fu en mer. Li servant e
5 li mariner En vunt lur cordes adrescier Chescun
mariner de l'esneke Forment le sigle deshaneke;
Lur hobens estreinent vers destre, Hors lancent lof
vers senestre, La veile treientjesqu’al hune E al vent
la firent comune]; FloreAK 1383 [Le tref'b' ont tost
io desharneskié (var. deshanachés) Et sus dusc’a tores'1'
sacié. Li vens s’i prent por faire ester'*'], TL 2,1608
<5'La plupart des mss semblent d’accord sur
cette leçon. On trouve aussi Deslier, Desan-
15 crer (évidemment fautif), Et desplient; pour de-
herneschier Gdf et TL v. -> HERNEIS; un seul ms.
donne Por herneschier, leçon intéressante: elle se
trouve dans le ms. BN fr. 794 qui contient les œuvres
de Chrestien et qui a été exécuté par Guiot (champ.
20 2eq. 13es.), scribe consciencieux et enclin à retoucher
les textes; visiblement, il a remplacé le mot mal connu
par un autre, proche par sa consonance et convenable
par son sens (bien qu’il ne soit pas tout à fait logique
de voir monter les voiles à ce moment du récit), dér.
25 de -> HERNEIS.
<6'Ce mot désigne souvent la voile, mais aussi la
vergue; TL 10,567,49 “Mast” douteux.
1 ’TL 10,413 donne cette seule att. avec la déf.
“hune”. Var. ms. agn. cups, = cupes “coupes” au sens
30 de “hunes” ? Ms. vérifié: distingue normalement c et
t; éd. W 932 tup.s; Stone 832b TUP “(nav.) top”. Gilles
Roques propose de lire cupés, < copet “sommet”
(Gdf 2,334b).
(8)Attestation d’une certaine importance philolo-
35 gique. Le texte de base (v. éd. Krüger) est fourni
par le ms. A, pic. ca. 1289; son scribe a prob.
identifié son desharneskier avec la famille de hamois
“équipement”; le sens obtenu n’est pas entièrement
satisfaisant dans le contexte, d’où dans TL, un peu
40 forcé, “los-, auseinandermachen”. Le deuxième ms.
pic., C, a tout deshamesquié, mais il copie en général
le ms. A (bien que tout concorde avec le ms. P),
de sorte que son témoignage offre peu d’intérêt. Le
ms. B, graphie du Centre, porte une leçon différente:
45 Leur très ont touz en haut sachiez Et les autres engins
dreciez; cette leçon témoigne de l’incompréhension
du texte orig. Reste P, ms. agn. déb. 13es., archaïque,
qui donne: Lur tr[ef] unt tut deshanachés Et sus
desqu’es cups (ms. cup', v. n. 7) sachés, Sis fert
50 li venz quis fait errer, c’est nettement la leçon
la plus originale (vérifiée sur ms., f°89v°b). Si le
scribe de A avait devant ses yeux deshanachés, il
a pu croire qu’un r devant consonne s’était perdu
(trait du Nord, comme dans haneschier, hanaskeüre,
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de -> HERNEIS: dans la lexicographie il y a une
lignée qui part de Du Méril 1856 FloreAD (gloss,
“ôter le hamois; déferler, en parlant d'une voile”),
passe par Gdf, FrahmMeer, Kjellman EdmK p. cxxi,
KellerWace, FEW etc. TL 4,922,23 range ainsi
haneker sous HARNESCHIER sans se prononcer sur
la perte du r (possible en pic., mais le texte est
agn.) et il y joint aussi herneskierent (1. 20), cf. la
n. 1 ci-dessus. Les attestations de deshaneker et
de ses var. témoignent du fait que ce mot faisait
difficulté pour les scribes et qu’ils le rapprochaient
de deshameschier, v. ci-dessous, spéc. pour Brut.]
♦ “court cordage dont une série sert à relever ou à
raccourcir une voile en la pliant et fixant sur la vergue,
cargue (ou garcette)” ([doc. anglolt. dès 1212]; doc.
agn. 1312/13 [(pour la construction d’un bateau)
.xij. dozeines de hanekes, .viij. s., SandahlSea],
LathamDict 1134a; SandahlSea 2,42; MED 4,470b).
• hanechier v.a. (Sud-Ouest hanechier, agn.
hanecherEdm Stone, haneker 3^1. 12es.EdmK 1458)
♦ “relever ou raccourcir (une voile) en la pliant et
fixant sur la vergue au moyen de cargues, carguer”
(agn. 3et. 12es., EdmK 1458 [(le vent se lève) Les
mariners en sunt mult liee... Aspre est le vent, li sigle
legier (ms.: sigleiegier), Une ne les covint haneker
(var. ms. Manch. 13r° hanecher). Bon vent aveient];
av. 1188 PartonG 733 [Sigler le voit tôt a plain tref;
Le sigle voit tôt desferu Et li hobenc sont bien tendu,
Il ni a hanechié nul ris, Car li vens siet droit del
païs], TL 4,922,23 [Edm sub HARNESCHIER]; TLF
9,692b [Edm sub harnacher]; Stone 350al3) *; FEW
23,95a [Edm]).
• henekeier v.a. ♦ “relever ou raccourcir (une
voile) en la pliant et fixant sur la vergue au moyen
de cargues, carguer” (norm. 1226, GuillMarM 17336
[Franceis virent del havne (ms. haurie ?) eissir Noz
genz et encontre els venir...; Tantost lor veiles
henekeierent'4'], TL 4,922,20 [la forme reconstruite
SOUS HARNESCHIER]).
• deshanekerv.a. (agn. deshanekerEdmK 1376,
hbret. deshanacherFloreÂK. 1383 var. ms. déb. 13es.,
agn. deshenechier 1155 BrutA 11210) ♦ “lâcher
les cargues pour faire descendre et déployer la
voile (entièrement ou partiellement)” (agn. 1155 -
déb. 13es.. BrutA 11210 [(les bateaux sont prêts pour
quitter le port) Quant... tide orent e bon oré, Dune
veïssiez ancres lever, Estrens traire, hobens fermer,
13'Var. sans attestation dans Stone, aimablement
identifiée par W. Rothwell.
<4)L’éd. corrige en herneskierent, s’inspirant de
desherneschier (v. gloss.; 1. deh-f Brut (< GdfC, v.
-> HERNEIS), et de Jal1; la déf. “carguer [les voiles]”
est correcte.
Mariniers saillir par cez nés, Deshenechier veilles
e très'5']; EdmK 1376 [La nef fu forte e mult bele,
Bien fete, seüre e novele, Ou seint Edmund esteit,
li ber, Ki unke mes ne fu en mer. Li servant e
5 li mariner En vunt lur cordes adrescier Chescun
mariner de l'esneke Forment le sigle deshaneke;
Lur hobens estreinent vers destre, Hors lancent lof
vers senestre, La veile treientjesqu’al hune E al vent
la firent comune]; FloreAK 1383 [Le tref'b' ont tost
io desharneskié (var. deshanachés) Et sus dusc’a tores'1'
sacié. Li vens s’i prent por faire ester'*'], TL 2,1608
<5'La plupart des mss semblent d’accord sur
cette leçon. On trouve aussi Deslier, Desan-
15 crer (évidemment fautif), Et desplient; pour de-
herneschier Gdf et TL v. -> HERNEIS; un seul ms.
donne Por herneschier, leçon intéressante: elle se
trouve dans le ms. BN fr. 794 qui contient les œuvres
de Chrestien et qui a été exécuté par Guiot (champ.
20 2eq. 13es.), scribe consciencieux et enclin à retoucher
les textes; visiblement, il a remplacé le mot mal connu
par un autre, proche par sa consonance et convenable
par son sens (bien qu’il ne soit pas tout à fait logique
de voir monter les voiles à ce moment du récit), dér.
25 de -> HERNEIS.
<6'Ce mot désigne souvent la voile, mais aussi la
vergue; TL 10,567,49 “Mast” douteux.
1 ’TL 10,413 donne cette seule att. avec la déf.
“hune”. Var. ms. agn. cups, = cupes “coupes” au sens
30 de “hunes” ? Ms. vérifié: distingue normalement c et
t; éd. W 932 tup.s; Stone 832b TUP “(nav.) top”. Gilles
Roques propose de lire cupés, < copet “sommet”
(Gdf 2,334b).
(8)Attestation d’une certaine importance philolo-
35 gique. Le texte de base (v. éd. Krüger) est fourni
par le ms. A, pic. ca. 1289; son scribe a prob.
identifié son desharneskier avec la famille de hamois
“équipement”; le sens obtenu n’est pas entièrement
satisfaisant dans le contexte, d’où dans TL, un peu
40 forcé, “los-, auseinandermachen”. Le deuxième ms.
pic., C, a tout deshamesquié, mais il copie en général
le ms. A (bien que tout concorde avec le ms. P),
de sorte que son témoignage offre peu d’intérêt. Le
ms. B, graphie du Centre, porte une leçon différente:
45 Leur très ont touz en haut sachiez Et les autres engins
dreciez; cette leçon témoigne de l’incompréhension
du texte orig. Reste P, ms. agn. déb. 13es., archaïque,
qui donne: Lur tr[ef] unt tut deshanachés Et sus
desqu’es cups (ms. cup', v. n. 7) sachés, Sis fert
50 li venz quis fait errer, c’est nettement la leçon
la plus originale (vérifiée sur ms., f°89v°b). Si le
scribe de A avait devant ses yeux deshanachés, il
a pu croire qu’un r devant consonne s’était perdu
(trait du Nord, comme dans haneschier, hanaskeüre,
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