HARACE
pas confondre ce mot (à comparer got. hrôt “toit”)
avec aha. cratto, crezzo “corbeille” (glose cartallum,
canistrum, à dater, 1 les. ?, StarckWells; Pokomy 386,
aussi aangl. cradol “cradle”, etc.), mot qui inspirait
prob. Gamillscheg (v. Gam2 516b) et qui convient
du point de vue sémantique. Mais les éléments
phonétiques nécessaires pour justifier l’étymologie
font défaut: ce groupe de mots ne semble pas attesté
avec hr-; le FEW ne fournit pas d’exemple d’une
évolution de hr- à har-; un équivalent abfrq. aurait
la forme *krato qui n’aboutirait pas à harace; un
emprunt à l’aha. avec affriquée dentale est à justifier
(il a dû se produire entre l’affrication, 6e-7es., et la
chute du h-, déb. 9es., s’il en avait un). Le mnéerl. en
tout cas connaît ce mot sous la forme cratte “récipient
tressé; etc.” (VerVer 3,2065), le mha. sous celle de
kratze “sorte d'outil de mineur, prob. de corde, prob.
panier en forme de filet” (ms. lert. 14es., Bergm., cod.
Pal. Germ., cp. Find), kretze “panier porté sur le dos”
(4eq. 13es., Jansen Enikel, MGH, cp. Find), etc. Le
dérivé anord. *HRATJA “geflochtener Gegenstand”
proposé ensuite (enl969)par Gam2 516b n ’ améliore
pas la situation. Cp. KahaneByz 389, n° 82 ?
Quant à la chose, on constate que le terme afr.
désigne un récipient ou un emballage fait de grosse
corde de chanvre, de teille et sim., sans doute de
facture grossière (v. ci-dessous). Le sens de “sorte
de bouclier”, mis en doute et relégué dans une note
par Wartburg («Das würde wohl voraussetzen, dass
diese schilde ursprünglich geflochten waren; doch
haben wir hierfür keine anhaltspunkte»), s'intégre
bien: la seule att. alors connue est tirée des Assises
de Jérusalem, la targe ou plutôt le pavois mentionné
est expressément fenestré, et dans l’environnement
visé un pavois éventuellement tressé ne semble pas
exceptionnel12'.
Une identification avec un mit. HARACIUM
dérivé de 1t. mit. hara “porcherie” (v. -> HARAZ1)
se heurte surtout à la justification de l’évolution
sémantique (“porcherie” > *“clôtures tressées du
parc'”” > “objet tressé”). Une comparaison avec
certains matériaux réunis sous ERADICÀRE, FEW
3,234b, serait relativement plausible: afr. aragis “lieu
'2,Faute de temps, nous n’avons pu rechercher de
preuves (mais v. Gay 2,9a ‘harasse quelque fois
fenestrée’, et une targe fixe tressée, déb. 15es. ? Z.
Drobnâet al.,Mediev. costume...,London21962,pl.
VI 30). Il va de soi que le développement de sens de
"panier” ou de “paroi tressée” à “targe (fenestrée)”
est possible, même si la targe n’est pas tressée.
l3,Cp. Vendôme haras “enclos mobile dans lequel
on parque les cochons au marché” à côté de “caisse
d'emballage pour poteries”, FEW 16,238b.
nouvellement défriché” ( 1260 MenReims)<4) et sim.,
mais le chemin de “taillis” à “(jeunes) branchages du
taillis” et “objet (outil) tressé” serait à documenter.]
(harace lert. 13es. [ms. déb. 14es.] NoomenFabl
6,85,304; AssJérJIbB p. 166; 167; doc. 1358 Gdf,
[harache ImpArtB 783; 877, v. ci-dessous; doc.
1399 Gdf], harase AssJérJIbB p. 166var.) ♦ [1°
"réceptacle fait de corde nouée ou de vannerie
ajourée, pouvant servir à hisser des fardeaux (en
construction: pierres, poutres), éventuellement aussi
à transporter et protéger des pots de terre cuite”
(surtout pic., 1358 - 1542, doc. Valenciennes 1358
Gdf [pour cordes de kavene pour le cloke et
pour autres cordes de kavene a faire haraces, en
construction]; doc. Lille 1399 Gdf; ib. [une harache
de tille]', ib. [une harache a saquierpierres amont sur
une porte]; doc. Béthune 1444 Gdf [quatre cordes de
canvre pour faire haraches a saquier amont les grans
sommiers d’une tour]; ib.; BonBergL7 3 [impr. 1542:
La panetiere (à mettre la nourriture du berger et de
son chien) doit estre de cordelle trelliee et nouee
au droit neu, en maniéré de la harace au potier
de terre', = impr. Vostre déb. 16es. p.53 (vérifié)],
Gdf 4,417a; TL 4,898; FEW 16,238b, survit dans les
dial, d’oïl et, sous la forme de harasse, en frm.)]; ♦
nom propre [Attribution incertaine, cp. harace, -o-
HARA1.] (doc. art. 1295 - 1302 ImpArtB 783 [(rôle
d'impôt) [Estevenes Harache]', 877]). ♦ 2° “pavois
(grande targe) rectangulaire (fenestré)” (lert. 13es.
- déb. 14es. (ms.), NoomenFabl 6,85,304 [(dans un
duel) Dan Guiz feri premièrement Bernart en son
escu devant... lou reva ferir Bernart... Et cil (B.)
H cort comme desvez, Si a gité jus sa harace, A .ij.
braz par lo bu l’enbrace, champ., ms. déb. 14es.];
mil. 13es. AssJérJIbB ch. 102, p. 166 [(règles pour le
combat judiciaire) une targe plus grantde lui demi pié
ouplainpaume, que l’on apelle harace (var. mss. fin
13es. et déb. 14es. harase), en lequel ait deus pertuis
de comunal grant en tel endreit que il puisse veir son
adversaire par ciaus pertuis... et deus espees, l’une
ceinte... et l’autre atachié a son escu (var. ms. fin
13es. harace); 167, DC 4,166a [AssJér, cit. sans doute
modernisée: harasse]', TL 4,898 [AssJér < DC]; Gay
2,9a [cit. prob. modernisée; autre source que DC:
harasse]', Lac 7,17b [AssJér: harasse]; Gdf 4,417a
[AssJérJIbB: harace, var. harase]; FEW 16,238b ni
(4)Le FEW définit “plant arraché pour être re-
planté ailleurs”. La compilation d’informations de
sources diverses (DG, TL, GdfC) y a abouti à
l’enregistrement supplémentaire d’un ‘afr. arracheiz’
qui est un mot-vedette reconstruit précisément sur la
base de aragis. Les déf. diverses proviennent de la
variété des sources secondaires.
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pas confondre ce mot (à comparer got. hrôt “toit”)
avec aha. cratto, crezzo “corbeille” (glose cartallum,
canistrum, à dater, 1 les. ?, StarckWells; Pokomy 386,
aussi aangl. cradol “cradle”, etc.), mot qui inspirait
prob. Gamillscheg (v. Gam2 516b) et qui convient
du point de vue sémantique. Mais les éléments
phonétiques nécessaires pour justifier l’étymologie
font défaut: ce groupe de mots ne semble pas attesté
avec hr-; le FEW ne fournit pas d’exemple d’une
évolution de hr- à har-; un équivalent abfrq. aurait
la forme *krato qui n’aboutirait pas à harace; un
emprunt à l’aha. avec affriquée dentale est à justifier
(il a dû se produire entre l’affrication, 6e-7es., et la
chute du h-, déb. 9es., s’il en avait un). Le mnéerl. en
tout cas connaît ce mot sous la forme cratte “récipient
tressé; etc.” (VerVer 3,2065), le mha. sous celle de
kratze “sorte d'outil de mineur, prob. de corde, prob.
panier en forme de filet” (ms. lert. 14es., Bergm., cod.
Pal. Germ., cp. Find), kretze “panier porté sur le dos”
(4eq. 13es., Jansen Enikel, MGH, cp. Find), etc. Le
dérivé anord. *HRATJA “geflochtener Gegenstand”
proposé ensuite (enl969)par Gam2 516b n ’ améliore
pas la situation. Cp. KahaneByz 389, n° 82 ?
Quant à la chose, on constate que le terme afr.
désigne un récipient ou un emballage fait de grosse
corde de chanvre, de teille et sim., sans doute de
facture grossière (v. ci-dessous). Le sens de “sorte
de bouclier”, mis en doute et relégué dans une note
par Wartburg («Das würde wohl voraussetzen, dass
diese schilde ursprünglich geflochten waren; doch
haben wir hierfür keine anhaltspunkte»), s'intégre
bien: la seule att. alors connue est tirée des Assises
de Jérusalem, la targe ou plutôt le pavois mentionné
est expressément fenestré, et dans l’environnement
visé un pavois éventuellement tressé ne semble pas
exceptionnel12'.
Une identification avec un mit. HARACIUM
dérivé de 1t. mit. hara “porcherie” (v. -> HARAZ1)
se heurte surtout à la justification de l’évolution
sémantique (“porcherie” > *“clôtures tressées du
parc'”” > “objet tressé”). Une comparaison avec
certains matériaux réunis sous ERADICÀRE, FEW
3,234b, serait relativement plausible: afr. aragis “lieu
'2,Faute de temps, nous n’avons pu rechercher de
preuves (mais v. Gay 2,9a ‘harasse quelque fois
fenestrée’, et une targe fixe tressée, déb. 15es. ? Z.
Drobnâet al.,Mediev. costume...,London21962,pl.
VI 30). Il va de soi que le développement de sens de
"panier” ou de “paroi tressée” à “targe (fenestrée)”
est possible, même si la targe n’est pas tressée.
l3,Cp. Vendôme haras “enclos mobile dans lequel
on parque les cochons au marché” à côté de “caisse
d'emballage pour poteries”, FEW 16,238b.
nouvellement défriché” ( 1260 MenReims)<4) et sim.,
mais le chemin de “taillis” à “(jeunes) branchages du
taillis” et “objet (outil) tressé” serait à documenter.]
(harace lert. 13es. [ms. déb. 14es.] NoomenFabl
6,85,304; AssJérJIbB p. 166; 167; doc. 1358 Gdf,
[harache ImpArtB 783; 877, v. ci-dessous; doc.
1399 Gdf], harase AssJérJIbB p. 166var.) ♦ [1°
"réceptacle fait de corde nouée ou de vannerie
ajourée, pouvant servir à hisser des fardeaux (en
construction: pierres, poutres), éventuellement aussi
à transporter et protéger des pots de terre cuite”
(surtout pic., 1358 - 1542, doc. Valenciennes 1358
Gdf [pour cordes de kavene pour le cloke et
pour autres cordes de kavene a faire haraces, en
construction]; doc. Lille 1399 Gdf; ib. [une harache
de tille]', ib. [une harache a saquierpierres amont sur
une porte]; doc. Béthune 1444 Gdf [quatre cordes de
canvre pour faire haraches a saquier amont les grans
sommiers d’une tour]; ib.; BonBergL7 3 [impr. 1542:
La panetiere (à mettre la nourriture du berger et de
son chien) doit estre de cordelle trelliee et nouee
au droit neu, en maniéré de la harace au potier
de terre', = impr. Vostre déb. 16es. p.53 (vérifié)],
Gdf 4,417a; TL 4,898; FEW 16,238b, survit dans les
dial, d’oïl et, sous la forme de harasse, en frm.)]; ♦
nom propre [Attribution incertaine, cp. harace, -o-
HARA1.] (doc. art. 1295 - 1302 ImpArtB 783 [(rôle
d'impôt) [Estevenes Harache]', 877]). ♦ 2° “pavois
(grande targe) rectangulaire (fenestré)” (lert. 13es.
- déb. 14es. (ms.), NoomenFabl 6,85,304 [(dans un
duel) Dan Guiz feri premièrement Bernart en son
escu devant... lou reva ferir Bernart... Et cil (B.)
H cort comme desvez, Si a gité jus sa harace, A .ij.
braz par lo bu l’enbrace, champ., ms. déb. 14es.];
mil. 13es. AssJérJIbB ch. 102, p. 166 [(règles pour le
combat judiciaire) une targe plus grantde lui demi pié
ouplainpaume, que l’on apelle harace (var. mss. fin
13es. et déb. 14es. harase), en lequel ait deus pertuis
de comunal grant en tel endreit que il puisse veir son
adversaire par ciaus pertuis... et deus espees, l’une
ceinte... et l’autre atachié a son escu (var. ms. fin
13es. harace); 167, DC 4,166a [AssJér, cit. sans doute
modernisée: harasse]', TL 4,898 [AssJér < DC]; Gay
2,9a [cit. prob. modernisée; autre source que DC:
harasse]', Lac 7,17b [AssJér: harasse]; Gdf 4,417a
[AssJérJIbB: harace, var. harase]; FEW 16,238b ni
(4)Le FEW définit “plant arraché pour être re-
planté ailleurs”. La compilation d’informations de
sources diverses (DG, TL, GdfC) y a abouti à
l’enregistrement supplémentaire d’un ‘afr. arracheiz’
qui est un mot-vedette reconstruit précisément sur la
base de aragis. Les déf. diverses proviennent de la
variété des sources secondaires.
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