HARAZ1
[compile la forme d’après Gdf, le renvoi d’après
Gay]). — Môhren.
HARAZ* 1 * * * m
[Même mot que mit. HARACIUM “grex equorum”
(dès 1139, DC 4,165c(l); LathamDict 1134c; Delisle
227n35 ms. 13es.). C’est un dérivé en -ÀCIU,
suffixe à valeur collective qui se rencontre dans
des désignations d’outils, de groupements, etc., cp.
plumacium “coussin” (FEW 9,91 x\AY),borraz “tissu
fait de bourre”, femeraz “fumier” (Gdf 4,180c), etc.
(suffixe encore mal étudié, v. MLFrGr II2 172; Nyrop
3, § 178; Bald; etc.12'). La variante à -as reflète le
développement secondaire de |ts] à [s] (déb. 13es.):
les att. en sont plus récentes (FEW -as seulement,
malgré BW1’5 * * * * *: cela fausse le point de départ pour
une explication étymologique13’). Le radical semble
devoir s’identifier avec 1t. HARA f. “parc, enclos
(pour des animaux domestiques, spécialement pour
des porcs)” (ThesLL 63,25 25), mot encore vivant
au moyen âge (v. LathamDict: 12es.; DC 4,165c
doc. Rodez 1301, ... in... lacis & haris & rebus
a dictis locis, territoriis, pertinenciis, Hist. d’Auv.,
éd. Baluze 1708, 2,556, prob. “enclos”, DC: “haras”;
hara : porcherie 15es.; hara cunicularia 1467; cf. it.
"'Dans Vincent de Beauvais, Spec. hist. 1. xxx,
ch. 143, impr. Douai 1624, le sens n’est pas “trou-
peau” mais “enclos (à chevaux)”: en Turquie un Ad-
miraldus «ponebat ad praesepe suum hordeaceum
10. millia arietum, exceptis ahis qui erant in pascuis.
Idem quoque 10. millia equorum ad prçsepe suum
hordeaceum, praeter illos qui erant in pascuis & in
haracijs». — Niermeyer 480b extrait de DC une att.
au hasard, comme il en a l’habitude. Son entrée se ht
«HARACIUM(vascon. [!] < arab.): “haras- stud”. Gre-
gor. Turon. Hist. Franc, lib. 8 c.40». Les Historiae da-
tent d’avant la mort de Grégoire en 594. Qu’elles con-
tiennent un mot dit arabe peut surprendre (Mahomet
étant alors dans son cinquième lustre). Niermeyer a
prob. retenu cette att. de DC parce qu’elle lui parais-
sait la plus ancienne. Mais encore faut-il lire DC cor-
rectement: haracia appartient à la métalangue de DC;
1 ’ att. est donnée par intérêt onomasiologique et ency-
clopédique: Greg. Tur. Hist. VIII 40 contient iumen-
torumfiscalium costodes “gardiens de l’écurie royale
(ou seigneuriale)” (éd. Krusch/Buchner 2,216,19).
(Cp. le cas de griseus, GRIS, DEAF G 1415,13.)
l2’SammetSuff 18 chanevaz et sim., mais aussi
une 'formation secondaire’: antrelaz'- Seul utile:
GamWortb 38-47.
(3lC’est la fausse date ca. 1180 pour AlexParL qui
peut induire en erreur (correcte dans TLF 9,675b).
hara “porcile” [Arioste éd. Segre 43,58, 6 [concerne
Circé], TomBel 1,555b]). Cet étymon avait été rejeté
par Diez qui ne pouvait concilier l’idée d’un réduit,
d’une loge (maçonnée) à porcs (= ail. Koberi) avec
celle d’un troupeau reproducteur de chevaux: il lui
manquait des informations encyclopédiques et les
données fournies par DC. La dérivation en -âciu
a p.-ê. été inspirée par equicium “grex equorum”
(DC 3,283b; equitium DC 3,284b), parallèle qui a
pu entraîner en même temps la restriction du sens
(“enclos” > “enclos à chevaux”)(4).
Le FEW propose une étymologie reposant sur des
arguments fragiles (16,174a): l’étymon du radical,
anord. HARR “qui a des cheveux gris”, y est avancé
avec hésitation [le sens de hârr est plutôt “gris (par
1 ’ âge); digne”, v. Jôhannesson 197; jamais dit de poils
d’animaux]; la comparaison avec gris n’est pas va-
lable, v. DEAF G 1418,18; etc.; les groupements
de mots par types numérotés, 1. haras “haras”, 2.
haridelle “mauvais cheval”, 3. harin “mauvais petit
cheval”, 4. harou “vieux cheval”, 5. harouque “vieille
jument étique”, 6. harique “haridelle”, 7. harote
“mauvais cheval”, y sont commentés sur la base de
la géographie linguistique: groupe 7, attesté à l’écart
(wall. loir.) des autres (surtout norm. et Centre),
ne dériverait p.-ê. pas du même étymon (difficile
à admettre: 2 à 7 forment un groupe); le groupe
1 ‘élévage de chevaux’ à côté des groupes 2 à 7
‘mauvais cheval’ suggérerait une origine commune
(!); les suffixes resteraient inexpliqués. En effet, si -az
est correctement identifié avec -âciu, une dérivation
partant d’un adj. de couleur est difficile. De plus, il
semble que Wartburg n’a plus su retrouver la trace
de l’att. de ^harace “cheval bai” donnée par Bloch
dans BW!hI sub HARIDELLE (l’att. vient de Millet:
erreur basée sur Gdf: GIGlasg err., v. ci-dessous). Le
h- de haras et aussi des autres mots groupés par le
FEW est bien un h- anti-hiatique, mais il n’est pas
stable (att. 1t. et fr. avec a-) et ne saurait décider
de l’étymologie (prémisse: h aspiré = étym. germ.).
l4lCp. -> HARACE et cf. ib. note 3 (Vendôme haras
“enclos mobile dans lequel on parque les cochons
au marché”). — Une autre désignation du haras est
iverie (Gdf 4,622c: GuillTyrP I 7 p. 13 iverie = 1t.
equitia; IX 12 p. 312 = 1t. phalanges', doc. 1337
la hyverie [h anti-hiatique]). Aussi equarium, doc.
1t. norm. 1086 Delisle 226n26. La Normandie était
connue pour ses haras, cf. Delisle 227n32 (n33 : doc.
ca. 1155 do... decimam pullorum equarum mearum
silvestrium, ‘sauvages’ selon Delisle, mais plutôt
‘tenues en forêt’). Cet élévage est p.-ê. à l’origine
du grand nombre d’att. du mot haraz en Normandie
(la même remarque vaut pour equitium, etc.).
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[compile la forme d’après Gdf, le renvoi d’après
Gay]). — Môhren.
HARAZ* 1 * * * m
[Même mot que mit. HARACIUM “grex equorum”
(dès 1139, DC 4,165c(l); LathamDict 1134c; Delisle
227n35 ms. 13es.). C’est un dérivé en -ÀCIU,
suffixe à valeur collective qui se rencontre dans
des désignations d’outils, de groupements, etc., cp.
plumacium “coussin” (FEW 9,91 x\AY),borraz “tissu
fait de bourre”, femeraz “fumier” (Gdf 4,180c), etc.
(suffixe encore mal étudié, v. MLFrGr II2 172; Nyrop
3, § 178; Bald; etc.12'). La variante à -as reflète le
développement secondaire de |ts] à [s] (déb. 13es.):
les att. en sont plus récentes (FEW -as seulement,
malgré BW1’5 * * * * *: cela fausse le point de départ pour
une explication étymologique13’). Le radical semble
devoir s’identifier avec 1t. HARA f. “parc, enclos
(pour des animaux domestiques, spécialement pour
des porcs)” (ThesLL 63,25 25), mot encore vivant
au moyen âge (v. LathamDict: 12es.; DC 4,165c
doc. Rodez 1301, ... in... lacis & haris & rebus
a dictis locis, territoriis, pertinenciis, Hist. d’Auv.,
éd. Baluze 1708, 2,556, prob. “enclos”, DC: “haras”;
hara : porcherie 15es.; hara cunicularia 1467; cf. it.
"'Dans Vincent de Beauvais, Spec. hist. 1. xxx,
ch. 143, impr. Douai 1624, le sens n’est pas “trou-
peau” mais “enclos (à chevaux)”: en Turquie un Ad-
miraldus «ponebat ad praesepe suum hordeaceum
10. millia arietum, exceptis ahis qui erant in pascuis.
Idem quoque 10. millia equorum ad prçsepe suum
hordeaceum, praeter illos qui erant in pascuis & in
haracijs». — Niermeyer 480b extrait de DC une att.
au hasard, comme il en a l’habitude. Son entrée se ht
«HARACIUM(vascon. [!] < arab.): “haras- stud”. Gre-
gor. Turon. Hist. Franc, lib. 8 c.40». Les Historiae da-
tent d’avant la mort de Grégoire en 594. Qu’elles con-
tiennent un mot dit arabe peut surprendre (Mahomet
étant alors dans son cinquième lustre). Niermeyer a
prob. retenu cette att. de DC parce qu’elle lui parais-
sait la plus ancienne. Mais encore faut-il lire DC cor-
rectement: haracia appartient à la métalangue de DC;
1 ’ att. est donnée par intérêt onomasiologique et ency-
clopédique: Greg. Tur. Hist. VIII 40 contient iumen-
torumfiscalium costodes “gardiens de l’écurie royale
(ou seigneuriale)” (éd. Krusch/Buchner 2,216,19).
(Cp. le cas de griseus, GRIS, DEAF G 1415,13.)
l2’SammetSuff 18 chanevaz et sim., mais aussi
une 'formation secondaire’: antrelaz'- Seul utile:
GamWortb 38-47.
(3lC’est la fausse date ca. 1180 pour AlexParL qui
peut induire en erreur (correcte dans TLF 9,675b).
hara “porcile” [Arioste éd. Segre 43,58, 6 [concerne
Circé], TomBel 1,555b]). Cet étymon avait été rejeté
par Diez qui ne pouvait concilier l’idée d’un réduit,
d’une loge (maçonnée) à porcs (= ail. Koberi) avec
celle d’un troupeau reproducteur de chevaux: il lui
manquait des informations encyclopédiques et les
données fournies par DC. La dérivation en -âciu
a p.-ê. été inspirée par equicium “grex equorum”
(DC 3,283b; equitium DC 3,284b), parallèle qui a
pu entraîner en même temps la restriction du sens
(“enclos” > “enclos à chevaux”)(4).
Le FEW propose une étymologie reposant sur des
arguments fragiles (16,174a): l’étymon du radical,
anord. HARR “qui a des cheveux gris”, y est avancé
avec hésitation [le sens de hârr est plutôt “gris (par
1 ’ âge); digne”, v. Jôhannesson 197; jamais dit de poils
d’animaux]; la comparaison avec gris n’est pas va-
lable, v. DEAF G 1418,18; etc.; les groupements
de mots par types numérotés, 1. haras “haras”, 2.
haridelle “mauvais cheval”, 3. harin “mauvais petit
cheval”, 4. harou “vieux cheval”, 5. harouque “vieille
jument étique”, 6. harique “haridelle”, 7. harote
“mauvais cheval”, y sont commentés sur la base de
la géographie linguistique: groupe 7, attesté à l’écart
(wall. loir.) des autres (surtout norm. et Centre),
ne dériverait p.-ê. pas du même étymon (difficile
à admettre: 2 à 7 forment un groupe); le groupe
1 ‘élévage de chevaux’ à côté des groupes 2 à 7
‘mauvais cheval’ suggérerait une origine commune
(!); les suffixes resteraient inexpliqués. En effet, si -az
est correctement identifié avec -âciu, une dérivation
partant d’un adj. de couleur est difficile. De plus, il
semble que Wartburg n’a plus su retrouver la trace
de l’att. de ^harace “cheval bai” donnée par Bloch
dans BW!hI sub HARIDELLE (l’att. vient de Millet:
erreur basée sur Gdf: GIGlasg err., v. ci-dessous). Le
h- de haras et aussi des autres mots groupés par le
FEW est bien un h- anti-hiatique, mais il n’est pas
stable (att. 1t. et fr. avec a-) et ne saurait décider
de l’étymologie (prémisse: h aspiré = étym. germ.).
l4lCp. -> HARACE et cf. ib. note 3 (Vendôme haras
“enclos mobile dans lequel on parque les cochons
au marché”). — Une autre désignation du haras est
iverie (Gdf 4,622c: GuillTyrP I 7 p. 13 iverie = 1t.
equitia; IX 12 p. 312 = 1t. phalanges', doc. 1337
la hyverie [h anti-hiatique]). Aussi equarium, doc.
1t. norm. 1086 Delisle 226n26. La Normandie était
connue pour ses haras, cf. Delisle 227n32 (n33 : doc.
ca. 1155 do... decimam pullorum equarum mearum
silvestrium, ‘sauvages’ selon Delisle, mais plutôt
‘tenues en forêt’). Cet élévage est p.-ê. à l’origine
du grand nombre d’att. du mot haraz en Normandie
(la même remarque vaut pour equitium, etc.).
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