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j’espère qu’elle a rendu à la Wallonie, conscience de son
glorieux passé méconnu et stimulé ainsi les possibilités de
l’avenir.
Ils nous ont pris les emplois publics. Partant de ce principe
juste : que le fonctionnaire est fait pour Ie citoyen et non le
citoyen pour le fonctionnaire, ils ont exigé que tout agent de
l’Etat connût les deux langues, en Flandre d’abord, dans tout lc
pays ensuite. A multiples reprises, cette exigence s’est mani-
festée, toujours plus impérieuse. Sa conséquence directe, c’est
l’exclusion des emplois publics de ces deux millions de Wallons
qui ne comprennent que le français. Nul n’est forcé d’être fonc-
tionnaire, me dira-t-on, et si le Wallon le veut devenir, qu’il
apprenne le flamand! Le raisonnement est plausible en théorie,
mais il ne tient pas compte des faits. Le premier fait, qu’on peut
déplorer, mais qu’on doit constater, c’est la répugnance mar-
quée que le Wallon a pour l’étude de Ia langue flamande. Le
second fait, c’est que les Flamands des grandes villes se trou-
vent, pour apprendre le français, dans des conditions infiniment
plus favorables que le Wallon désireux d’apprendre le flamand.
Le troisième fait, enfm, c’est qu’il est déraisonnable d’exiger
le bilinguisme de toute une série de fonctionnaires et d’agents
qui ne sont pas en rapports directs et fréquents avec des popu-
lations bilingues. La vérité, c’est qu’il serait à souhaiter cpie
le juge d’instruction, le gendarme chargé de faire une enquête,
le juge de paix connussent les patois de leur région ; mais qui
donc se souciera de cette application saine et pratique de la
règle que j’énonçais au début de ce paragraphe ? Ce sont des
examens sur le néerlandais littéraire qu’on exigera des fonc-
tionnaires, des plus modestes agents d’autorité ou de gestion,
d’un garde-barrière d’un passage à niveau en Wallonie, du
grefficr du conseil de prud’hommes d’appel ! Et ainsi quand la
rigueur des principes théoriques remplace la bonne volonté,
l’exigence devient blessante et vexatoire et les Wallons se trou-
vent et se trouveront de plus en plus écartés, en Flandre et en
Wallonie même, des emplois publics.
Ils nous ont pris notre argent. Nous payons tribut,ainsiqu’un
peuple vaincu. Geux qui s’occupent de ces calculs ardus ont
maintes fois prétendu que la Wallonie payait plus à l’E'at
qu’elle n’en recevait. Ils sont comparé les dépenses faites par
le Trésor public dans le nord et dans le sud du pays. Ils ont dit
que la Wallonie était sacrifiée. Ge sont questions complexes et
d’une étude malaisée. La comptabilité étant unique, il est péi it-
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j’espère qu’elle a rendu à la Wallonie, conscience de son
glorieux passé méconnu et stimulé ainsi les possibilités de
l’avenir.
Ils nous ont pris les emplois publics. Partant de ce principe
juste : que le fonctionnaire est fait pour Ie citoyen et non le
citoyen pour le fonctionnaire, ils ont exigé que tout agent de
l’Etat connût les deux langues, en Flandre d’abord, dans tout lc
pays ensuite. A multiples reprises, cette exigence s’est mani-
festée, toujours plus impérieuse. Sa conséquence directe, c’est
l’exclusion des emplois publics de ces deux millions de Wallons
qui ne comprennent que le français. Nul n’est forcé d’être fonc-
tionnaire, me dira-t-on, et si le Wallon le veut devenir, qu’il
apprenne le flamand! Le raisonnement est plausible en théorie,
mais il ne tient pas compte des faits. Le premier fait, qu’on peut
déplorer, mais qu’on doit constater, c’est la répugnance mar-
quée que le Wallon a pour l’étude de Ia langue flamande. Le
second fait, c’est que les Flamands des grandes villes se trou-
vent, pour apprendre le français, dans des conditions infiniment
plus favorables que le Wallon désireux d’apprendre le flamand.
Le troisième fait, enfm, c’est qu’il est déraisonnable d’exiger
le bilinguisme de toute une série de fonctionnaires et d’agents
qui ne sont pas en rapports directs et fréquents avec des popu-
lations bilingues. La vérité, c’est qu’il serait à souhaiter cpie
le juge d’instruction, le gendarme chargé de faire une enquête,
le juge de paix connussent les patois de leur région ; mais qui
donc se souciera de cette application saine et pratique de la
règle que j’énonçais au début de ce paragraphe ? Ce sont des
examens sur le néerlandais littéraire qu’on exigera des fonc-
tionnaires, des plus modestes agents d’autorité ou de gestion,
d’un garde-barrière d’un passage à niveau en Wallonie, du
grefficr du conseil de prud’hommes d’appel ! Et ainsi quand la
rigueur des principes théoriques remplace la bonne volonté,
l’exigence devient blessante et vexatoire et les Wallons se trou-
vent et se trouveront de plus en plus écartés, en Flandre et en
Wallonie même, des emplois publics.
Ils nous ont pris notre argent. Nous payons tribut,ainsiqu’un
peuple vaincu. Geux qui s’occupent de ces calculs ardus ont
maintes fois prétendu que la Wallonie payait plus à l’E'at
qu’elle n’en recevait. Ils sont comparé les dépenses faites par
le Trésor public dans le nord et dans le sud du pays. Ils ont dit
que la Wallonie était sacrifiée. Ge sont questions complexes et
d’une étude malaisée. La comptabilité étant unique, il est péi it-
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