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CHRONIQUE DES EXPOSITIONS, ETC.
souvent necessaire de la couleur artificielle ä preter aux differentes
parties du monument, pour qu’elles puissent toutes s’harmoniser
entre elles. L’assemblee semblait moins disposee de prime-abord
ä admettre ou ä encourager la peinture des sujets histories, vu
la difficulte que souvent presente cette entreprise et le nombre
dejä relativement considerable dans notre pays de travaux de ce
genre, dont Fexecution ne repond pas ä Fattente de tout le monde.
La discussion allait devier sans doute de son veritable objet;
aussi nous sommes-nous crus autorises ä demander aux membres-
un vote sur la question de principe, a savoir comment on devait
juger le rapport dans lequel se trouve la peinture vis a vis de
Farchitecture. Cette question a ete heureusement tranchee et tous
furent d’accord ä declarer que la peinture est l’achevement desi-
rable de VedifiQe religieux. (1)
De la theorie passant alors ä la pratique, on s’occupa de la
restauration des monuments religieux au point de vue de la
polychromie. On eut soin des Tabord d’etablir une distinction :
il y a des eglises anciennes oü les traces de polychromie
existantes sont süffisantes pour permettre de comprendre l’idee de
l’artiste et d’achever son oeuvre. On se retrouve d’accord encore
cette fois pour decider ä la presque unanimite qu’il fallait con-
tinuer la decoration picturale et suivre la voie tracee par nos
devanciers.
Mais on rencontre d’autres edifices religieux et, il faut bien
l’avouer, en nombre considerable, oü le decor interieur, s’il a jamais
existe, a completement disparu, ou bien dont il ne reste plus que
quelques traits bien vagues et absolument insuffisants, pour traduire
la premiere idee du peintre. Dans ce cas que faut-il faire? La
discussion reprit de plus belle; eile s’eleva vive et serree. La
solution qui semblait un instant devoir rallier la majorite des
suffrages, etait celle de M. Saintenoy qui etait d’avis, que dans ce
cas on ne pouvait polychromer qu’avec la plus grande reserve.
La phrase fut mal ^nterpretee, bien que l’idee füt evidente. L’au-
teur de la proposition demandait en effet, que dans les circon-
stances indiquees, on voulüt user de prudence et de reserve;
(1) La redaction que j’avais proposee dans mon memoire :
« L’architecture reclame, comme achevement necessaire de l’edihce
religieux, le concours de la peinture decorative » avait deplu ä
quelques membres ä cause du mot necessaire. Comme au fond
ma pensee etait bien celle qui etait exprimee dans la 2e redaction,
j’etais heureux de voir disparaitre un mot de nature ä blesser les
convictions de ceux qui ne partagent pas entierement mes idees
sur la polychromie.
CHRONIQUE DES EXPOSITIONS, ETC.
souvent necessaire de la couleur artificielle ä preter aux differentes
parties du monument, pour qu’elles puissent toutes s’harmoniser
entre elles. L’assemblee semblait moins disposee de prime-abord
ä admettre ou ä encourager la peinture des sujets histories, vu
la difficulte que souvent presente cette entreprise et le nombre
dejä relativement considerable dans notre pays de travaux de ce
genre, dont Fexecution ne repond pas ä Fattente de tout le monde.
La discussion allait devier sans doute de son veritable objet;
aussi nous sommes-nous crus autorises ä demander aux membres-
un vote sur la question de principe, a savoir comment on devait
juger le rapport dans lequel se trouve la peinture vis a vis de
Farchitecture. Cette question a ete heureusement tranchee et tous
furent d’accord ä declarer que la peinture est l’achevement desi-
rable de VedifiQe religieux. (1)
De la theorie passant alors ä la pratique, on s’occupa de la
restauration des monuments religieux au point de vue de la
polychromie. On eut soin des Tabord d’etablir une distinction :
il y a des eglises anciennes oü les traces de polychromie
existantes sont süffisantes pour permettre de comprendre l’idee de
l’artiste et d’achever son oeuvre. On se retrouve d’accord encore
cette fois pour decider ä la presque unanimite qu’il fallait con-
tinuer la decoration picturale et suivre la voie tracee par nos
devanciers.
Mais on rencontre d’autres edifices religieux et, il faut bien
l’avouer, en nombre considerable, oü le decor interieur, s’il a jamais
existe, a completement disparu, ou bien dont il ne reste plus que
quelques traits bien vagues et absolument insuffisants, pour traduire
la premiere idee du peintre. Dans ce cas que faut-il faire? La
discussion reprit de plus belle; eile s’eleva vive et serree. La
solution qui semblait un instant devoir rallier la majorite des
suffrages, etait celle de M. Saintenoy qui etait d’avis, que dans ce
cas on ne pouvait polychromer qu’avec la plus grande reserve.
La phrase fut mal ^nterpretee, bien que l’idee füt evidente. L’au-
teur de la proposition demandait en effet, que dans les circon-
stances indiquees, on voulüt user de prudence et de reserve;
(1) La redaction que j’avais proposee dans mon memoire :
« L’architecture reclame, comme achevement necessaire de l’edihce
religieux, le concours de la peinture decorative » avait deplu ä
quelques membres ä cause du mot necessaire. Comme au fond
ma pensee etait bien celle qui etait exprimee dans la 2e redaction,
j’etais heureux de voir disparaitre un mot de nature ä blesser les
convictions de ceux qui ne partagent pas entierement mes idees
sur la polychromie.