132 DE L’APPLICäTION DU NU EN SCULPTURE
Dans les gymnases on formait la jeunesse ä tous les arts de
la paix et de la guerre, et les athletes ainsi que tous les hommes
faits venaient s’y livrer aux lüttes et aux jeux qui constituaient
le goüt dominant de cette nation sobre et guerriere.
Les olympiques, ces jeux nationaux etablis, croyait-on, par
Hercule , reunissaient dans une union parfaite tous les Grecs,
suspendant les hostilites et servant de point de ralliement ä tout
ce peuple anime d’une emulation et d’un desir de victoire facile
ä comprendre, puisque le vainqueur etait fete ä l’egal des dieux.
Des prix de beaute etaient decernes chaque annee ä Lesbos,
ä Tenelos et ä Sparte et les jeunes gens et les jeunes filles y
concouraient dans une nudite complete. Helene, la plus belle des
jeunes Lacedemoniennes, y obtint le prix aux applauaissements
frenetiques d’une foule en delire et plus de cent pretendants, tous
princes, se presenterent pour obtenir sa main.
Enlin les danseuses thessaliennes dansaient nues aux banquets
des riches, et l’art de la danse jouit en Grece d’une teile faveur,
que les plus doctes philosophes ne craignirent pas de dire qu’ils
la consideraient comme necessaire pour donner de la gräce aux
mouvements du corps et qu’il fallait y penser avant meme que-
de songer ä orner l’esprit. ’
Les artistes avaient donc cönstamment sous les yeux des mo-
deles d’une beaute parfaite dans les poses les plus diverses, en
groupes gracieux et animes par le desir de briller et de remporter
la victoire si vivement disputee.
En copiant ce qui frappa sans cesse leurs regards, ils creerent
ceschefs-d’oeuvre de marbre, qui, apres plus de 2000 ans sont encore
consideres comme des modeles inimitables de perfection plastique
et de gräce.
De notre cote sommes-nous logiques en perpetuant ces prin-
cipes du nu dans notre statuaire moderne?
II est permis d’en douter; car, contrairement aux Grecs, notre
religion, nos mmurs et nos lois proscrivent la nudite et nous
qualifions d’immoral le moindre ecart ä ce principe.
L’individu qui aurait la fantaisie de se promener en athlete
dans nos rues, serait empoigne comme un malfaiteur, jete.en pri-
son et condamne pour outrage aux moeurs.
Notre climat en outre serait peu propuce ä cette simplicite par
trop primitive de parure, et ce n’est qu’ä renfort de chaudes en-
veloppes que nous parvenons ä dejouer les periidies de Boree.
L’homme du Nord a une repugnance invincible et certes bien na-
turelle pour le nu, puisque l’on peut dire qu’il nait, vit et meurt
habille. Ses vetements font en quelque sorte partie integrante de
son individu, et il applique tout son ari ä donner ä cette partie
si importante de son etre, les contours les plus flatteurs et les plus
en harmonie avec les caprices de son goüt.
Dans les gymnases on formait la jeunesse ä tous les arts de
la paix et de la guerre, et les athletes ainsi que tous les hommes
faits venaient s’y livrer aux lüttes et aux jeux qui constituaient
le goüt dominant de cette nation sobre et guerriere.
Les olympiques, ces jeux nationaux etablis, croyait-on, par
Hercule , reunissaient dans une union parfaite tous les Grecs,
suspendant les hostilites et servant de point de ralliement ä tout
ce peuple anime d’une emulation et d’un desir de victoire facile
ä comprendre, puisque le vainqueur etait fete ä l’egal des dieux.
Des prix de beaute etaient decernes chaque annee ä Lesbos,
ä Tenelos et ä Sparte et les jeunes gens et les jeunes filles y
concouraient dans une nudite complete. Helene, la plus belle des
jeunes Lacedemoniennes, y obtint le prix aux applauaissements
frenetiques d’une foule en delire et plus de cent pretendants, tous
princes, se presenterent pour obtenir sa main.
Enlin les danseuses thessaliennes dansaient nues aux banquets
des riches, et l’art de la danse jouit en Grece d’une teile faveur,
que les plus doctes philosophes ne craignirent pas de dire qu’ils
la consideraient comme necessaire pour donner de la gräce aux
mouvements du corps et qu’il fallait y penser avant meme que-
de songer ä orner l’esprit. ’
Les artistes avaient donc cönstamment sous les yeux des mo-
deles d’une beaute parfaite dans les poses les plus diverses, en
groupes gracieux et animes par le desir de briller et de remporter
la victoire si vivement disputee.
En copiant ce qui frappa sans cesse leurs regards, ils creerent
ceschefs-d’oeuvre de marbre, qui, apres plus de 2000 ans sont encore
consideres comme des modeles inimitables de perfection plastique
et de gräce.
De notre cote sommes-nous logiques en perpetuant ces prin-
cipes du nu dans notre statuaire moderne?
II est permis d’en douter; car, contrairement aux Grecs, notre
religion, nos mmurs et nos lois proscrivent la nudite et nous
qualifions d’immoral le moindre ecart ä ce principe.
L’individu qui aurait la fantaisie de se promener en athlete
dans nos rues, serait empoigne comme un malfaiteur, jete.en pri-
son et condamne pour outrage aux moeurs.
Notre climat en outre serait peu propuce ä cette simplicite par
trop primitive de parure, et ce n’est qu’ä renfort de chaudes en-
veloppes que nous parvenons ä dejouer les periidies de Boree.
L’homme du Nord a une repugnance invincible et certes bien na-
turelle pour le nu, puisque l’on peut dire qu’il nait, vit et meurt
habille. Ses vetements font en quelque sorte partie integrante de
son individu, et il applique tout son ari ä donner ä cette partie
si importante de son etre, les contours les plus flatteurs et les plus
en harmonie avec les caprices de son goüt.