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Ziętkiewicz-Kotz, Joanna: Un psautier-livre d'heures enluminé franc̨ais du XIII siècle dans la Bibliothèque Czartoryski de Cracovie (ms. 3466)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.20619#0028
8. Sainte Catherine d’Alexandrie, psautier-livre cTheures. Cracovie,
Bibl. Czartoryski, ms. 3466, fol. 16 (photo R. Rymut)
9. Sainte Catherine dAlexandrie, missel. Arras, Bibliotheąue
Municipale, ms. 309, fol. 102 (photo Arras, BM)
personnifications du soleil - sol et de la lunę - luna qui
correspondent au genre que ces termes ont en latin, ne
sont pas rares (cf. ill. 6), ainsi est-il permis de supposer
que nos anges «masculin» et «feminin» sont, dans notre
cas, une fusion inhabituelle de ces deux motifs. Quoique
tres rares, des representations semblables apparaissent
dans 1’iconographie medievale, dont temoigne la Cruci-
fbcion dans le missel du XIIIe siecle de Saint-Corneille de
Compiegne (Paris, BnF, lat. 17318; ill. 7) et les chapiteaux
du portail septentrional de la catheclrale de Chartres29.
Sainte Catherine d’Alexandrie, fol. 16 (le second pein-
tre; ill. 8).
La miniaturę du fol. 16 represente Catherine d’Alexan-
drie qui, dans un recueillement oratoire, fixe une col-
łine proche, sur laquelle un groupe de paiens (il est ques-
tion de quatre mille paiens dans la Vita de la sainte)
subit le supplice de la roue et des tonnerres qui tom-
laisse passer saint Pierre arrivć plus tard. Nous trouvons la comparai-
son de Jean a la Synagogue deja dans les homelies de Gregoire le
Grand (Gregoire le Grand, Homelies XXII). Cf. E. Małe, L’art reli-
gieux dn XIIIe siecle en France, 4e ed. Paris 1919, p. 231.
29 Je remercie Madame Helena Malkiewiczówna pour avoir attire
mon attention sur cette representation.
bent du ciel. Nous voyons la l’epreuve de la roue, epi-
sode de la legende de la sainte que les artistes meclie-
vaux reproduisaient volontiers. Nous voyons aussi un
ange qui apporte a la sainte une couronne de martyre.
Mais la martyre n’est pas soumise a la torturę et elle n’est
pas agenouillee, la nuque penchee sous 1’epee du bour-
reau, comme c’est le cas des nombreuses scenes consa-
crees a la vie de cette sainte.
Il est frappant que sur cette miniaturę Catherine est
denudee jusqu’a la taille, puisque ni la tradition
iconographique ni les renseignements contenus dans sa
Vie ne justifient le fait de montrer sa nudite. II semble
que celle-ci soit une reponse a la nudite du Christ dans
les scenes des feuillets precedents: la Flagellation et la
Crucifixion, a laquelle la miniaturę de sainte Catherine
constitue une sorte de pendant. Cette representation sem-
ble refleter 1’ideologie de 1’identification avec le Christ
et Sa souffrance, extremement vivace dans la spiritualite
franciscaine. De meme que les stigmates sur le corps de
saint Franęois d’Assise etaient une tracę de son identifi-
cation physique avec le Christ, la nudite de Catherine
evoquant le corps denude du Crucifie exprime son union
spirituelle avec le Sauveur. Le fait que 1’instrument de
torturę prevu pour la sainte ait ete figurę sur une colłine
peut servir a etayer cette ideologie en tant qu’allusion
24
Bibl. Czartoryski, ms. 3466, fol. 16 (photo R. Rymut)
9. Sainte Catherine dAlexandrie, missel. Arras, Bibliotheąue
Municipale, ms. 309, fol. 102 (photo Arras, BM)
personnifications du soleil - sol et de la lunę - luna qui
correspondent au genre que ces termes ont en latin, ne
sont pas rares (cf. ill. 6), ainsi est-il permis de supposer
que nos anges «masculin» et «feminin» sont, dans notre
cas, une fusion inhabituelle de ces deux motifs. Quoique
tres rares, des representations semblables apparaissent
dans 1’iconographie medievale, dont temoigne la Cruci-
fbcion dans le missel du XIIIe siecle de Saint-Corneille de
Compiegne (Paris, BnF, lat. 17318; ill. 7) et les chapiteaux
du portail septentrional de la catheclrale de Chartres29.
Sainte Catherine d’Alexandrie, fol. 16 (le second pein-
tre; ill. 8).
La miniaturę du fol. 16 represente Catherine d’Alexan-
drie qui, dans un recueillement oratoire, fixe une col-
łine proche, sur laquelle un groupe de paiens (il est ques-
tion de quatre mille paiens dans la Vita de la sainte)
subit le supplice de la roue et des tonnerres qui tom-
laisse passer saint Pierre arrivć plus tard. Nous trouvons la comparai-
son de Jean a la Synagogue deja dans les homelies de Gregoire le
Grand (Gregoire le Grand, Homelies XXII). Cf. E. Małe, L’art reli-
gieux dn XIIIe siecle en France, 4e ed. Paris 1919, p. 231.
29 Je remercie Madame Helena Malkiewiczówna pour avoir attire
mon attention sur cette representation.
bent du ciel. Nous voyons la l’epreuve de la roue, epi-
sode de la legende de la sainte que les artistes meclie-
vaux reproduisaient volontiers. Nous voyons aussi un
ange qui apporte a la sainte une couronne de martyre.
Mais la martyre n’est pas soumise a la torturę et elle n’est
pas agenouillee, la nuque penchee sous 1’epee du bour-
reau, comme c’est le cas des nombreuses scenes consa-
crees a la vie de cette sainte.
Il est frappant que sur cette miniaturę Catherine est
denudee jusqu’a la taille, puisque ni la tradition
iconographique ni les renseignements contenus dans sa
Vie ne justifient le fait de montrer sa nudite. II semble
que celle-ci soit une reponse a la nudite du Christ dans
les scenes des feuillets precedents: la Flagellation et la
Crucifixion, a laquelle la miniaturę de sainte Catherine
constitue une sorte de pendant. Cette representation sem-
ble refleter 1’ideologie de 1’identification avec le Christ
et Sa souffrance, extremement vivace dans la spiritualite
franciscaine. De meme que les stigmates sur le corps de
saint Franęois d’Assise etaient une tracę de son identifi-
cation physique avec le Christ, la nudite de Catherine
evoquant le corps denude du Crucifie exprime son union
spirituelle avec le Sauveur. Le fait que 1’instrument de
torturę prevu pour la sainte ait ete figurę sur une colłine
peut servir a etayer cette ideologie en tant qu’allusion
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