10. Descente de Croix, psautier-livre cTheures. Cracovie,
Bibl. Czartoryski, ms. 3466, fol. 105 (photo R. Rymut)
11. Descente de Croix, Psautier de Blanche de Castille.
Paris, Bibliotheąue de 1’Arsenal, ms. 1186, fol. 24
(photo Bibl. de 1’Arsenal)
a 1’holocauste du Christ qui s’accomplit aussi sur un mont,
celui de Golgotha.
Une semblable representation de la sainte orne l’ini-
tiale G au fol. 102 dans un missel d’Arras execute vers
1270 (ill. 9)30. Catherine, denudee jusqu’a la taille, se tient
a genoux devant deux roues brisees par des tonnerres,
entre lesquelles nous voyons les corps des paiens; du
ciel figurę en haut de la scene, un ange apporte a la
sainte une couronne de martyre. Les ressemblances en-
tre ces deux scenes au niveau de la composition sont
frappantes et il parait qu’elles furent peintes selon le
meme modele. Les affinites du style entre ces deux ma-
nuscrits seront traitees plus loin.
La machinę qui devait servir au suppłice de la sainte
est extraordinaire elle aussi. D’habitude, on la represen-
tait soit symboliquement sous formę d’une roue, soit
comme construction composee de deux roues reliees par
un essieu. Les representations qui montrent quatre roues,
comme c’est le cas du manuscrit de Cracovie, ou bien
quatre moities de roue (allusion aux paroles de la le-
gende selon laquelle les roues ont ete eclatees par un
30 Arras, BM, ms. 309-
31 A. Vauchez, La spiritualite du Moyen Age Occidental, VLIF-
XIIIC siecles, Paris 1994.
tonnerre des cieux) sont extremement rares, elles font
neanmoins reference aux informations contenues dans
les textes hagiographiques en vertu clesquelles la ma-
chinę construite sur 1’ordre de 1’empereur Maximien et
clestinee au suppłice de Catherine devait etre composee
de quatre roues precisement.
II est clifficile cle qualifier la representation de sainte
Catherine dans notre manuscrit comme une scene de
martyre. C’est plutót une adaptation interessante et en
meme temps sortant de 1’orclinaire de sa legende, inter-
pretation qui cliverge des messages hagiographiques qui
la concernent, ayant moins pour but de montrer un epi-
sode de la vie de cette sainte que d’illustrer la concep-
tion, derivee de la pensee franciscaine, de s’identifier
au suppłice du Christ, 1’idee qui est un resultat de la
conviction selon laquelle c’est «un moyen privilegiepour
l’dme d’acceder, d travers la contemplation de Ihuma-
nite souffrante du Sauveur, a la contemplation de sa di-
vinite», clone a la sanctification31.
La Descente de Croix, fol. 105 (le second peintre;
ill. 10).
Les informations transmises par les Evangiles quant
a renlevement du corps du Christ de la croix ne sont
pas precises et clifferent. Cependant, les Evangiles sont
25
Bibl. Czartoryski, ms. 3466, fol. 105 (photo R. Rymut)
11. Descente de Croix, Psautier de Blanche de Castille.
Paris, Bibliotheąue de 1’Arsenal, ms. 1186, fol. 24
(photo Bibl. de 1’Arsenal)
a 1’holocauste du Christ qui s’accomplit aussi sur un mont,
celui de Golgotha.
Une semblable representation de la sainte orne l’ini-
tiale G au fol. 102 dans un missel d’Arras execute vers
1270 (ill. 9)30. Catherine, denudee jusqu’a la taille, se tient
a genoux devant deux roues brisees par des tonnerres,
entre lesquelles nous voyons les corps des paiens; du
ciel figurę en haut de la scene, un ange apporte a la
sainte une couronne de martyre. Les ressemblances en-
tre ces deux scenes au niveau de la composition sont
frappantes et il parait qu’elles furent peintes selon le
meme modele. Les affinites du style entre ces deux ma-
nuscrits seront traitees plus loin.
La machinę qui devait servir au suppłice de la sainte
est extraordinaire elle aussi. D’habitude, on la represen-
tait soit symboliquement sous formę d’une roue, soit
comme construction composee de deux roues reliees par
un essieu. Les representations qui montrent quatre roues,
comme c’est le cas du manuscrit de Cracovie, ou bien
quatre moities de roue (allusion aux paroles de la le-
gende selon laquelle les roues ont ete eclatees par un
30 Arras, BM, ms. 309-
31 A. Vauchez, La spiritualite du Moyen Age Occidental, VLIF-
XIIIC siecles, Paris 1994.
tonnerre des cieux) sont extremement rares, elles font
neanmoins reference aux informations contenues dans
les textes hagiographiques en vertu clesquelles la ma-
chinę construite sur 1’ordre de 1’empereur Maximien et
clestinee au suppłice de Catherine devait etre composee
de quatre roues precisement.
II est clifficile cle qualifier la representation de sainte
Catherine dans notre manuscrit comme une scene de
martyre. C’est plutót une adaptation interessante et en
meme temps sortant de 1’orclinaire de sa legende, inter-
pretation qui cliverge des messages hagiographiques qui
la concernent, ayant moins pour but de montrer un epi-
sode de la vie de cette sainte que d’illustrer la concep-
tion, derivee de la pensee franciscaine, de s’identifier
au suppłice du Christ, 1’idee qui est un resultat de la
conviction selon laquelle c’est «un moyen privilegiepour
l’dme d’acceder, d travers la contemplation de Ihuma-
nite souffrante du Sauveur, a la contemplation de sa di-
vinite», clone a la sanctification31.
La Descente de Croix, fol. 105 (le second peintre;
ill. 10).
Les informations transmises par les Evangiles quant
a renlevement du corps du Christ de la croix ne sont
pas precises et clifferent. Cependant, les Evangiles sont
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