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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Hrsg.]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Hrsg.]
Folia Historiae Artium — NS: 7.2001

DOI Artikel:
Ziętkiewicz-Kotz, Joanna: Un psautier-livre d'heures enluminé franc̨ais du XIII siècle dans la Bibliothèque Czartoryski de Cracovie (ms. 3466)
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https://doi.org/10.11588/diglit.20619#0035

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Les heures de Notre-Dame

Dans le cas de la premiere des devotions, 1’office
marial, le fait de consacrer aux saints le cycle des heu-
res doit etre considere comme un procede inhabituel,
puisąue, le plus souvent, il etait dedie a 1’enfance du
Christ. II est egalement difficile d’etablir 1’origine de cette
solution peu typiąue. Les cycles hagiographiąues etaient
populaires en Flandre ou, des les annees soixante du
XIIIe siecle, on les appliąua a la decoration des psau-
tiers46. Le faible degre d’avancement des recherches sur
la peinture du livre dans cette region ne permet pour-
tant pas de constater si et dans ąuelle mesure ils etaient
appliąues aussi a la decoration des heures. Peut-etre la
raison pour laąuelle 1’enlumineur resolut de situer les
scenes hagiographiąues a la place des representations
de 1’Enfance du Christ etait le fait que celles-ci figuraient
deja dans la serie des miniatures a pleine page au debut
du livre. Si effectivement telle fut la cause de ce chan-
gement, il semble chose naturelle d’avoir consacre aux
saints le cycle des heures, car ils occupaient une place
toute particuliere dans la vie spirituelle du Moyen Age.
«Tu conąuerras des amis nouveaux en venerant les saints
et en imitant leurs oeuvres» ecrivait Thomas a Kempis
dans son oeuvre Llmitation de Jesus-Christ. Une adora-
tion particuliere des saints etait un element essentiel de
la vie religieuse du Moyen Age.

La scene figuree dans 1’initiale qui ouvre les heures
de la Vierge (fol. 109; ill. 18) est, parmi les enluminures
du manuscrit, l’unique decoration representative47. Elle
montre une femme agenouillee, certainement la proprie-
taire du livre, en train de prier la Vierge a 1’Enfant. La
tenue modeste de la femme attire notre attention: elle
est vetue d’une robę grise et d’un manteau bleu clair, la
simplicite de cette misę evoquant 1’habit de religieuse,
mais son front est ceint d’un bandeau (toureż) caracte-
ristiąue des femmes mariees.

Dans le cas de representations de personnes lai'ques,
des scenes semblables d’adoration etaient pour les pro-
prietaires des livres une excellente occasion de se pre-
senter dans toute leur magnificence, voire de se faire
perenniser sur les pages du manuscrit sous formę de
quasi-portrait; tout compte fait, notamment dans la pe-
riode precoce, le fait de posseder ce livre etait une mar-
que de richesse et de ce fait, une raison de s’enor-
gueillir48. Nous connaissons de nombreuses enluminu-
res qui comportcnt des representations de proprietaires
de manuscrits, qui sont une demonstration de faste et
de richesse, pour ne citer que celle de Yolande de Sois-
sons en un splendide manteau dans le psautier-livre
d’heures execute pour elle vers le ąuatrieme quart du
XIIIe siecle (New York, Pierpont Morgan Library, ms. 729,
fol. 232v°), ou bien Madame Marie dans le livre qu’elle

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18. Adoration de la Vierge a l’Enfant, psautier-livre clheures.
Cracovie, Bibl. Czartoiyski, ms. 3466, fol. 109
(photo R. Rymut)

commanda et ou, pour peindre sa tenue, il fallut em-
ployer de 1’ocre, couleur utilisee dans le manuscrit que
sporadiąuement et d’une maniere tres econome49.

Pourtant, 1’image de la proprietaire du livre de Cra-
covie est tout le contraire des fastueuses imaginations
representatives, sa modestie evoque plutót les represen-
tations de religieuses qui prient que celles de łectrices
la'iques aisees. Etant donnę que la production d’un ma-
nuscrit enlumine au XIIIe siecle etait une entreprise
extremement couteuse et que, par conseąuent, la per-
sonne qui en commandait un devait disposer d’une for-
tunę importante, la ąuestion se pose de savoir quel etait
le statut social de la femme representee dans cette ini-
tiale.

Nous avons deja dit que sa coiffure excluait son ap-
partenance a 1’etat religieux, ainsi avons-nous affaire
a une femme mariee, voire a une veuve. II faut supposer
en meme temps que la misę si simple qu’elle arbore pour

46 J. O 1 i v e r, Medieval Alphabet Soup: Reconstruction of a Mosan
Psalter-Hours in Philadelphia and Oxford and łhe Cult of St. Cathe-
rine, Gęsta, 24: 1983, c. 2, p. 135.

47 Faute de place, je ne soumets a 1’analyse que les scenes caracte-

ristiąues ou specifiąues.

48 Cf. R. Wiec k, Time Sanctified. The Book of Hours in Medieval
Art and Life, New York 1988, p. 33 et suivantes.

49 A propos du role de 1’ocre dans le manuscrit en ąuestion:
Stones, Le livre dPnages..., Paris 1997, p. 12.

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