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Ziętkiewicz-Kotz, Joanna: Un psautier-livre d'heures enluminé franc̨ais du XIII siècle dans la Bibliothèque Czartoryski de Cracovie (ms. 3466)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.20619#0039
23. Sainte Agnes, Miroir historial de Vincent de Beauvais. Paris,
Bibliotheąue nationale de France, fr. 310, fol. 13v° (photo BnF)
La legende dit que le diable, ayant pris 1’aspect d’une
belle femme, vint trouver le saint pour le soumettre a la
tentation. Eloi ne ceda pourtant pas aux insinuations dia-
boliąues: ayant reconnu Satan en la personne de la
femme, il le punit en lui tordant le nez avec une pince.
La representation dans notre manuscrit montre la
scene decrite assez litteralement: le saint serre avec la
pince le nez de Satan qui feint d’etre la femme. Nous
retrouvons une image semblable notamment dans les
heures conservees a la Bibliotheque nationale de France
sous la cote ms. lat. 921 (fol. 246), sur les vitraux du
XIIIe siecle des cathedrales d’Amiens et du Mans, sur une
peinture du XVe siecle au Musee Diocesain de Passau.
Il n’est pas exclu que le prototype de cette represen-
tation fut la scene similaire montrant le saint anglais
Dunstan qui tord le nez au diable deguise en femme de
la meme maniere, a 1’aide de tenailles57. Cette represen-
tation a pu passer dans 1’art franęais par le biais des con-
tacts artistiques entre 1’Angleterre et la France septentrio-
nale, peut etre en tant que consequence d’une ressem-
blance etroite entre les personnages des deux saints
eveques: saint Dunstan etait le patron des orfevres, ainsi
constituait-il 1’homologue anglais de saint Eloi.
/
i ttoe tguc $ twe iv
nolatr ucfyctncttttr
tumtt
lt^ttftticrri
rftcar nttttc
cnm&tMttcmr ni
24. Saint Eloi, psautier-livre d’heures. Cracovie, Bibl. Czartoryski,
ms. 3466, fol. 222 (photo R. Rymut)
seize initiales historiees etant la decoration des heures
de Notre-Dame et des heures du Saint-Esprit. Le style
des cleux enlumineurs est fonclamentalement differen-
cie et, pour cette raison, si Maria Jarosławiecka-
Gąsiorowska affirme que les deux artistes furent con-
temporains, nous verrons bientót que ce jugement sem-
ble etre depourvu de bien-fonde58.
a) Lf. style du peintre du psautier
3. Le style des enluminures du manuscrit
La decoration figurative du manuscrit des Czartoryski
est, comme nous l’avons deja elit, l’oeuvre de deux artis-
tes. Le premier a realise les medaillons du calendrier qui
illustrent les travaux des mois et les signes du Zodia-
que, les six miniatures a pleine page avec les scenes de
1’Enfance et de la Passion du Christ ainsi que les six ini-
tiales du psautier. Le second est 1’auteur de huit minia-
tures a pleine page jointes au cycle christologique et de
E. Kirschbaum, W. B r a u nf e 1 s, Lexikon der christlichen
Ikonographie, Rom-Freiburg-Basel-Wien 1968-1976, vol. 6, p. 126.
lSJarosławiecka-Gąsiorowska, op. cit., p. 22.
L’enlumineur du psautier peint des figures robustes,
de grancie taille, qui remplissent entierement 1’espace
dans lequel elles sont situees. Leurs grandes faces ova-
les au menton rond et au front large posees sur un cou
long et mince sont modelees avec une nuance pale du
jaune. Les nez longs et saillants aux narines nettement
marquees sont clessines avec le sourcil d’un meme trait
efenere noire. Les lignes fines des paupieres marquent
par le haut les yeux aux globes blancs et aux pupilles
grandes et noires. Les levres boudeuses en formę de fer
a cheval conferent a ces visages un air triste et soucieux.
Les cheveux des personnages sont peints avec des li-
gnes fines tout pres 1’une de 1’autre, modeles soit avec
du jaune delicat, soit avec de Lazur dans le cas des
yieillards (saint Joseph, saint Pierre, Melchior). Quand
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Bibliotheąue nationale de France, fr. 310, fol. 13v° (photo BnF)
La legende dit que le diable, ayant pris 1’aspect d’une
belle femme, vint trouver le saint pour le soumettre a la
tentation. Eloi ne ceda pourtant pas aux insinuations dia-
boliąues: ayant reconnu Satan en la personne de la
femme, il le punit en lui tordant le nez avec une pince.
La representation dans notre manuscrit montre la
scene decrite assez litteralement: le saint serre avec la
pince le nez de Satan qui feint d’etre la femme. Nous
retrouvons une image semblable notamment dans les
heures conservees a la Bibliotheque nationale de France
sous la cote ms. lat. 921 (fol. 246), sur les vitraux du
XIIIe siecle des cathedrales d’Amiens et du Mans, sur une
peinture du XVe siecle au Musee Diocesain de Passau.
Il n’est pas exclu que le prototype de cette represen-
tation fut la scene similaire montrant le saint anglais
Dunstan qui tord le nez au diable deguise en femme de
la meme maniere, a 1’aide de tenailles57. Cette represen-
tation a pu passer dans 1’art franęais par le biais des con-
tacts artistiques entre 1’Angleterre et la France septentrio-
nale, peut etre en tant que consequence d’une ressem-
blance etroite entre les personnages des deux saints
eveques: saint Dunstan etait le patron des orfevres, ainsi
constituait-il 1’homologue anglais de saint Eloi.
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i ttoe tguc $ twe iv
nolatr ucfyctncttttr
tumtt
lt^ttftticrri
rftcar nttttc
cnm&tMttcmr ni
24. Saint Eloi, psautier-livre d’heures. Cracovie, Bibl. Czartoryski,
ms. 3466, fol. 222 (photo R. Rymut)
seize initiales historiees etant la decoration des heures
de Notre-Dame et des heures du Saint-Esprit. Le style
des cleux enlumineurs est fonclamentalement differen-
cie et, pour cette raison, si Maria Jarosławiecka-
Gąsiorowska affirme que les deux artistes furent con-
temporains, nous verrons bientót que ce jugement sem-
ble etre depourvu de bien-fonde58.
a) Lf. style du peintre du psautier
3. Le style des enluminures du manuscrit
La decoration figurative du manuscrit des Czartoryski
est, comme nous l’avons deja elit, l’oeuvre de deux artis-
tes. Le premier a realise les medaillons du calendrier qui
illustrent les travaux des mois et les signes du Zodia-
que, les six miniatures a pleine page avec les scenes de
1’Enfance et de la Passion du Christ ainsi que les six ini-
tiales du psautier. Le second est 1’auteur de huit minia-
tures a pleine page jointes au cycle christologique et de
E. Kirschbaum, W. B r a u nf e 1 s, Lexikon der christlichen
Ikonographie, Rom-Freiburg-Basel-Wien 1968-1976, vol. 6, p. 126.
lSJarosławiecka-Gąsiorowska, op. cit., p. 22.
L’enlumineur du psautier peint des figures robustes,
de grancie taille, qui remplissent entierement 1’espace
dans lequel elles sont situees. Leurs grandes faces ova-
les au menton rond et au front large posees sur un cou
long et mince sont modelees avec une nuance pale du
jaune. Les nez longs et saillants aux narines nettement
marquees sont clessines avec le sourcil d’un meme trait
efenere noire. Les lignes fines des paupieres marquent
par le haut les yeux aux globes blancs et aux pupilles
grandes et noires. Les levres boudeuses en formę de fer
a cheval conferent a ces visages un air triste et soucieux.
Les cheveux des personnages sont peints avec des li-
gnes fines tout pres 1’une de 1’autre, modeles soit avec
du jaune delicat, soit avec de Lazur dans le cas des
yieillards (saint Joseph, saint Pierre, Melchior). Quand
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