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d'un monument ne soit pas un enfantillage, il faut qu'elle tienne
compte de tous les monuments de la même catégorie.
Or, un vase qui est le pendant obligé du nôtre' a été rattaché
par M. Welcker à un mythe sicilien.
D'après ce savant, la femme colossale dont la tête et les mains
sortent du sol serait la Terre elle-même, Gœa, venue pour donner
le jour à ses enfants d'adoption, les Paliques. Les deux personnages
bachiques, entourés de rameaux fleuris, seraient alors les nouveau-
nés qui, armés chacun d'un marteau de forge, procèdent à la
délivrance de leur mère. Nous avons de nombreux exemples de
divinités se distinguant par des actions d'éclat immédiatement après
leur naissance. Néanmoins ma raison se refuse à croire qu'un
démon, une fois mis au monde, ait encore besoin de délivrer sa mère
qui vient d'accoucher de lui.
Il me répugne de censurer le travail d'un homme dont le
souvenir m'est cher à bien des titres ; mais en face de l'hydrie
de S. A. I., l'interprétation du grand archéologue s'écroule d'elle-
même2.
Pour arriver à un résultat plus satisfaisant, il importe de
connaître l'ensemble des pièces qui appartiennent à ce même
ordre d'idées. J'en ai étudié une quantité considérable, et je
m'empresse d'insérer ici ma liste, précaution d'autant plus nécessaire,
1. Lécythus à peinture noire sur fond blanc, provenant des fouilles du Prince de Canino
(J. de Witte, Description d'une collection de vases peints, 1837, n° 72). [Cabinet impérial des
médailles].—Welcker, Annaliromani, II (1830), p. 245-57, tav. d'agg. D. Alte Denkmœler, III,
201 (pl. 15, 1), où il fait meution des critiques que son interprétation a provoquées. —
Elite céramographique, I, 162-171 (pl. 52). — A. Feuerbacii, Nachgelassene Schriften,
t. IV, p. 61.
2. Ce sont surtout les imperfections du dessin, si communes du reste sur les vases de l'ancien
style, qui ont égaré le jugement de M.Welcker. Ainsi, dans le vase qu'il décrit, le personnage
de drbite est placé plutôt au second plan ; son pied gauche est derrière les mains de la déesse, et
la double hache (car ce n'est pas un marteau) ne porte pas sur la tête de la femme.
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d'un monument ne soit pas un enfantillage, il faut qu'elle tienne
compte de tous les monuments de la même catégorie.
Or, un vase qui est le pendant obligé du nôtre' a été rattaché
par M. Welcker à un mythe sicilien.
D'après ce savant, la femme colossale dont la tête et les mains
sortent du sol serait la Terre elle-même, Gœa, venue pour donner
le jour à ses enfants d'adoption, les Paliques. Les deux personnages
bachiques, entourés de rameaux fleuris, seraient alors les nouveau-
nés qui, armés chacun d'un marteau de forge, procèdent à la
délivrance de leur mère. Nous avons de nombreux exemples de
divinités se distinguant par des actions d'éclat immédiatement après
leur naissance. Néanmoins ma raison se refuse à croire qu'un
démon, une fois mis au monde, ait encore besoin de délivrer sa mère
qui vient d'accoucher de lui.
Il me répugne de censurer le travail d'un homme dont le
souvenir m'est cher à bien des titres ; mais en face de l'hydrie
de S. A. I., l'interprétation du grand archéologue s'écroule d'elle-
même2.
Pour arriver à un résultat plus satisfaisant, il importe de
connaître l'ensemble des pièces qui appartiennent à ce même
ordre d'idées. J'en ai étudié une quantité considérable, et je
m'empresse d'insérer ici ma liste, précaution d'autant plus nécessaire,
1. Lécythus à peinture noire sur fond blanc, provenant des fouilles du Prince de Canino
(J. de Witte, Description d'une collection de vases peints, 1837, n° 72). [Cabinet impérial des
médailles].—Welcker, Annaliromani, II (1830), p. 245-57, tav. d'agg. D. Alte Denkmœler, III,
201 (pl. 15, 1), où il fait meution des critiques que son interprétation a provoquées. —
Elite céramographique, I, 162-171 (pl. 52). — A. Feuerbacii, Nachgelassene Schriften,
t. IV, p. 61.
2. Ce sont surtout les imperfections du dessin, si communes du reste sur les vases de l'ancien
style, qui ont égaré le jugement de M.Welcker. Ainsi, dans le vase qu'il décrit, le personnage
de drbite est placé plutôt au second plan ; son pied gauche est derrière les mains de la déesse, et
la double hache (car ce n'est pas un marteau) ne porte pas sur la tête de la femme.
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