distingue de la vertu qui est le fruit du
courage » tandis qu’ellcs Tont celui dc la
sagesie; il trace ensuice les mceurs .propres
du Souverain , du Miniftre de la religion,
du Magistrar, du guenier 3 du Negocianr,
du cnltivateur, du Trabant, de l’homme de
Letties ; & conclut de la peinture meine
qu’il en fait , que le bonheur habite ne-
cesiairement dans tous les Etats oii ces di-
verses classes d’hommes remplilsent exac-
tement leurs devoirs. Ensin ä cette sorte
de preuve, il en joint une plus forte em-
pruntee de Thiftoire ou i’on v'cit qu'il n'y
a eu de peuples vraiment grands, vraiment
heureux , que ccux qui ont le plus respe&e
les mceurs.
Il y a bien de Pesprit dans ce discours „
mais trop peu d’eloquence ; on pöurra ju-
ger du style par la peroraison que voici.
n Si nous cherilTons notre patrie , si nous
desirons qu’eile survive auxnations qui l’en-
vironnent , si nous vou’ons qu'elle resste
long-temps au torrent des äges qui mine
Ians celTe l’univers & empörte dans soa
cours les generaticns qui disparoissent, ne
formons point de voeux pour que le pays
qui nous a vu naitrc s’aggrandilfe , etende
ses pofsesiions, pour qu’il imprime au loin
Ja terreur; consolidons tous sa puilsance
par nos mceurs.
n Au lieu de mettre tout notre art , au
lieu d’employer une adresse perside ä re-
lächer les noeuds de Thymen , que nos
lrommages , que notre rcspesc retieime dans
la sidelite , la jeune epouse qui semble vou-
Joir se ilvrer aux attraits de i'inconstan-
ce; admirons la bcaute , mais n’honorons
que la sageise^
» Et vous Etres seduisans sür lesquels la
nature n’a repandu tant de charmes que
pour vous rendre un prix plus digne de
la vertu , que vos regards ne s’arretent ja-
mais avec complailance sür le vice dequel-
qu’eclat qu’il brille ; quevotrc sourire n’en-
hardiiTe pas une jeunesse frivole ; reservez
toutes vos louanges & les plus doux plai-
sirs pour les hommes qui ont des moeurs ;
J’Erat vous devra ses plus braves defenseurs ,
ses plus grands Mrgistrats, ses citoyensles
plus zelcs. La juste distriburion de votre
estime, de vos e'Iogcs, fera aatanr pout
le soutien & la prosperitc de la patrie em-
bellie par vous, que la vertu de ceux qui
protegent ses limites ou font respcdler ses
loix. »
Ce sont Iä des souhairs plus que des
invitations qui seroient tres-inuriles , fai-
res a un sexe chez qui les mceurs ne sont
guere plus en honneur que chez l’autrc.
Tous deux , sur-tout , dans notre France
en font Tobjet de leurs plaifanteries. L’Au-
teur d’Emile dir que les fcmmes sont les
Juges naturels du me'rite des hommes , &
il s’ecric: que de grandes choses on fe-
roit avec ce ressort, si Ton lavoit le met-
tre en ueuvre l oui sans doute; rsiais sq le
resiort est casse t quci effct en peut-oa as-
te ad re ?
BELLES-LETTRES.
Li tteräture.
De l'Etat de l' agriculture che^ les Ro-
mains depuis le commencement de la Repu-
blique jufquau siecle de Jules- Cesar , relati-
ve ment au Gouvernement , aux moeurs & au
commerce. Dissertation qui a obtenu /’accessit
du prix de l'Academie Royale des Inscrip-
tions & Beiles-Lettres en 1776. Par M. Ar-
cere , Pretre de POratoire , Cot respondant
de l’Academie. A Paris, chez Aug. Martin
Lottin Paine , Imprimeur-Libraire , rue S.
Jacques. 1777. in-ZQ.
Il semble qu’un sujet sür l’agriculrure
des Romains , propose par l’Academie,
n’offse qu’un objet de vaine curiofite 5 ce-
pendant rien de plus esientiel que de con-
noitre 1’inssuence reciproque du Gouverne-
ment sür 1’agricnlriire , sür les mceurs &
sür le commerce. C’est tous ces rrois points
de vue que M. Arcere l’a envisage. Depuis
Ieur fondateur , les Romains ne ceslerent
d'honorer & d’encourager l’agriculture , la
religion la confacra ; ä chacune de ses ope-
rarions , ä chacun de ses objets presidoit
une Divinire : Diane aux forets & ä la
chalse ; Priape aux jardins ; Bacchus a la
v:gne ; Ceres aux mcislons; Jupiter fit con-
noitre Pagriculture aux hommes; Mercure
courage » tandis qu’ellcs Tont celui dc la
sagesie; il trace ensuice les mceurs .propres
du Souverain , du Miniftre de la religion,
du Magistrar, du guenier 3 du Negocianr,
du cnltivateur, du Trabant, de l’homme de
Letties ; & conclut de la peinture meine
qu’il en fait , que le bonheur habite ne-
cesiairement dans tous les Etats oii ces di-
verses classes d’hommes remplilsent exac-
tement leurs devoirs. Ensin ä cette sorte
de preuve, il en joint une plus forte em-
pruntee de Thiftoire ou i’on v'cit qu'il n'y
a eu de peuples vraiment grands, vraiment
heureux , que ccux qui ont le plus respe&e
les mceurs.
Il y a bien de Pesprit dans ce discours „
mais trop peu d’eloquence ; on pöurra ju-
ger du style par la peroraison que voici.
n Si nous cherilTons notre patrie , si nous
desirons qu’eile survive auxnations qui l’en-
vironnent , si nous vou’ons qu'elle resste
long-temps au torrent des äges qui mine
Ians celTe l’univers & empörte dans soa
cours les generaticns qui disparoissent, ne
formons point de voeux pour que le pays
qui nous a vu naitrc s’aggrandilfe , etende
ses pofsesiions, pour qu’il imprime au loin
Ja terreur; consolidons tous sa puilsance
par nos mceurs.
n Au lieu de mettre tout notre art , au
lieu d’employer une adresse perside ä re-
lächer les noeuds de Thymen , que nos
lrommages , que notre rcspesc retieime dans
la sidelite , la jeune epouse qui semble vou-
Joir se ilvrer aux attraits de i'inconstan-
ce; admirons la bcaute , mais n’honorons
que la sageise^
» Et vous Etres seduisans sür lesquels la
nature n’a repandu tant de charmes que
pour vous rendre un prix plus digne de
la vertu , que vos regards ne s’arretent ja-
mais avec complailance sür le vice dequel-
qu’eclat qu’il brille ; quevotrc sourire n’en-
hardiiTe pas une jeunesse frivole ; reservez
toutes vos louanges & les plus doux plai-
sirs pour les hommes qui ont des moeurs ;
J’Erat vous devra ses plus braves defenseurs ,
ses plus grands Mrgistrats, ses citoyensles
plus zelcs. La juste distriburion de votre
estime, de vos e'Iogcs, fera aatanr pout
le soutien & la prosperitc de la patrie em-
bellie par vous, que la vertu de ceux qui
protegent ses limites ou font respcdler ses
loix. »
Ce sont Iä des souhairs plus que des
invitations qui seroient tres-inuriles , fai-
res a un sexe chez qui les mceurs ne sont
guere plus en honneur que chez l’autrc.
Tous deux , sur-tout , dans notre France
en font Tobjet de leurs plaifanteries. L’Au-
teur d’Emile dir que les fcmmes sont les
Juges naturels du me'rite des hommes , &
il s’ecric: que de grandes choses on fe-
roit avec ce ressort, si Ton lavoit le met-
tre en ueuvre l oui sans doute; rsiais sq le
resiort est casse t quci effct en peut-oa as-
te ad re ?
BELLES-LETTRES.
Li tteräture.
De l'Etat de l' agriculture che^ les Ro-
mains depuis le commencement de la Repu-
blique jufquau siecle de Jules- Cesar , relati-
ve ment au Gouvernement , aux moeurs & au
commerce. Dissertation qui a obtenu /’accessit
du prix de l'Academie Royale des Inscrip-
tions & Beiles-Lettres en 1776. Par M. Ar-
cere , Pretre de POratoire , Cot respondant
de l’Academie. A Paris, chez Aug. Martin
Lottin Paine , Imprimeur-Libraire , rue S.
Jacques. 1777. in-ZQ.
Il semble qu’un sujet sür l’agriculrure
des Romains , propose par l’Academie,
n’offse qu’un objet de vaine curiofite 5 ce-
pendant rien de plus esientiel que de con-
noitre 1’inssuence reciproque du Gouverne-
ment sür 1’agricnlriire , sür les mceurs &
sür le commerce. C’est tous ces rrois points
de vue que M. Arcere l’a envisage. Depuis
Ieur fondateur , les Romains ne ceslerent
d'honorer & d’encourager l’agriculture , la
religion la confacra ; ä chacune de ses ope-
rarions , ä chacun de ses objets presidoit
une Divinire : Diane aux forets & ä la
chalse ; Priape aux jardins ; Bacchus a la
v:gne ; Ceres aux mcislons; Jupiter fit con-
noitre Pagriculture aux hommes; Mercure