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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Nr. 1
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Lagrange, Léon: Le Musée de Marseille, [1]: musées de province
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https://doi.org/10.11588/diglit.16989#0017

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MUSÉES DE

PROVINC E

LE MUSÉE DE MARSEILLE

Comme la plupart des musées de province, le musée de Marseille est
d'origine révolutionnaire. Il semble que la Révolution ait voulu compenser
les désastres causés par les excès, de ses fanatiques aux monuments de
notre art national, en nous léguant les musees qui n'étaient possibles que
par elle. Avant 1789, il existait en France des galeries d'amateurs, il
n'existait pas de musées. Les objets d'art n'avaient pour garant de leur
conservation que l'intérêt de la propriété ou le plaisir de la jouissance.
Le roi lui-même ne possédait des tableaux qu'en sa qualité d'homme le
plus riche de France, au même titre qu'il possédait une ménagerie d'ani-
maux rares. C'était affaire de curiosité. Mais on ne songeait pas à l'utilité
de conserver des objets d'art dans un but d'enseignement, pas plus qu'à
celle d'entretenir des animaux exotiques dans un but d'acclimatation et de
reproduction.

L'idée de l'utilité des œuvres d'art, idée conservatrice s'il en fut, est
donc une idée révolutionnaire. Le 6 frimaire an vu, Heurtant de La Neu-
ville demanda au conseil des Cinq-Cents la fondation dans les provinces
d'écoles de peinture, de sculpture et d'architecture, ainsi que l'établisse-
ment d'un dépôt d'objets d'art auprès de ces écoles. Telle est la première
date de Y histoire des musées de province.

Toutefois, avant même que le principe de l'établissement des musées
ne fût formulé d'une façon officielle, la Révolution les avait par le fait
rendus indispensables. La destruction des églises, des monastères, des
châteaux, jetait sur le pavé des rues quantité d'œuvres d'art désormais
sans maître et sans asile. 11 ne pouvait se faire que dans une nation civi-
lisée ces épaves flottantes du naufrage d'une société ne trouvassent pas
un sauveteur. Et en effet, par une juste faveur de la Providence, chaque
ville eut le sien. L'histoire doit garder les noms de ces bienfaiteurs de
l'art français.

iv. 3
 
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