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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Leclercq, Émile: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Rouen, 30 septembre 1859.

La Société libre d'émulation du commerce et de l'industrie de Rouen, en faisant appel
à tous les industriels des douze départements de la région du nord-ouest de la France,
devait naturellement exclure Paris du concours; elle a admis cependant dans ses
galeries quelques produits d'art que Paris a vus naître. C'est que l'on a beau être indus-
triel et appartenir à un pays où l'industrie occupe la première place, on est forcé de
comprendre qu'un peu d'art ne nuit point et qu'il faut, pour attirer le public, jeter un
peu de variété et de charme parmi les machines et les cotonnades. Les fondeurs de
bronze et de fonte, les repousseurs de zinc, les décorateurs de porcelaine et les ébénistes
parisiens, en ayant soin do se couvrir du pavillon d'un marchand de Rouen, ont donc
pu envoyer leurs produits, et donner un certain cachet d'art à diverses parties de l'Ex-
position. Ce n'est pas ici toutefois le moment de nous en occuper et nous voulons seule-
ment examiner aujourd'hui ceux que la province a produits par elle-même.

C'est encore, aujourd'hui comme au moyen âge, autour des édifices religieux que se
maintiennent en province quelques foyers d'art; c'est sur place, en effet, qu'il faut le
plus souvent trouver des sculpteurs pour décorer ces édifices, des verriers pour en garnir
les fenêtres et des carreleurs pour en couvrir le sol. La restauration, la construction et
l'ameublement d'une foule d'églises de Normandie, dans le style propre à l'édifice,
ont fait naître et se développer autour d'elles un certain nombre d'ateliers de sculpture
et de peinture sur verre.

M. Jean, statuaire, et M. Bonnet, plus exclusivement ornemaniste, qui ont restauré
les belles sculptures du portail des libraires, de la cathédrale de Rouen, donnent des
exemples à toute la Normandie. Ainsi M. Bonnet a exposé le modèle de l'autel qu'il a
construit et sculpté pour l'église de Notre-Dame-du-Vœu de Cherbourg, et le lutrin en
bois destiné au même édifice. Ces deux meubles dont les formes sont inspirées des
monuments de l'époque romane, sont très-bien composés et exécutés dans un juste
sentiment du style de ce temps. La statuaire est la grande difficulté de ces imitations
de l'art roman, car on ne se croirait pas permis, avec la science du dessin et du modelé
que l'on possède aujourd'hui, de refaire ces longues figures émaciées, recouvertes de
vêtements à plis serrés et collant sur des membres sans proportions. On modernise
donc ces figures, et pour leur enlever leur barbarie, on leur ôte du même coup ce
caractère un peu rude qui les met si bien en harmonie avec l'architecture qu'elles
décorent.

La même observation peut s'adresser a la statuaire d'un immense et riche autel en
 
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