DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Burty, Philippe: Des ventes publiques d'objets d'art en France et en Angleterre
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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mation du public qui fréquente le nouvel établissement. Il serait naturel
de les renvoyer, ceux-là, aux salles du rez-de-chaussée, qui s'égaieraient,
sans nul doute, de leurs apostrophes et de leurs grimaces. Si nous citons
ces faits, c'est qu'il serait facile d'y remédier.
Mais le syndicat des commissaires-priseurs devrait dès aujourd'hui
fermer les salles du premier étage au trafic éhonté qui s'y fait de toiles
commandées à tant le mètre superficiel, et offertes avec le cynisme le plus
effronté sous les noms des maîtres de toutes les écoles. C'est plus qu'un
abus, c'est une de ces spéculations sur l'ignorance des gens naïfs, que l'on
qualifie généralement d'un mot plus sévère. Que ces messieurs y songent
bien , les gens du peuple qui n'y vont point de main morte, ont qualifié le
rez-de-chaussée de Mcizas. Les gens du monde seront moins rudes, mais
ils réclament contre le spectacle de ces tromperies avec garantie du gou-
vernement. 11 serait facile encore de livrer à ces trois ou quatre spécula-
teurs, qui compromettent sans vergogne leur caractère officiel, ces salles
du rez-de-chaussée, royaume incontesté des marchands de ferraille et de
literie au rabais. On nous a pressé maintes fois , l'hiver dernier, de signa-
ler cet abus dans nos colonnes. Nous avons cru devoir attendre une occa-
sion comme celle-ci. Mais nous y reviendrons désormais si nos justes
observations ne sont point écoutées. L'hôtel Drouot compromettrait volon-
tairement, en tolérant un tel abus, la faveur dont l'entoure le public, et la
considération qu'il doit à la loyauté et à l'intelligence des commissaires-
priseurs qui ont fait sa popularité.
III
En résumé, il est impossible, je crois, de comparer les ventes d'objets
d'art en France avec celles de l'Angleterre. Elles reposent, les unes et les
autres, sur deux systèmes économiques absolument dissemblables. En
Angleterre, la libre pratique du commerce amène la concurrence, c'est-
à-dire le bon marché, mais parfois aussi la facilité des faillites. En France,
le monopole des ventes, concédé à une corporation, lui a permis de se
tailler vis-à-vis du public la part du lion dans les affaires, mais celui-ci y
gagne une garantie qui n'existe pas au delà du détroit.
Si nous avons tant insisté sur la question des ventes, c'est que l'hôtel
Drouot a, comme nous le (lisions en commençant, une influence réelle sur
l'histoire artistique de notre époque. Les salles qu'il ouvre à tout le monde
sont une sorte d'exposition permanente. La publicité que donne la presse
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mation du public qui fréquente le nouvel établissement. Il serait naturel
de les renvoyer, ceux-là, aux salles du rez-de-chaussée, qui s'égaieraient,
sans nul doute, de leurs apostrophes et de leurs grimaces. Si nous citons
ces faits, c'est qu'il serait facile d'y remédier.
Mais le syndicat des commissaires-priseurs devrait dès aujourd'hui
fermer les salles du premier étage au trafic éhonté qui s'y fait de toiles
commandées à tant le mètre superficiel, et offertes avec le cynisme le plus
effronté sous les noms des maîtres de toutes les écoles. C'est plus qu'un
abus, c'est une de ces spéculations sur l'ignorance des gens naïfs, que l'on
qualifie généralement d'un mot plus sévère. Que ces messieurs y songent
bien , les gens du peuple qui n'y vont point de main morte, ont qualifié le
rez-de-chaussée de Mcizas. Les gens du monde seront moins rudes, mais
ils réclament contre le spectacle de ces tromperies avec garantie du gou-
vernement. 11 serait facile encore de livrer à ces trois ou quatre spécula-
teurs, qui compromettent sans vergogne leur caractère officiel, ces salles
du rez-de-chaussée, royaume incontesté des marchands de ferraille et de
literie au rabais. On nous a pressé maintes fois , l'hiver dernier, de signa-
ler cet abus dans nos colonnes. Nous avons cru devoir attendre une occa-
sion comme celle-ci. Mais nous y reviendrons désormais si nos justes
observations ne sont point écoutées. L'hôtel Drouot compromettrait volon-
tairement, en tolérant un tel abus, la faveur dont l'entoure le public, et la
considération qu'il doit à la loyauté et à l'intelligence des commissaires-
priseurs qui ont fait sa popularité.
III
En résumé, il est impossible, je crois, de comparer les ventes d'objets
d'art en France avec celles de l'Angleterre. Elles reposent, les unes et les
autres, sur deux systèmes économiques absolument dissemblables. En
Angleterre, la libre pratique du commerce amène la concurrence, c'est-
à-dire le bon marché, mais parfois aussi la facilité des faillites. En France,
le monopole des ventes, concédé à une corporation, lui a permis de se
tailler vis-à-vis du public la part du lion dans les affaires, mais celui-ci y
gagne une garantie qui n'existe pas au delà du détroit.
Si nous avons tant insisté sur la question des ventes, c'est que l'hôtel
Drouot a, comme nous le (lisions en commençant, une influence réelle sur
l'histoire artistique de notre époque. Les salles qu'il ouvre à tout le monde
sont une sorte d'exposition permanente. La publicité que donne la presse