LA CÉRAMIQUE ET LA VERRERIE MODERNES.
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démonstration tentée par M. Haviland devait être alors, et est,
naturellement, la suppression de la manufacture nationale, ou tout au
moins sa transformation en école professionnelle chargée de former
des artistes céramistes et, surtout, de bons contremaîtres, école à
laquelle il propose d’adjoindre un laboratoire d’essais et d’analyses
mis à la disposition des fabricants.
Bien que certaines des critiques de M. Haviland puissent paraître
fondées, nous ne voulons pas entrer ici dans un si gros débat; nous
n’avons pas à défendre la manufacture de Sèvres contre les attaques
souvent excessives auxquelles de tous temps elle a été en butte et
nous ne parlerions pas de cette brochure si son auteur n’y avait
joint quelques considérations sur l’état d’infériorité relative de la
céramique française actuelle comparée à celle des nations voisines,
notamment de l’Angleterre et de l’Allemagne, et n’avait indiqué un
moyen qu’il croit propre à relever le niveau de cette industrie, et qui,
au premier abord, paraît avoir séduit plusieurs fabricants.
Après avoir constaté, ce qui est indéniable, que certains paj^s
étrangers, surtout l’Allemagne, produisent à meilleur marché que
nous, et que, sous ce rapport, nous ne pouvons lutter avec eux, l'auteur
arrive à cette conclusion qu’il faut « de toute nécessité que l’industrie
française soit supérieure à toutes les industries étrangères par la
qualité, par la forme et par l’ornementation de ses produits; et si, —
ajoute-t-il, — l’industrie française ne peut maintenir indéfiniment
cette triple supériorité de forme, de qualité et d’ornementation, il
faut qu’elle meure ».
Pour obtenir ce résultat, M. Haviland propose ce qu’il appelle « un
moyen nouveau, un petit moyen », c’est-à-dire une exposition annuelle
des produits de l’industrie française.
« Que les fabricants de produits artistiques, dit-il, fassent
exactement ce que font les artistes, peintres et sculpteurs, et que
l’État fasse pour les artistes peignant ou sculptant dans les ateliers
de nos fabriques exactement ce qu'il fait pour les artistes peignant
avec de l’huile sur des toiles et pour ceux qui reproduisent en plâtre,
en marbre ou en bronze des femmes nues perchées sur une jambe. »
Tel est le « moyen nouveau » proposé par M. Haviland.
Nous regrettons de n’être pas d’accord avec lui et avec ceux qui
l’ont suivi dans cette voie et qui se proposent d’en demander l’appli-
cation prochaine, mais ce moyen nous semble à peu près impraticable
et ne donnerait pas, en tout cas, les résultats qu’en attend son auteur.
Il est impraticable, parce que les conditions de production ne sont
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démonstration tentée par M. Haviland devait être alors, et est,
naturellement, la suppression de la manufacture nationale, ou tout au
moins sa transformation en école professionnelle chargée de former
des artistes céramistes et, surtout, de bons contremaîtres, école à
laquelle il propose d’adjoindre un laboratoire d’essais et d’analyses
mis à la disposition des fabricants.
Bien que certaines des critiques de M. Haviland puissent paraître
fondées, nous ne voulons pas entrer ici dans un si gros débat; nous
n’avons pas à défendre la manufacture de Sèvres contre les attaques
souvent excessives auxquelles de tous temps elle a été en butte et
nous ne parlerions pas de cette brochure si son auteur n’y avait
joint quelques considérations sur l’état d’infériorité relative de la
céramique française actuelle comparée à celle des nations voisines,
notamment de l’Angleterre et de l’Allemagne, et n’avait indiqué un
moyen qu’il croit propre à relever le niveau de cette industrie, et qui,
au premier abord, paraît avoir séduit plusieurs fabricants.
Après avoir constaté, ce qui est indéniable, que certains paj^s
étrangers, surtout l’Allemagne, produisent à meilleur marché que
nous, et que, sous ce rapport, nous ne pouvons lutter avec eux, l'auteur
arrive à cette conclusion qu’il faut « de toute nécessité que l’industrie
française soit supérieure à toutes les industries étrangères par la
qualité, par la forme et par l’ornementation de ses produits; et si, —
ajoute-t-il, — l’industrie française ne peut maintenir indéfiniment
cette triple supériorité de forme, de qualité et d’ornementation, il
faut qu’elle meure ».
Pour obtenir ce résultat, M. Haviland propose ce qu’il appelle « un
moyen nouveau, un petit moyen », c’est-à-dire une exposition annuelle
des produits de l’industrie française.
« Que les fabricants de produits artistiques, dit-il, fassent
exactement ce que font les artistes, peintres et sculpteurs, et que
l’État fasse pour les artistes peignant ou sculptant dans les ateliers
de nos fabriques exactement ce qu'il fait pour les artistes peignant
avec de l’huile sur des toiles et pour ceux qui reproduisent en plâtre,
en marbre ou en bronze des femmes nues perchées sur une jambe. »
Tel est le « moyen nouveau » proposé par M. Haviland.
Nous regrettons de n’être pas d’accord avec lui et avec ceux qui
l’ont suivi dans cette voie et qui se proposent d’en demander l’appli-
cation prochaine, mais ce moyen nous semble à peu près impraticable
et ne donnerait pas, en tout cas, les résultats qu’en attend son auteur.
Il est impraticable, parce que les conditions de production ne sont