LES LIVRES D’HEURES FRANÇAIS
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et de Florence, d’après certains ouvrages allemands et français, an-
térieurement à 1500; il signale, entre autres, la célèbre Bible de
Mallermi, dont les bois sont copiés sur ceux de la Bible imprimée
vers 1480 à Cologne par Quentell; le Térence publié par Simon de
Luere en 1497, et dont les vignettes sont imitées de celles de l’édi-
tion publiée par Trechsel, à Lyon, quatre ans auparavant. Mais il a
soin de faire ressortir, et avec raison, le caractère d’originalité qui,
dans la plupart des cas,
distingue ces adaptations
italiennes. Pendant cette
période d’une vingtaine
d’années, de 1490 à 1510,
où l’illustration des livres
avait conquis, dès ses pre-
miers essais en Italie, une
si grande vogue, toujours
l’art dominait le métier;
c’est en artistes que dessi-
nateurs et tailleurs de bois
s’inspiraient des tableaux
de maîtres qu’ils avaient
sous les yeux, prenant aux
Bellini, à Cima da Conc-
gliano, à Carpaccio et au-
tres, le souple dessin des
ligures, le groupement har-
monieux des personnages,
la grâce savante des mouve-
ments, la noblesse pleine
d aisance des attitudes, l’or-
Miss. Rom., 4°, 1516, Jacobus Poncius (le Leucho, pour
Alexander de Paganinis.
donnance pittoresque des scènes; c’est en artistes aussi qu’ils cher-
chaient à dérober aux graveurs sur cuivre la finesse et la douceur
de leurs estampes, si recherchées du public bien avant que les livres
illustrés devinssent populaires; et c’est en artistes, enfin, qu ils
copiaient les bois des livres publiés, soit à l’étranger, soit en d au-
tres régions de leur pays natal, marquant ces copies de leur em-
preinte personnelle, les mettant en harmonie avec les œuvres de
leurs compatriotes ; sachant, en un mot, par d’habiles modifica-
tions dans la composition ou la technique, s'approprier le dessin
qu’ils avaient pris à tâche d’imiter, en sorte que leur imitation
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et de Florence, d’après certains ouvrages allemands et français, an-
térieurement à 1500; il signale, entre autres, la célèbre Bible de
Mallermi, dont les bois sont copiés sur ceux de la Bible imprimée
vers 1480 à Cologne par Quentell; le Térence publié par Simon de
Luere en 1497, et dont les vignettes sont imitées de celles de l’édi-
tion publiée par Trechsel, à Lyon, quatre ans auparavant. Mais il a
soin de faire ressortir, et avec raison, le caractère d’originalité qui,
dans la plupart des cas,
distingue ces adaptations
italiennes. Pendant cette
période d’une vingtaine
d’années, de 1490 à 1510,
où l’illustration des livres
avait conquis, dès ses pre-
miers essais en Italie, une
si grande vogue, toujours
l’art dominait le métier;
c’est en artistes que dessi-
nateurs et tailleurs de bois
s’inspiraient des tableaux
de maîtres qu’ils avaient
sous les yeux, prenant aux
Bellini, à Cima da Conc-
gliano, à Carpaccio et au-
tres, le souple dessin des
ligures, le groupement har-
monieux des personnages,
la grâce savante des mouve-
ments, la noblesse pleine
d aisance des attitudes, l’or-
Miss. Rom., 4°, 1516, Jacobus Poncius (le Leucho, pour
Alexander de Paganinis.
donnance pittoresque des scènes; c’est en artistes aussi qu’ils cher-
chaient à dérober aux graveurs sur cuivre la finesse et la douceur
de leurs estampes, si recherchées du public bien avant que les livres
illustrés devinssent populaires; et c’est en artistes, enfin, qu ils
copiaient les bois des livres publiés, soit à l’étranger, soit en d au-
tres régions de leur pays natal, marquant ces copies de leur em-
preinte personnelle, les mettant en harmonie avec les œuvres de
leurs compatriotes ; sachant, en un mot, par d’habiles modifica-
tions dans la composition ou la technique, s'approprier le dessin
qu’ils avaient pris à tâche d’imiter, en sorte que leur imitation