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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 3
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Berenson, Bernard: Les peintures italiennes de New-York et de Boston
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0224

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LES PEINTURES ITALIENNES

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Un buste de jeune homme, la tête tournée de trois quarts vers la
gauche, a la crâuerie d’allure et la couleur d’un Giorgione. Il porte
sous son pourpoint garni de fourrures une chemise blanche; son
regard est ardent et tendre. C’est une des premières œuvres de
Bernardo Licinio et peut-être le plus beau portrait qu’il ait peint.
Dans ce genre d’ouvrages, où resplendit tout l’éclat de Giorgione,
Licinio a fait des miracles. Une tête de vieillard, d’une tonalité
grise et estompée, est une œuvre accomplie de Jacopo Tintoret ;
c’est à lui également qu’appartient la tête d’un portrait de séna-
teur, âgé de 83 ans, tandis que son fils, Domenico, est l’auteur
d’une Sainte Famille, avec Anne et Joachim. Un tableau de petite
dimension, représentant les Noces de Cerna, d’un joli ton olivâtre
el qui rappelle Tintoret, est une œuvre de jeunesse de Theotocopouli,
ce curieux et original artiste, d’une date antérieure aux productions
de ce peintre qui se trouvent à Parme et à Dresde. Un Buste de jeune
femme appartient à Bernardo India, peintre véronais de la fin du
xvi° siècle. Un splendide portrait en pied d’un sénateur est une dos
œuvres les plus accomplies de Pietro Longhi.

J'ai laissé pour la fin un remarquable portrait du cardinal Dome-
nico Grimani, car il a été peint par un artiste qui mérite d’être mieux
connu qu’il ne l’est à l’heure actuelle, et au sujet duquel on a fait
maintes confusions : je veux parler de Domenico Caprioli. M’étant
occupé quelque temps de ce peintre, je me permets d’ouvrir ici une
parenthèse à son sujet, pensant qu’elle pourra servir de point de
départ aux chercheurs qui, plus tard, l’étudieront.

La première des œuvres authentiques de Domenico est une
Nativité de la galerie de T révise, signée et datée de 1518 (elle a été
photographiée par Alinari). 11 se révèle là comme un artiste d’une
rare vigueur, qui aurait subi l’inlluence de Giorgione ; il trahit
également une certaine affinité avec Girolamo de Trévise le jeune
et avec Paris Bordone, qui ont pu être ses condisciples dans l’atelier
de Titien. Dans ses figures, il montre une tendance au colossal; il
peint largement et grassement.

Toutes ces qualités de composition ou d’exécution, nous les
retrouvons dans le Cardinal Grimani de la collection Norton. Le
prélat, vêtu d’une robe rouge, est assis devant une draperie verte,
près d’une table recouverte d’une étoile orientale; il tient à
deux mains un gros livre relié en vert. Le regard est sévère, légère-
ment hautain el trop maître de lui. L’étroite ressemblance de ce
portrait avec la Nativité de Trévise nous convainc que cette

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XV. — 3« PÉIUOPE.
 
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