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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 3
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Maulde la Clavière, Marie Alphonse Réne de: Jean Perréal, dit Jean de Paris, 3: sa vie et son œuvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0257

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242

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d'importance et l’exactitude contestable du rendu, nous montrent
deux études d’hommes nus, enserrés toujours dans un petit médail-
lon. qu’on dirait destinés à une ciselure. Il résulte clairement, ce nous
semble, do la concordance parfaite de ces constatations, que Perréal
représente un art particulier, qui s’écarte, à la fois, des enluminures
proprement dites du moyen âge et du grand art italien. Il fut le
Christophe Colomb de nos miniaturistes du xvm° et du xix° siècles,
et, à cet égard, s’il connut des émules ou des élèves, Louis XII a pu
dire qu’il n’avait point de pareils.

Ce jalon posé, marchons plus loin, prenons en main les lils les
plus ténus, puisque nous n’en avons pas d’autres. Les dessins de
deux tètes et d’une botte, qui se trouvent sur les registres de Lyon,
nous prouvent, une fois de plus, l’esprit bizarre et un peu fantasque
de notre artiste, qui se permet de griffonner de petites pochades, jus-
que sur les augustes livres de comptabilité de la bonne ville de Lyon.
Ce n’est qu’un coup de crayon, mais il est amusant, sans intention
de style ni d'allure; il cherche purement la vérité. Or, si l’on se rap-
pelle l'apostrophe, souvent citée, où Jean Lemaire1 invite le «noble»
Jamet (ou Jehannet, qu’il écrit «Jehan Hay ») à venir «voir la
nature» chez Jean de Paris, on trouve que Lemaire qualifie exacte-
ment les deux grands portraitistes contemporains : d’un côté, Jamet
ou Janet Clouet, coryphée du genre « noble », c’est-à-dire 1 homme
classique et impeccable du grand faire, du haut style ; d’autre part,
Jean de Paris, l'homme de la nature1 2, de caractère ombrageux, prime-
sautier, brillant, spirituel3.

1 .La Plainte du désiré.

2. L’école de Moulins fait une grande parta la nature et au paysage. Autour
d’Anne de France, on était virgilien, pastoral, à la façon du xvmc siècle. Le
sire de la Vauguyon, François d’Escars (Bibliothèque nationale, ms. fr., nouv.
acq., 75), nous affirme, par exemple, que la mort d’Anne fit couler bien des
larmes :

Ez champs, ez bois, en ville et en tous lez...

Vous qui guardez les bestes en pastures,

Près de couldriés, des chennes et oulmeaux,

... Dire devez, dedans voz chalumeaux,

Chanssons de pleurs...,

et ainsi de suite. Si, à Moulins, on aime l’antiquité, c’est à la façon de Perréal,
sans l’exclusivisme courant, sans absorption ; on cite les héros antiques, mais on
les discule, on leur compare ceux du temps présent, selon la raison et non selon
la légende. Ainsi La Vauguyon dira, en parlant de la mort de sa maîtresse :

En Vallère, en Yirgille, ou Omère,

Ne lus jamais d'une plus grande perte (f° 36, v“).

3. « Pour lui donner umbrage et esperitz. »
 
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