DESSINS INÉDITS DE MICHEL-ANGE
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dents blanches comme un panais, yeux de la couleur de la thé-
riaque, cheveux blancs et blonds comme des poireaux, bouche sem-
blable à une escarcelle, seins qui rappellent des concombres
enfermés dans un sac, etc.
Contrairement à ses habitudes, Michel-Ange Buonarroti le Jeune
n’a pas essayé d’arranger à sa guise cette élucubration bizarre ; il
s’est borné à en modifier l’orthographe. Voici tout d’abord la trans-
cription des deux premières strophes, scupuleusemcnt relevée par
moi sur l’original :
Tu a il uiso piu dolcie che la sapa
E passato ui par s(u) la lumaca
Tanto ben lustra e piu bel ch'una rapa
E denti bianchi corne pastinacia
In modo tal ch’inuagiresti T papa
E gli ochi del color dell’ utriacha
... capel bianchi e biondi piu che porri
... o morro se... tu non mi sochorri.
La tua bellezza par molto più bella
Che uomo che dipinto in chiesa sia;
La bocha tua mi par una scharsella
Di faguo piena, si chôme la mia :
Le ciglia paion tinte alla padella,
E torte piu ch’un archo di Soria :
Le gotte a rosse e bianche, quando stacci,
Chôme fra chacio frescho e rosolacci.
Michel-Ange semble avoir lui-même rougi de ces élucubrations,
peu dignes de son génie austère : de nombreuses ratures ou sur-
charges rendent à peu près indéchiffrable la dernière strophe, véri-
table palimpseste, que dès le xvnc siècle Buonarroti le Jeune a
renoncé à transcrire. Si j’ai essayé d’aller plus loin que le premier
éditeur, je ne l'ai fait qu’en recourant aux lumières de deux habiles
paléographes florentins, M. Gherardi, archiviste aux Archives d Etat,
et M. Alarico Carli, attaché à la Bibliothèque nationale. A oici cet
essai de transcription, que je recommande a toute 1 indulgence de
mes confrères en michelangélisme, et notamment à celle de M. Frey,
qui prépare une nouvelle édition des poésies du maître .
Quand’io li vego in su ciascuna poppa
Mi paion duo chochomeri in un sacho
Ond’io m’accendo tucto chôme stoppa
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dents blanches comme un panais, yeux de la couleur de la thé-
riaque, cheveux blancs et blonds comme des poireaux, bouche sem-
blable à une escarcelle, seins qui rappellent des concombres
enfermés dans un sac, etc.
Contrairement à ses habitudes, Michel-Ange Buonarroti le Jeune
n’a pas essayé d’arranger à sa guise cette élucubration bizarre ; il
s’est borné à en modifier l’orthographe. Voici tout d’abord la trans-
cription des deux premières strophes, scupuleusemcnt relevée par
moi sur l’original :
Tu a il uiso piu dolcie che la sapa
E passato ui par s(u) la lumaca
Tanto ben lustra e piu bel ch'una rapa
E denti bianchi corne pastinacia
In modo tal ch’inuagiresti T papa
E gli ochi del color dell’ utriacha
... capel bianchi e biondi piu che porri
... o morro se... tu non mi sochorri.
La tua bellezza par molto più bella
Che uomo che dipinto in chiesa sia;
La bocha tua mi par una scharsella
Di faguo piena, si chôme la mia :
Le ciglia paion tinte alla padella,
E torte piu ch’un archo di Soria :
Le gotte a rosse e bianche, quando stacci,
Chôme fra chacio frescho e rosolacci.
Michel-Ange semble avoir lui-même rougi de ces élucubrations,
peu dignes de son génie austère : de nombreuses ratures ou sur-
charges rendent à peu près indéchiffrable la dernière strophe, véri-
table palimpseste, que dès le xvnc siècle Buonarroti le Jeune a
renoncé à transcrire. Si j’ai essayé d’aller plus loin que le premier
éditeur, je ne l'ai fait qu’en recourant aux lumières de deux habiles
paléographes florentins, M. Gherardi, archiviste aux Archives d Etat,
et M. Alarico Carli, attaché à la Bibliothèque nationale. A oici cet
essai de transcription, que je recommande a toute 1 indulgence de
mes confrères en michelangélisme, et notamment à celle de M. Frey,
qui prépare une nouvelle édition des poésies du maître .
Quand’io li vego in su ciascuna poppa
Mi paion duo chochomeri in un sacho
Ond’io m’accendo tucto chôme stoppa