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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 5
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Frizzoni, Gustavo: Les échanges projetés entre les galeries royales de Parme et de Florence: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0460

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de peinture dépendant du gouvernement. C'est d'abord l’Académie des Beaux-
Arts, appelée aussi Galerie royale ancienne et moderne, qui a un caractère stric-
tement local, c'est-à-dire qui présente le développement total de la peinture en
Toscane; puis la galerie Pitti et les Offices, d’un choix plus éclectique, car les
écoles de tous les pays, sans préférence, y sont plus ou moins représentées, soit
dans les peintures, soit dans les dessins. Parmi les peintres vénitiens dont on'
voit quelques beaux spécimens, il n’y avait rien à signaler de l’aimable Jean-
Baptiste Cima da Conegliano, puisque la faible Madone qui lui est attribuée dans
la première salle vénitienne des Offices est considérée par les critiques éclairés
comme l’œuvre d’un de ses disciples. Le prestige des galeries florentines eût été
encore rehaussé par l’entrée de l’œuvre si importante et si bien choisie de ce
maître, dont nous donnons ici la reproduction.

Malheureusement, nous venons d’apprendre que des difficultés admistra-
tives ont fait échouer, à la dernière heure, ce projet d’échange.

II

L’œuvre de Cima dont nous venons de parler est un tableau d'autel, non
seulement important à cause de sa complexité et du nombre des figures, mais
avant tout par le goût exquis qu’il révèle et la finesse consciencieuse de l'exé-
cution dans ses moindres détails. Rien de plus pur, en effet, que cette réunion
de saints et de saintes entourant, avec l’ange musicien en extase, le trône où est
assise la Vierge portant l’Enfant, qui se tourne dans un geste de bénédiction vers
sa sainte de prédilection, vers cette sainte Catherine d’Alexandrie qui a été le
thème de tant d’inspirations charmantes chez les peintres italiens de la meil-
leure époque.

La galerie de Parme, tout en se privant de cette œuvre, avait encore la
bonne fortune de posséder trois belles peintures de Cima, dont les productions
ne sont pas très nombreuses. En Italie môme, il y a plusieurs galeries qui en
sont tout à fait dépourvues. Parme, au contraire, possède encore de lui un
autre beau tableau d’autel1 (avec un admirable fond de paysage où l'on aperçoit
sur une hauteur la petite ville natale du peintre) efr deux, petits panneaux à
sujets mythologiques absolument exquis. Dans l’un de ceux-ci, on voit représenté
Midas jugeant le conflit entre Apollon et Marsyas; dans l'autre, Endymion, en-
dormi près d’une broussaille, tandis que Diane, sous la forme d’un croissant de
lune, descend vers lui.

Revenant au tableau qui devait être transféré à Florence, il nous faut
signaler, en ce qui concerne le sujet, que les saints vers lesquels se tourne la
Vierge sont Jean-Baptiste avec les deux jeunes frères médecins Cosme et Damien ;
ceux de l'autre côté sont saint Paul et les saintes Catherine et Apollonie. La
mosaïque figurée sur la courbe de la niche ou abside qui forme le fond est

1. Ce tableau portait jadis l'inscription fausse « Lionardo Vinci H92 » et fut exalté
comme appartenant à.ce maître — incredibile dictu — par des historiens tels que Amo-
retti et Rio, impressionnés évidemment par le mérite de l'œuvre en général, et non par
son caractère personnel.
 
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