LA RENAISSANCE ITALIENNE
SOI
aux cours publics; il faut concasser force textes, en les faussant,
amonceler beaucoup d’opinions quelconques, mais toutes également
pesantes, les imposer à tour de bras ou les déverser lourdement sur
la tète de ses lecteurs; pendant que l'historien sincère, qui besogne
sans tant de fracas, étudie avec zèle, cherche sans idée préconçue ni
plan fait d'avance, ni symbole dogmatique, et sait, peu à peu, par
des touches pittoresques, des preuves choisies, la variété des faits et
LA PLANÈTE MERCURE, PAR LE PÉRUGIN
(« Cambio » de Pérouse)
la bonne foi des aveux, faire naître chez le lecteur expérimenté l’opi-
nion qu'il s’est formée lui-même, et, le menant par le chemin qu'il a
su lui aplanir, lui éviter le déplaisir de se voir morigéné.
Pour cette manière d’écrire l’histoire, le style ne saurait garder
une trop grande importance. El ce fut, tout dernièrement, une fête
pour les historiens de l’Italie quand ils virent ces pages de M. Müntz
sur Léonard de Vinci, plus libres peut-être que beaucoup d autres,
et, si je puis dire, plus heureuses, plus allègres. On aime a penser
que, sachant tout, ou à peu près, M. Müntz s’accordera désormais
de jouir plus librement de son savoir; on sent qu’il s’achemine
SOI
aux cours publics; il faut concasser force textes, en les faussant,
amonceler beaucoup d’opinions quelconques, mais toutes également
pesantes, les imposer à tour de bras ou les déverser lourdement sur
la tète de ses lecteurs; pendant que l'historien sincère, qui besogne
sans tant de fracas, étudie avec zèle, cherche sans idée préconçue ni
plan fait d'avance, ni symbole dogmatique, et sait, peu à peu, par
des touches pittoresques, des preuves choisies, la variété des faits et
LA PLANÈTE MERCURE, PAR LE PÉRUGIN
(« Cambio » de Pérouse)
la bonne foi des aveux, faire naître chez le lecteur expérimenté l’opi-
nion qu'il s’est formée lui-même, et, le menant par le chemin qu'il a
su lui aplanir, lui éviter le déplaisir de se voir morigéné.
Pour cette manière d’écrire l’histoire, le style ne saurait garder
une trop grande importance. El ce fut, tout dernièrement, une fête
pour les historiens de l’Italie quand ils virent ces pages de M. Müntz
sur Léonard de Vinci, plus libres peut-être que beaucoup d autres,
et, si je puis dire, plus heureuses, plus allègres. On aime a penser
que, sachant tout, ou à peu près, M. Müntz s’accordera désormais
de jouir plus librement de son savoir; on sent qu’il s’achemine