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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 1
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Rais, Jules: Le Salon de 1900, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0070

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38

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sinée, la vie intellectuelle et mobile d’un artiste de ce temps. ■—
A longs traits de crayon parallèles, M. Henri Martin modèle à contre-
jour au flanc de la « colline de clarté » Dante Alighieri ; à peine
peut-on distinguer son profil âpre ; mais par l’attitude, par la masse
et par le tissu moral, en quelque sorte, de ces fibres de couleur
épaisse, voilà bien l’image du poète gothique : il est suspendu
sur le monde comme une voûte. — Le second Empire, avec ses
élégances de parade — redingote grise, cravate verte, ruban rouge,
stick et draperie mordorée, — revit dans un portrait souple, fouetté,
superficiel, de M. Benjamin-Constant ; certain faste de transition
dans ceux de MM. Comerre, Flameng, et dans celui de M. Baschet,
miniatural, rose et noir ; le puritanisme bourgeois dans une peinture
austère de M. J.-P. Laurens; l’aménité familière du «gentilhomme»
d’aujourd’hui dans celle de M. Aimé Morot ; les langueurs contem-
poraines sous les mousselines plissées, dans l’attitude et la chair des
jeunes femmes que M. Ridel, disciple d’Aman-Jean, balance sur une
eau un peu épaisse; les accommodations complexes de M. Jacques
Blanche dans les Lédas de M. Avy. On distingue comme un écho en
sourdine des harmonies britanniques dans les grâces légères, déli-
cates, mélancoliques, souffrantes, de M. Humbert. Un portrait de
M. de Szankowsky, sonore, muscleux, atteste que les étrangers ne
se raidissent pas tous dans les attitudes passives ni ne s’égarent —
avec quelle innocence souvent ! — dans les ténèbres insidieuses de
M. Whistler, d’où M. Lavery, du moins, fait jaillir d’un pinceau
nerveux, souple et strict, de si fines fleurs de chair! Citons encore
les portraits très distingués de Mme Beaury-Saurel, ceux de MM. Hall,
Cari Linden, Henri Boyer, de MIles Greene, Berlin, Lecomte, de
MM. Mercié, Tattegrain, Jules Lefebvre, Etienne, Laurent, Lazlo, etc.

Derniers rayons, Baigneuses, thème éternel de nudités : ici
(M. Chabas), dans l’éploiement brutal du soleil sur l’eau noircie et
dans les draperies, là (M. Grau) plus harmonieusement, dans
l’heure grise et fauve, dans le vol tournoyant des feuilles mortes
sur la terre jonchée. Une coulée de lumière verte entre les rideaux
parallèles des cyprès modèle les carnations sculpturales et convulsées
de la Luxure (M. Cornillier). L’expression par la lumière, qui, mieux
que MM. Henner et Henri Martin y excelle aujourd’hui ? Sur l’arpège
du sol fauve, des ténèbres dorées de la forêt, d’une chevelure
rousse, M. Henner module la morbidesse de chairs ombreuses,—le
rêve d’un rayon inéclos [Le Rêve) ! Parmi les flocons blanc bleuté
des lys, mi-vêtue du « plissé soleil » d’une gaze verte pailletée de
 
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