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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
STATÈRE D’OR DES ARVERNES
sion, si l’on en juge par les monnaies au nom de Vercingétorix,
l’adversaire de César. Et quand môme l’on ne verrait dans le chef
qui a signé ces monnaies qu’un homo-
nyme du personnage historique, il
n’en faudrait pas moins, en raison
de la légende en lettres latines, rap-
porter les monnaies de Vercingétorix
à un temps peu éloigné de la con-
quête romaine. Mais, en dehors de
l’Arvernie, le prototype fourni par les monnaies de Philippe se
déforma rapidement, jusqu’à devenir méconnaissable, la tète se
réduisant, par exemple dans le nord-est, à une sorte d’œil occupant
tout le champ de la pièce, ailleurs se transformant en une tète
entourée de chaînes ; ainsi naquirent des types nouveaux, propre-
ment gaulois, sous lesquels il est impossible de retrouver le
modèle grec, à moins que l’on ne remonte la suite des modifications
successives. Le char, au revers, disparut; ou bien il n'en resta
qu’une roue, tandis que le cheval se démembrait ou devenait andro-
céphale.
Si les Gaulois, comme il est probable, attribuaient à ces nou-
velles figures une valeur propre, une signification religieuse ou
symbolique, nous ignorons laquelle; pas plus que nous ne savons
le sens des petits objets qui ornent le champ des statères, à côté du
type principal. Quelques monnaies présentent, cependant, des figures
libres de toute imitation, ayant môme un caractère artistique parti-
culier, comme ce cavalier brandissant la lance et le bouclier, qui
paraît sur les monnaies des Redones
(Rennes), une figure maladroitement
dessinée dans les détails, mais d’un
mouvement bien accentué et qui
révèle chez son inventeur un senti-
ment de réalisme extraordinaire.
Après l’établissement des Ro-
mains entre le Rhône et les Alpes,
dans cette région qu’on appela « laProvince », les monnaies romaines
se répandirent chez les peuplades gauloises. C’est de ce côté qu’elles
prirent, dès lors, les modèles de leurs monnaies.
Le type des Dioscures fut copié à satiété. Ce monnayage se déve-
loppa vers le temps de la conquête de la Gaule par Jules César, et
lui survécut : car, après la soumission de la Gaule à la puissance
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STATERE D OR DES REDONES
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
STATÈRE D’OR DES ARVERNES
sion, si l’on en juge par les monnaies au nom de Vercingétorix,
l’adversaire de César. Et quand môme l’on ne verrait dans le chef
qui a signé ces monnaies qu’un homo-
nyme du personnage historique, il
n’en faudrait pas moins, en raison
de la légende en lettres latines, rap-
porter les monnaies de Vercingétorix
à un temps peu éloigné de la con-
quête romaine. Mais, en dehors de
l’Arvernie, le prototype fourni par les monnaies de Philippe se
déforma rapidement, jusqu’à devenir méconnaissable, la tète se
réduisant, par exemple dans le nord-est, à une sorte d’œil occupant
tout le champ de la pièce, ailleurs se transformant en une tète
entourée de chaînes ; ainsi naquirent des types nouveaux, propre-
ment gaulois, sous lesquels il est impossible de retrouver le
modèle grec, à moins que l’on ne remonte la suite des modifications
successives. Le char, au revers, disparut; ou bien il n'en resta
qu’une roue, tandis que le cheval se démembrait ou devenait andro-
céphale.
Si les Gaulois, comme il est probable, attribuaient à ces nou-
velles figures une valeur propre, une signification religieuse ou
symbolique, nous ignorons laquelle; pas plus que nous ne savons
le sens des petits objets qui ornent le champ des statères, à côté du
type principal. Quelques monnaies présentent, cependant, des figures
libres de toute imitation, ayant môme un caractère artistique parti-
culier, comme ce cavalier brandissant la lance et le bouclier, qui
paraît sur les monnaies des Redones
(Rennes), une figure maladroitement
dessinée dans les détails, mais d’un
mouvement bien accentué et qui
révèle chez son inventeur un senti-
ment de réalisme extraordinaire.
Après l’établissement des Ro-
mains entre le Rhône et les Alpes,
dans cette région qu’on appela « laProvince », les monnaies romaines
se répandirent chez les peuplades gauloises. C’est de ce côté qu’elles
prirent, dès lors, les modèles de leurs monnaies.
Le type des Dioscures fut copié à satiété. Ce monnayage se déve-
loppa vers le temps de la conquête de la Gaule par Jules César, et
lui survécut : car, après la soumission de la Gaule à la puissance
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