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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Dès le vie siècle, des lettres isolées, initiales des noms des cités,
et aussi des monogrammes de diverses significations, parurent dans
le champ des monnaies, à côté du titre principal. Le monogramme
parut sur quelques pièces comme type central occupant tout le
champ, jusqu’à ce que, son usage se développant de jour en jour, il
devînt, au vmc siècle, l’ornement ordinaire des monnaies. Le style
carolingien se préparait.
L’un des caractères du monnayage mérovingien, au point de
vue artistique, était la variété infinie des types, résultat nécessaire
du nombre considérable des ateliers et de la liberté dont jouissaient
les monnayeurs pour la frappe des espèces. Au contraire, dès le règne
de Pépin, l’uniformité tend à se rétablir. Du moment que le roi
voulait ressaisir l’exercice du droit de monnaie, son premier soin
devait être d’imposer l’usage d’un type unique de monnaies. Pépin
n’y parvint pas. Mais les monnaies à son nom ont toutes des carac-
tères communs : plus de têtes, seulement de grandes lettres ou des
monogrammes dans le champ, des légendes circulaires ou horizon-
tales, quelquefois des dessins géométriques.
Sous Charlemagne, le type monétaire fut arrêté et persista plu-
sieurs siècles : au droit, le monogramme du nom royal ; au revers,
une croix à branches égales; l’un et l’autre motif encadrés dans une
légende circulaire. Cette décoration, purement épigraphique, est à
peine du domaine de l’art.
Ce n’est pas que la renaissance antique qui marqua les pre-
mières années du ix° siècle ne se soit fait sentir dans le monnayage.
Ainsi, nous avons des pièces de Charlemagne et de Louis le Pieux
sur lesquelles paraît une effigie impériale, imitée de celle des empe-
reurs romains, effigie toute semblable à celle que les souverains
carolingiens faisaient graver sur les pierres en cristal de roche qui
leur servaient de sceau. C’est encore une copie de l’antique que le
temple tétrastyle, surmonté d’une croix, symbole delà religion chré-
tienne, qui orne le revers de quelques monnaies de Charlemagne,
de la plupart de celles de son successeur et qui devint un type cou-
rant sur les monnaies d’outre-Rhin. En France, le type caractéris-
tique des monnaies tournois dérive de ce temple.
Au xe siècle, l’unité du monnayage fut à nouveau rompue. La
fabrication des espèces passa du roi aux comtes, aux évêqûes et aux
abbés. Mais les seigneurs copièrent la monnaie royale. Le type caro-
lingien se prolongea jusqu’au xme siècle. Les monnaies françaises
du x° au xiic siècle sont dépourvues de tout caractère artistique. La
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Dès le vie siècle, des lettres isolées, initiales des noms des cités,
et aussi des monogrammes de diverses significations, parurent dans
le champ des monnaies, à côté du titre principal. Le monogramme
parut sur quelques pièces comme type central occupant tout le
champ, jusqu’à ce que, son usage se développant de jour en jour, il
devînt, au vmc siècle, l’ornement ordinaire des monnaies. Le style
carolingien se préparait.
L’un des caractères du monnayage mérovingien, au point de
vue artistique, était la variété infinie des types, résultat nécessaire
du nombre considérable des ateliers et de la liberté dont jouissaient
les monnayeurs pour la frappe des espèces. Au contraire, dès le règne
de Pépin, l’uniformité tend à se rétablir. Du moment que le roi
voulait ressaisir l’exercice du droit de monnaie, son premier soin
devait être d’imposer l’usage d’un type unique de monnaies. Pépin
n’y parvint pas. Mais les monnaies à son nom ont toutes des carac-
tères communs : plus de têtes, seulement de grandes lettres ou des
monogrammes dans le champ, des légendes circulaires ou horizon-
tales, quelquefois des dessins géométriques.
Sous Charlemagne, le type monétaire fut arrêté et persista plu-
sieurs siècles : au droit, le monogramme du nom royal ; au revers,
une croix à branches égales; l’un et l’autre motif encadrés dans une
légende circulaire. Cette décoration, purement épigraphique, est à
peine du domaine de l’art.
Ce n’est pas que la renaissance antique qui marqua les pre-
mières années du ix° siècle ne se soit fait sentir dans le monnayage.
Ainsi, nous avons des pièces de Charlemagne et de Louis le Pieux
sur lesquelles paraît une effigie impériale, imitée de celle des empe-
reurs romains, effigie toute semblable à celle que les souverains
carolingiens faisaient graver sur les pierres en cristal de roche qui
leur servaient de sceau. C’est encore une copie de l’antique que le
temple tétrastyle, surmonté d’une croix, symbole delà religion chré-
tienne, qui orne le revers de quelques monnaies de Charlemagne,
de la plupart de celles de son successeur et qui devint un type cou-
rant sur les monnaies d’outre-Rhin. En France, le type caractéris-
tique des monnaies tournois dérive de ce temple.
Au xe siècle, l’unité du monnayage fut à nouveau rompue. La
fabrication des espèces passa du roi aux comtes, aux évêqûes et aux
abbés. Mais les seigneurs copièrent la monnaie royale. Le type caro-
lingien se prolongea jusqu’au xme siècle. Les monnaies françaises
du x° au xiic siècle sont dépourvues de tout caractère artistique. La