L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L’ART FRANÇAIS
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seigneurie ou d’un office, son sceau était brisé et son successeur en
faisait « tailler » un autre ; de façon que nous pouvons suivre pas à
pas les états successifs de la gravure, les progrès du dessin, les
modifications dans le goût artistique. Certaines figures, en se perpé-
tuant, par exemple celle d’un chevalier, celle de la Vierge, d'autres
encore, nous permettent de marquer avec précision les étapes de l’art
dans une même voie.
Les organisateurs des vitrines du Petit Palais, MM. Prinet et
Cartaux, des Archives Nationales, entrant dans les vues du directeur
de l’Exposition rétrospective, ont classé les sceaux par types et mis
ainsi en relief l’évolution d’un même type.
L’on trouvera un autre profit à comparer les sceaux aux pièces
d’orfèvrerie et aux sculptures en ivoire, car nous savons pour quels
personnages ils ont été faits, nous connaissons la date des documents
auxquels ils ont été plaqués ou appendus ; leur comparaison avec
les œuvres d’art anonymes aidera donc à assigner à celles-ci une
date, sinon précise, au moins approximative.
Le type dit de majesté, représentant le souverain assis de face,
tenant les insignes de la royauté, d’abord le sceptre et un fleuron,
plus tard le sceptre et la main de justice, paraît sur le sceau du roi
Henri Ier, pour se poursuivre jusqu’à Louis XVI et même Charles X.
La figure, maladroitement dessinée sous Henri Ier, Philippe Ier,
gagne en correction au cours du xue siècle, pour atteindre la per-
fection sous saint Louis ; elle acquiert plus de souplesse au xivc siècle ;
mais bientôt elle se complique et, en perdant sa simplicité, devient
lourde et confuse. D’abord on abrite la figure sous un dais d’archi-
tecture, puis au dais l’on accroche des tentures, qui, sous Louis XIII,
seront retenues par des anges.
Les autres types passent ainsi d’une simplicité, qui seule conve-
nait à des monuments d’un petit module, à un encombrement de
détails au milieu desquels se perd l’image principale. Les chevaliers
de la fin du xie siècle et du xne siècle se faisaient représenter, sur
leurs sceaux, à cheval, en costume de guerre, armés de la lance ou
de l’épée et du bouclier. Ces cavaliers sont tracés d’une main enfan-
tine; mais bientôt, dès le milieu du xue siècle, s’ils sont encore mal
proportionnés, mal équilibrés sur leur monture, le mouvement
général est heureusement rendu. A la fin du xme siècle, la figure est
d’un excellent dessin, et si les détails sont nombreux, du moins
sont-ils traités assez sobrement pour ne pas nuire à l’ensemble.
Mais, dès la fin du xive siècle, les ornements dont se surchargent les
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seigneurie ou d’un office, son sceau était brisé et son successeur en
faisait « tailler » un autre ; de façon que nous pouvons suivre pas à
pas les états successifs de la gravure, les progrès du dessin, les
modifications dans le goût artistique. Certaines figures, en se perpé-
tuant, par exemple celle d’un chevalier, celle de la Vierge, d'autres
encore, nous permettent de marquer avec précision les étapes de l’art
dans une même voie.
Les organisateurs des vitrines du Petit Palais, MM. Prinet et
Cartaux, des Archives Nationales, entrant dans les vues du directeur
de l’Exposition rétrospective, ont classé les sceaux par types et mis
ainsi en relief l’évolution d’un même type.
L’on trouvera un autre profit à comparer les sceaux aux pièces
d’orfèvrerie et aux sculptures en ivoire, car nous savons pour quels
personnages ils ont été faits, nous connaissons la date des documents
auxquels ils ont été plaqués ou appendus ; leur comparaison avec
les œuvres d’art anonymes aidera donc à assigner à celles-ci une
date, sinon précise, au moins approximative.
Le type dit de majesté, représentant le souverain assis de face,
tenant les insignes de la royauté, d’abord le sceptre et un fleuron,
plus tard le sceptre et la main de justice, paraît sur le sceau du roi
Henri Ier, pour se poursuivre jusqu’à Louis XVI et même Charles X.
La figure, maladroitement dessinée sous Henri Ier, Philippe Ier,
gagne en correction au cours du xue siècle, pour atteindre la per-
fection sous saint Louis ; elle acquiert plus de souplesse au xivc siècle ;
mais bientôt elle se complique et, en perdant sa simplicité, devient
lourde et confuse. D’abord on abrite la figure sous un dais d’archi-
tecture, puis au dais l’on accroche des tentures, qui, sous Louis XIII,
seront retenues par des anges.
Les autres types passent ainsi d’une simplicité, qui seule conve-
nait à des monuments d’un petit module, à un encombrement de
détails au milieu desquels se perd l’image principale. Les chevaliers
de la fin du xie siècle et du xne siècle se faisaient représenter, sur
leurs sceaux, à cheval, en costume de guerre, armés de la lance ou
de l’épée et du bouclier. Ces cavaliers sont tracés d’une main enfan-
tine; mais bientôt, dès le milieu du xue siècle, s’ils sont encore mal
proportionnés, mal équilibrés sur leur monture, le mouvement
général est heureusement rendu. A la fin du xme siècle, la figure est
d’un excellent dessin, et si les détails sont nombreux, du moins
sont-ils traités assez sobrement pour ne pas nuire à l’ensemble.
Mais, dès la fin du xive siècle, les ornements dont se surchargent les