Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Michel, André: L' exposition centennale - La peinture française, 2: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0172

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
156

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

le Sacre, et dans la classe, non plus de la grande peinture d’his-
toire, mais simplement des « tableaux représentant un sujet hono-
rable pour le caractère national », et une pareille classification en
dit long sur l’esthétique et sur l'esprit du temps.

S’il trouvait Girodet « trop savant » et trop maniéré, David
reprochait à un autre de ses élèves, Antoine-Jean Gros, de se laisser
trop facilement distraire du grand art par l’anecdote et l’actualité.
Nous avons au Grand Palais six œuvres importantes de Gros, qui
nous permettent de le suivre depuis ses débuts jusqu’au seuil de
ses dernières années. Mme Vigée-Lebrun, qui l’avait connu tout
enfant et l’avait fait jouer dans son atelier, écrit dans ses Souvenirs
que de bonne heure elle avait pressenti chez lui une vocation
de « grand coloriste ». A l’Ecole royale des Beaux-Arts, un torse
« peint en clair-obscur » lui vaut (6 mai 1791), au concours entre
les élèves peintres et sculpteurs pour le prix Quentin de La Tour,
une première, médaille — la seconde étant attribuée à Pierre-Nar-
cisse Guérin. Dans le jury siégeaient, à côté et sous la présidence
de Vien, Julien, Belle, Bridan, Gois, Lagrenée, Mouchy, Suvée,
Boizot, Lecomte, Doyen, Vanloo, Boslin, Berruer, Wille. Nous
sommes, on le voit, aux derniers jours de l’ancienne Académie
royale, que David allait décimer et proscrire, —et c’est bien encore
un tableau « académique » que Gros peignit l’année suivante pour
le concours du prix de Borne. 11 avait alors vingt et un ans (et
non pas dix-sept et demi, comme le voudrait une inscription ajoutée
sur le cadre du musée de Saint-Lô). Le sujet imposé aux concurrents
était : Eléazar préfère la mort au crime de violer la loi en mangeant
des viandes défendues. Gros passionna de son mieux ce sujet peu
passionnant. Il y mit toute la gesticulation dont les académiciens
du xviii0 siècle, grands admirateurs de Pietro da Cortona, rappor-
taient d’Italie les procédés faciles et le goût. La gravure qui accom-
pagne ces lignes suffira pour montrer au lecteur comment est réglé
et mis en scène ce finale d’un acte de tragédie mouvementée. Si la
tète d’Eléazar n’est qu’une adaptation du Moïse de Michel-Ange,
l’influence de Bubens — mais d’un Bubens édulcoré — se fait sentir
dans l’allure générale et la distribution de la couleur. Autour du
grand manteau blanc du prophète., les rouges vermillonnés et les
verts, les bleus et les jaunes d’or, sont largement distribués et font
une musique plus brillante qu’expressive ; du moins y reconnaît-on
le doigté d’un praticien habile et incontestablement doué. Il n’eut
pourtant pas le prix, qui fut décerné au sage et froid Landon, qui,
 
Annotationen