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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 3
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Cartwright, Julia: Burne-Jones, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0260

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238

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mythologies. Les Grecs chantèrent le sommeil séculaire d’Endymion
sur le mont Latinien; la Vælsungsaga raconte comment Brunehildc
dormit sur le mont Hindfell jusqu’à ce que Sigurd vînt la réveiller.
Peu à peu la fable se transforma; elle devint la légende de la prin-
cesse endormie pendant cent ans dans un palais enchanté, perdu au
milieu d’un fourré de ronces magiques. Grimm a conté l’histoire de
Dornrœslein avec son ordinaire naïveté ; Perrault la mit dans ses
Contes du temps passé, en y ajoutant un parfum de Versailles et de
la cour du Grand monarque, pour plaire au goût de son temps ; et
aujourd’hui, à la fin du xixe siècle, un peintre anglais a su donner
à cette vieille légende un charme nouveau, entièrement romantique.
Aucun sujet ne pouvait convenir davantage au génie de Burne-
Jones, car, mieux qu’aucun artiste, il sait ouvrir la porte d’ivoire et
nous transporter, sur les ailes de son imagination, dans un monde
nouveau et lointain, où les choses les plus communes se transfi-
gurent, où l’on marche dans un pays étrange et enchanté, plein de
mystère et de joie. C’est bien là l'air qu’on respire au pays des fées
où la princesse et sa cour reposent, endormies sous le charme d’une
malédiction fatale.

Le peintre nous montre, tout d’abord, le vaillant chevalier qui
doit délivrer ce monde endormi, frayant son chemin, l’épée à la
main, à travers l’impénétrable et sombre hallier qui entoure le
palais enchanté. Tout autour de lui sont étendus les autres cheva-
liers qui n’ont pu réussir à rompre le réseau mortel des ronces
fleuries. Leurs casques se sont détachés de leurs têtes, tandis que, la
face tournée vers le ciel, ils reposent, ensevelis dans un profond
sommeil ; les ronces magiques tiennent suspendus au-dessus d’eux
les boucliers échappés à leurs bras. La figure du jeune héros est
grave et ses yeux sont pleins de la terreur du lieu, mais il n’en
étreint que plus fermement son épée et n’en marche qu’avec plus
de résolution vers la fiancée pour laquelle il est prêt à braver tous
les dangers. Avec le second tableau, nous pénétrons dans la salle
du Conseil, où le roi, à barbe blanche, dort sur son trône de bronze
orné de pierreries et supporté par des piliers en marbre bleu. Sa
robe somptueuse est brodée d’argent et semée de perles. Son front
est ceint d’un diadème d’or; à côté de lui est un sablier, dont tout
le sable est depuis longtemps écoulé. Les conseillers, vêtus de
riches brocarts, dorment sur les marches du trône. Le trésorier
tient encore sa bourse à la main; les guerriers dorment dans leurs
cottes de mailles, et les sentinelles sommeillent lourdement, ados-
 
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