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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 3
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Cartwright, Julia: Burne-Jones, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0261

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BURNE-JONES

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sées à la grille dorée qu’envahissent les lianes de la ronce géante.
Puis, ce sont les jardins où, dans la chaude lumière d’un jour d’été,
les suivantes de la princesse dorment sous les vieilles arcades grises
d’un palais roman. Elles aussi sont sous l’influence du charme
et le sommeil les a surprises au milieu de leurs travaux et de leurs
jeux. Une belle jeune fille a laissé échapper de ses doigts la navette
qu’elle lançait et dort maintenant, sa tête aux cheveux d’or repo-
sant sur son bras. Une autre s’appuie au cadre d'un métier, tandis
qu’une troisième a glissé sur les dalles de marbre vert, qui reflè-
tent, dans leur surface polie, les roses et les émeraudes, les saphirs
et les améthystes des parures. Noyant ces personnages dans la
gloire de ses fleurs épanouies, la ronce magique couvre de ses
lourdes frondaisons le cadran solaire et la fontaine, envahit le
porche et vient s’enrouler autour de la cloche qui pend, muette, au
mur. Ces jeunes filles, aux robes éclatantes, aux visages semblables
à des fleurs, dormant en des poses diverses sous le soleil radieux
d’un jour d’été, forment un groupe délicieux.

Mais ces premières compositions n’ont pas épuisé la fertile
imagination du peintre ; la quatrième toile de cette suite donne
l’impression de la beauté parfaite. C’est le boudoir de la fille du
roi, la chambre isolée et lointaine où la jeune princesse dort au
milieu des objets les plus riches et les plus rares. De belles jeunes
filles sont étendues à ses pieds, dans un profond sommeil ; leurs
mains tiennent encore des luths et des harpes. Le lit de pourpre est
frangé d’argent; le tapis, rouge, est semé d’un décor de paons de
couleur foncée ; un croissant de lune est brodé aux rideaux du lit,
emblème de la chaste reine qui veille sur le sommeil virginal de la
princesse. Celle-ci rappelle, dans son innocence enfantine, la Médée
endormie de la chapelle de Bergame, ou la sainte Ursule de Car-
paccio qui sommeille, la tète appuyée sur la main. Ses bras nus sont
étendus sur la courte-pointe brodée; une tresse défaite s’étale sur
son cou. Mais déjà les couleurs de la vie reviennent à ses joues, car
le libérateur a mis le pied sur le seuil du palais et son baiser va
l’éveiller à l’amour et à la joie. Déjà l’aurore paraît à l’Orient et
sa lumière rose pénètre par la fenêtre étroite. Bientôt se lèvera le
soleil du jour nouveau et les oiseaux vont faire éclater leurs chants.
On retrouve ici la ronce magique qui forme, pour ainsi dire, le lien
qui unit cette composition à la première. Elle serpente parmi les
jeunes filles endormies, enveloppant une cassette couverte de pier-
reries qui gît ouverte sur les dalles, envahissant les draperies du
 
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