AUX FÊTES D’URANGE ET DE BÉZIERS
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le mistral soufflait, l’usage du velarium devenait impossible et le poète Martial
écrivait : « Nous aurons les toiles, si le vent nous les accorde ! »
A l’époque des invasions, lou Cieri servit de fortification avancée ; au moyen
âge, il fut envahi par une population miséreuse qui s’y cantonna pour des siècles.
C’est un architecte de l’État, M. Auguste Caristie, qui entreprit, vers 1825,
de ressusciter le théâtre antique. Les travaux de déblaiement, commencés sous
la Restauration, ne furent achevés que sous Napoléon III.
La première représentation théâtrale eut lieu le 21 août 1869. On acclama
THÉÂTRE ANTIQUE D’ORANGE
(Vue intérieure,)
Joseph de Méhul. Depuis lors, à des intervalles irréguliers, on a donné comme
opéras : la Norma de Bellini, Moïse de Rossini, et comme tragédies, Œdipe Roi,
Les Erynnies avec la musique de Massenet, Antigone avec la musique de Saint-
Saëns ; mais il semble que, de tout ce qui a été joué jusqu’ici, la palme revient
à Œdipe Roi, grâce à l’inimitable talent de M. Mounet-Sully.
L’âme de toutes ces représentations est, depuis longtemps déjà, M. Paul
Mariéton, lyonnais d’origine, fils adoptif de la Provence, chancelier du Félibrige
et délégué de la Commission officielle. C’est même lui qui, de ses deniers,
garantit la recette, car, chose incroyable, l’État ne donne aucune subvention à
ces manifestations d’art. Il s’agit cependant d’une œuvre nationale, j’ose dire
d’une œuvre pieuse. Le spectateur, au théâtre d’Orange, évoque la Rome antique
et le génie de ceux qui, jadis, nous ont arrachés à la barbarie, et il semble que
ce théâtre soit le point de contact entre la civilisation romaine et notre civilisa-
tion. Aussi, j’y voudrais régulièrement des représentations populaires et même
gratuites. Pourquoi les troupes de l’Opéra et de la Comédie-Française n’iraient-
xxiv. — 3* PÉRIODE 47
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le mistral soufflait, l’usage du velarium devenait impossible et le poète Martial
écrivait : « Nous aurons les toiles, si le vent nous les accorde ! »
A l’époque des invasions, lou Cieri servit de fortification avancée ; au moyen
âge, il fut envahi par une population miséreuse qui s’y cantonna pour des siècles.
C’est un architecte de l’État, M. Auguste Caristie, qui entreprit, vers 1825,
de ressusciter le théâtre antique. Les travaux de déblaiement, commencés sous
la Restauration, ne furent achevés que sous Napoléon III.
La première représentation théâtrale eut lieu le 21 août 1869. On acclama
THÉÂTRE ANTIQUE D’ORANGE
(Vue intérieure,)
Joseph de Méhul. Depuis lors, à des intervalles irréguliers, on a donné comme
opéras : la Norma de Bellini, Moïse de Rossini, et comme tragédies, Œdipe Roi,
Les Erynnies avec la musique de Massenet, Antigone avec la musique de Saint-
Saëns ; mais il semble que, de tout ce qui a été joué jusqu’ici, la palme revient
à Œdipe Roi, grâce à l’inimitable talent de M. Mounet-Sully.
L’âme de toutes ces représentations est, depuis longtemps déjà, M. Paul
Mariéton, lyonnais d’origine, fils adoptif de la Provence, chancelier du Félibrige
et délégué de la Commission officielle. C’est même lui qui, de ses deniers,
garantit la recette, car, chose incroyable, l’État ne donne aucune subvention à
ces manifestations d’art. Il s’agit cependant d’une œuvre nationale, j’ose dire
d’une œuvre pieuse. Le spectateur, au théâtre d’Orange, évoque la Rome antique
et le génie de ceux qui, jadis, nous ont arrachés à la barbarie, et il semble que
ce théâtre soit le point de contact entre la civilisation romaine et notre civilisa-
tion. Aussi, j’y voudrais régulièrement des représentations populaires et même
gratuites. Pourquoi les troupes de l’Opéra et de la Comédie-Française n’iraient-
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