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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 5
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Molinier, Émile: L' exposition rétrospective de l'art français, Les émaux des peintres: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0454

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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première ligne le verrier vénitien Beroviero, son ami Filarete, et, à
côté de Filarete, un artiste français célèbre entre tous, Jean Foucquet,
qui pratique à l’italienne le métier d’émailleur et enchâsse des
chatons émaillés dans les cadres de ses tableaux. Ce sont là des
faits; mais, à dire vrai, ces faits, authentiquement établis pour des
époques en somme assez voisines les unes des autres, manquent de
liens entre eux. Faute de ces liens de ces transitions, on n’a pu
jusqu’ici franchir celle barrière, probablement bien fragile, qui nous
laisse en dehors de la vérité absolue. Et puis, de la sorte, nous ne
savons point si l’Italie influa sur Limoges, ce que je ne pense pas,
mais ce qui serait à la rigueur admissible, ou si Limoges influa sur
l’Italie. Je me hâte de dire, étant donné la dissemblance des procédés
employés au point de vue technique, que je ne crois guère à une
influence réciproque. Je penche plutôt,.quelque invraisemblable au
point de vue historique que puisse paraître cette opinion, à des
éclosions isolées, mais simultanées, en deux pays voisins l’un de
l’autre, sous des influences analogues.

Mais laissons les hypothèses : arrivons à des faits représentés
par des monuments. Le musée des Antiquaires de l’Ouest, à Poitiers,
le musée Vivenel, à Compiègne, renferment de petites pièces de
cuivre émaillées, provenant vraisemblablement de l’ornementation
de ceintures de femmes, sur lesquelles sont représentés des per-
sonnages que leur costume dénonce comme contemporains de
Charles VIL Uu gobelet couvert, dont Gaignières nous a conservé
la précieuse reproduction coloriée, appartient à la même époque et
au même centre de fabrication : Limoges. Il n’est pas bien sûr qu’il
n’y ait pas quelques traces de peinture en émail sur le fameux Rosse/
d’or d’Altœtting, œuvre française et parisienne des premières années
du xve siècle; on en rencontre sur les fleurettes qui ornent un des
reliquaires de la chapelle de l’ordre du Saint-Esprit, au Louvre, et
ce reliquaire date de la première moitié du xv° siècle. C’est donc au
xve siècle, et probablement vers le milieu de ce siècle, qu’en France
a pris naissance l’art de l’émail des peintres.

Pour l’Italie, nous avons une date tout au moins : celle de 1465,
relevée par Courajod au musée de Dresde sur une reproduction de
la célèbre statue antique de Marc-Aurèle exécutée par Filarete, dans
la décoration fantaisiste de laquelle l’artiste a fait entrer un minus-
cule émail peint. Quelque modeste que soit cet émail, il acquiert,
comme témoignage de l’existence de cette technique, une singulière
valeur, si on le rapproche de certains passages des Commentaires de
 
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