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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 6
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Guillaume, Eugène: La sculpture au XIXe siècle: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0552

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

copiait la nature en la mettant au point ; mais il ne perdait jamais
de vue son sujet. La rigueur du procédé n’ôtait rien à l’indépen-
dance de sa pensée : bien au contraire, elle en assurait l’exercice.
Jamais on ne vit une œuvre si passionnée et, en apparence, aussi
affranchie des formules. Et cependant elle satisfait aux règles éter-
nelles. Quelle qu’ait été l’importance des productions contempo-
raines, à quelque genre qu'elles aient appartenu, on peut affirmer
qu'aucune d’elles n’a la valeur de l’œuvre de Rude. Elle est à l'hon-
neur de notre temps ; c’est plus qu’une belle sculpture : c’est un
chef-d’œuvre du génie français.

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Après cet admirable épanouissement, la sculpture, ce me semble,
resta quelque temps stationnaire. Les occasions manquèrent. L’édu-
cation dans les ateliers était de plus en plus bornée à l’étude du nu.
Sans doute la théorie n’était pas dédaignée, mais le sentiment du
grand art et de son emploi paraissait affaibli. A cette époque, on
produisit surtout des statues. Les Salons, qui permettent d’avoir la
forme sous les yeux et de juger le rendu par morceaux, justifiaient
l’enseignement et exerçaient un attrait sensible : la préoccupation
des artistes était d’être inscrits au livret. Ce fut à partir de ce temps
que le Musée du Luxembourg commença d’être à l’étroit et que les
musées des départements furent plus largement dotés d’œuvres tirées
des expositions. 11 y avait encore d’importants travaux de décoration ;
mais c’était dans des intérieurs. Là, nos maîtres continuaient à donner
l’exemple. Le tombeau de l’Empereur aux Invalides mit une fois de
plus en lumière le talent de Pradier. D’autres rivalisaient au Louvre,
où, sous la direction de l’architecte Duban, ils exécutaient des pla-
fonds. Celui de la salle dite alors des Sept Cheminées est extrême-
ment remarquable : il est de Duret et mérite qu’on le regarde. Per-
sonne mieux que Duret n’a su de son art tout ce que l’on peut savoir.
Il possédait, sans rien perdre de la faculté qu’il avait d’inventer, un
puissant esprit d’analyse et, de plus, il concluait rigoureusement. La
théorie des mouvements du corps humain est chose délicate si l’on
veut fixer une figure dans un équilibre fugitif. Duret la connaissait
à fond et on peut en donner comme exemple le Danseur napolitain
etl’Improvisateur, statues pleine de vie et cependant pondérées à
merveille. Il possédait également la théorie des ajustements. Voyez
la Tragédie et la Co?nédie, ces beaux marbres qui sont au Théâtre-
 
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