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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 6
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Guillaume, Eugène: La sculpture au XIXe siècle: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0561

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LA SCULPTURE FRANÇAISE A L'EXPOSITION UNIVERSELLE 525

chement, un concert que l’on jugeait utile à la formation des talents.
Cola ne fut pas bien compris. Quoiqu’ils eussent été confiés à des
maîtres de premier ordre, les cours en chaire ne réunirent pas un
nombre d'auditeurs aussi considérable qu’en devaient fournir des
centaines d’élèves. Oui, sans doute, le professeur d’archéologie
voyait la foule se presser à ses belles leçons de fin d’année, et applau-
dir à ses démonstrations sur le costume, et les peintres comme les
sculpteurs travaillaient sérieusement à l’anatomie. Mais ce n’était
pas assez ; ce n’était pas l’ensemble et l'harmonie que l’on avait rêvés.
À quoi tenait cette déception? Peut-être avait-on trop compté sur les
ressources de jeunes gens généralement pauvres et obligés, en étu-
diant, de travailler pour vivre. Le temps et l’indépendance leur
manquaient et forcés qu’ils étaient de partager leur journée, ils
étaient assidus à l’atelier bien plus qu’à l’amphithéâtre.

La manière dont une école se forme est souvent mystérieuse. Tan-
tôt c’est un maître dont les idées s’imposent. Tantôt c’est un certain
esprit qui souffle sur la jeunesse et la pousse à des nouveautés, et
celles-ci ne sont guère que des résultantes. Je crois que c’est à peu
près ainsi que nos sculpteurs se sont formés. Les professeurs ont été
entraînés. Mais eux se sont confinés dans l’étude de la nature.
Exempts de tout archaïsme, guidés seulement par leur amour pour la
vérité, ils ont travaillé la forme pour elle-même et ils la rendent
souvent dans des ouvrages pleins de fraîcheur et conçus sans parti
pris. Ce ne sont que des académies et beaucoup de gens ne voient,
dans ces nudités qu’une impudeur flagrante et une sorte d’appel à la
passion. Nous ne saurions nous associer à ces conclusions. Il nous
semble que cette application à s’affranchir de la nécrose insépa-
rable des imitations du passé, que ce travail, si honnête en soi,
qui tend à dégager la forme vraie de la forme convenue est une
préparation à l’inconnu et fait espérer dans l’avenir. Vienne, à un
jour prochain, dans l’ordre des idées ou dans celui des faits, un
événement qui imprime aux esprits un ébranlement profond, alors
tout ce savoir sincère, tout cet acquis dont on conteste aujourd’hui
l’emploi viendra mettre ses ressources au service de l’idée nouvelle.
En somme, après s’être dépensée de tant de manière, la sculpture,
instruite par l’exemple de nos maîtres, ces grands amoureux du
vrai, s’est mise simplement à l’étude et l’étude désintéressée accu-
mule des réserves qui ne s’épuisent pas.

Me trompé-je? Mais la justification de mon espoir. l’Exposition
Universelle me l’a déjà fournie. Les groupes, les statues, les bas-
 
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