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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 6
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Guillaume, Eugène: La sculpture au XIXe siècle: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0562

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526

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

reliefs qui décorent les palais récemment bâtis, sont-ils indignes de
notre passé? MM. Barrias, Frémiet, Marqueste, Coutan, Injalbert,
Boucher, Michel, et tant d’autres, ont-ils démérité? Leurs composi-
tions manquent-elles des lignes essentielles? Leurs personnages
sont-ils hors de proportion? L’exécution est-elle heurtée, grossière,
insuffisante? Je ne le trouve pas. Au contraire, ces ouvrages sont
bien entendus et d’une bonne tenue; ils sont élégants et traités avec
une souplesse et une fraîcheur, un naturel enfin, qui n’enlève rien
à leur caractère monumental.

Et l’on nous parle d’une décadence ! Mais, en dépit de ceux qui la
proclament et s’efforcent de la prêcher d’exemple, je ne la vois pas.
En quoi donc consiste une décadence? Dans un effacement croissant
du sentiment de l’art, et dans l'abaissement de l’exécution. Ces deux
conditions ne se séparent pas. Elles ont quelque chose de fatal, et
c’est leur caractère d’annoncer la barbarie. Or, s'il est vrai qu’il n’y
a dans les faits que ce qu’il y a dans les idées, comment arrive-t-il
que la pratique soit aujourd’hui si remarquable? Elle s’affine au lieu
de déchoir : nulle part elle ne tombe dans le métier. Mais, comme je
l’ai dit, l’esprit se recueille et se tient prêt. En attendant l’occasion,
il entretient ses forces; il perfectionne ses moyens d’expression en
se rendant de plus en plus maître de la technique. La main est
exercée ; l’habileté est grande et le temps n’est plus où l’on pouvait
dire d’un artiste qu’il n’avait pas le talent de son génie.

A l’Exposition, la sculpture présentait un spectacle fortifiant.
Quoique l’espace lui eût manqué et que les plus belles œuvres
n’eussent pas été dignement présentées, on peut affirmer qu’elle a
honoré le siècle qui finit et qu’elle fait augurer favorablement de celui
qui va commencer. Surtout elle a démontré la sincérité absolue de
toutes les générations de sculpteurs qui se sont succédé depuis cent
ans. C’est la glorification de leur conscience d’artistes. Leur art, au
commencement du siècle, était comme enfermé dans une convention
rigide, il s’en est graduellement affranchi ; la vie lui est revenue avec
plus de liberté dans les études. David d’Angers, Pradier, Barye et Rude
ont aimé l’art et passionnémenl la nature. M. Paul Dubois, M. Mercié
et Falguière l’ont serrée de plus près. Mais notre école, animée d’un
sentiment idéal, n’a cessé de marcher dans sa voie. Soutenue et dirigée
par une préoccupation constante, elle semble avoir eu pour devise :
toujours et toujours plus de vérité ! Je suis heureux d’avoir à le
constater.

EUGÈNE GUILLAUME
 
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