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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 2
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Montesquiou-Fezensac, Robert de: Monticelli
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0109

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

se réjouissait. — Toute musique le rendait fou, mais surtout celle
des tziganes, qui le bouleversait d'enthousiasme. Au dernier coup
d’archet, il partait en hâte, rentrait dans son grenier, allumait tout
ce qu’il pouvait rassembler de chandelles et peignait tant que
duraient ses forces. »

J’arrêterai là ces citations, élues à travers de longues et difficiles
recherches. Elles nous fournissent en quelques notables masses,
que les autres ne sauraient que répéter, de solides dessous pour ce
double portrait d'une physionomie et d’un talent, d’un homme et
de son art. A nous de l’unifier et compléter de touches, de rehauts,
de glacis et de lumières.

Un nom qui manque, entre ceux évoqués par les commenta-
teurs, c’est le nom de Walter Scott. Il y est de prime importance,
cependant, ce nom qui crée une atmosphère en laquelle certaines
toiles du peintre marseillais replongent nos souvenirs. Leicester,
Kenilworth, et le triomphant équipage de la Reine Vierge, et le
somptueux manteau de sir Walter Raleigh déployé dans la boue,
sous les pieds de la« Royale Célibataire », portant, selon l’expression
de Carlyle, « du fard rouge sur le nez et du fard blanc sur les joues,
comme ses dames d’atours, lorsque les chagrins et des rides l’eurent
éloignée des miroirs, avaient accoutumé de l’accommoder ».

Bien des femmes deMonticelli son t accommodées de cette façon-là.
Il n’y regarde pas de si près. Et, si vous le pressez un peu, il aura
vite fait de vous répondre que, par un procédé emprunté au paon de
la collection Samat, ces nez-là vous apparaîtront blancs dans dix ans,
et ces joues roses dans quinze.

Un intitulé prononcé à propos, c’est celui de Fêtes galantes ; avec
le titre de Jardins d'amour, il baptise excellemment une grande part
de cette œuvre, toute faite d’un papillonnement, d’un papillonne-
ment de Triboulets et de Méphistos, de pages et d’abbés, de seigneurs
et de dames. Le mot irradiation caractérise bien le fluide en lequel
ils baignent. Ce sont des trouées, des percées, des infiltrations lumi-
neuses, quasi incandescentes; comme des vols d’abeilles de flamme,
des essaims de papillons ignés ou de lucioles envahissant les feuil-
lages, soudain piquetés, tiquetés, tigrés de voltigeantes étincelles.

Le petit tableau catalogué Confidences, dans la collection André,
à Marseille, est un exemple merveilleusement scintillant de cette
pluie d’étoiles. Ce tableau, comme presque tous ceux qui composent
l’intéressante collection de M. André, me semble appartenir à cette
 
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