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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 2
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Hovelaque, Émile: L' exposition rétrospective du Japon, 3: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0122

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

xi° siècle : dans la Ivannon d'un maître inconnu du xive siècle, que
nous reproduisons, la finesse et la distinction du dessin rappellent
les charmantes divinités aristocratiques des Foujiwara, la Kannen
en bois noir du comte Inouyé ; et la couleur splendide, plus froide
déjà, garde un souvenir des grandes traditions primitives.

Mais ces traditions disparaissent pour toujours. Un art plus
sévère va naître. A côté de celte Kannon et de ce Monju, figuraient
deux œuvres admirables de Miyotakou : le Kougara et le Seïtaka, la
Méditation et l’Extase. L'inspiration ici est tout autre. Le contact
avec la Chine s’est établi; des ambassades, des moines, la visitent.
Sous son influence, qui produit la renaissance du xv° siècle, nous
ne verrons plus les incarnations gracieuses ou augustes des forces
spirituelles du monde, la représentation des grands êtres métaphy-
siques : c’est la Nature elle-même, sous ses formes variées, que
l’homme étudiera directement et rendra sans autre transfiguration
que celle de son émotion. Une fois de plus, le bouddhisme renou-
velle l’art. Le paysage, si longtemps négligé, en sera le grand
inspirateur. L’influence de la secte Zen, qui s'établit alors au
Japon, détermina ce choix. Pour elle, le parallélisme entre l’homme
et la nature est absolu. Toutes ses émotions, toutes les nuances de
son âme y résident, prêtes à être dégagées. La contemplation de la
nature est un enseignement de la vie. Cette communion de l’homme
et de la nature, que nous apprenons par Wordsworth et par Théo-
dore Rousseau, par Corotetpar Millet, chez qui les arbres, les fleurs,
les caresses de la lumière et les suavités des brumes, la vie paisible
de la terre, la féerie éternelle des matins et des soirs, les vicissitudes
des saisons et des heures éveillent un monde de rêves et des émotions
trop profondes pour être exprimées parles mots, cette communion
et cette poésie, les Chinois les ont enseignées, il y a six siècles, au
Japon. « Pourquoi, demande Kakki au xie siècle déjà, les hommes

les trois kakémonos du Daitokuji. Nous en reproduisons le plus intéressant,
ces Arhats qui descendent en théorie du ciel et jettent l’aumône aux lépreux et
aux misérables de la terre. Ta partie inférieure de cette peinture est d’une
admirable beauté de couleur, d’une acuité et d’une liberté de dessin remar-
quables. Malheureusement, les plus beaux kakémonos anciens ne peuvent être
reproduits par la photographie. Trop uniformes de ton, trop jaunes de fond,
trop peu photogéniques, ils ne donnent que des images vagues et fausses de
valeur. C’est ce qui explique, avec les obstacles dont j’ai parlé plus haut, pour-
quoi il nous a été impossible de reproduire les plus belles œuvres anciennes expo-
sées. — Les deux Kannon attribuées à Chôdensu ne sont manifestement pas de
lui ; l’une est l’œuvre d’un peintre Ming, l'autre d’un maître inconnu du xve siècle.
 
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