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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 2
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Molinier, Émile: L' exposition rétrospective de l'art français: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0138

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

onl puissamment contribué à l’introduction, dans le mobilier fran-
çais, des formes antiques, faisant des façades de coffres ou d’armoi-
ries de véritables préfaces architecturales, munies de colonnes, de
pilastres, de frontons, décorées de plusieurs ordres superposés, sui-
vant des préceptes qu’à coup sûr Yitruve n’aurait pas approuvés,
mais qui prennent tout de suite, grâce à leurs traducteurs, un aspect
particulier très français, très simple et très élégant.

De cette influence des architectes sur la construction du meuble
est résulté un fait dont peut-être on n’a pas assez tenu compte
dans les essais de classement qu’on a tentés de ces monuments. De
bons esprits ont essayé de répartir les meubles français en différentes
catégories, correspondant aux différentes grandes provinces. Ce
système avait quelque chose de très séduisant, mais les principes
sur lesquels il s’appuie deviennent de plus en plus faibles quand on
étudie les monuments de près. En réalité, la paternité de tous les
meubles français, non pas au point de vue de l’exécution, mais
à celui de l’origine du modèle, revient à deux ou trois artistes. Du
Cerceau, que nous venons de nommer, Sambin, de Dijon, peuvent
passer pour ceux auxquels on peut rapporter la création de presque
tous les meubles de notre Renaissance, à partir de 1350 environ.
Il s’ensuit que la tradition des modèles ainsi créés peut appar-
tenir à telle ou telle province, mais qu’entre les meubles de toutes
les provinces françaises on retrouve toujours certaines ressem-
blances qui décèlent une origine commune.

C’est surtout à l’Italie, ce qui se conçoit pour des raisons poli-
tiques, que la France a demandé des modèles. A l’époque où, en
France, on sculptait encore des meubles en bois du pays, en chêne
ou en noyer, les Italiens, rompant avec les traditions du moyen âge,
avaient déjà adopté comme matière les bois exotiques. Le cabinet
italien, au point de vue de sa décoration et de son architecture, est
issu directement de l’ancien coffre du moyen âge ; mais, dans la
seconde moitié du xvic siècle, il a pris un aspect tout spécial, par le
mélange de bois qui, jusqu’alors, n’étaient que très rarement em-
ployés, de peintures présentées comme de véritables tableaux, ou
de peintures en mosaïque de pierres dures. On obtenait ainsi des
œuvres qui, tout au moins à l’intérieur, offraient une polychromie
à outrance, et cette polychromie devait amener l’emploi dans le
mobilier des ornements de métal d’or ou d’argent, ou plus souvent
de bronze doré. Dès la fin du xvic siècle, les mêmes tendances se
manifestèrent dans le mobilier français, aussi bien pour des ques-
 
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