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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 2
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Molinier, Émile: L' exposition rétrospective de l'art français: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0140

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

avail personnellement surla mode, il recruta aussi, pour ainsi dire,
quelques-uns des artistes qui allaient prendre place dans cette grande
école d’art décoratif des Gobelins que Colbert devait fonder. L’idée de
Colbert, en toutes choses, a été de mettre la France en tel état qu’elle
pût se passer facilement du secours de l’étranger. C’est de cette idée
qu’est résultée, en 1664, la fondation de la Manufacture royale des
meubles de la Couronne, établie aux Gobelins, fondation qui fut
complètement terminée et réglementée en 1667. Pour diriger une
entreprise de ce genre, il fallait trouver un homme capable d’entrer
complètement dans les vues théoriques du ministre et jouissant,
en même temps, d’une réputation et d’un talent si réels, qu'il put
imposer sa volonté à ses collaborateurs. Cet homme, Colbert le ren-
contra en Charles Le Brun.

Si le nom de Gobelins est resté attaché aux tapisseries de haute
lisse, si bien que, dans d’autres pays, toute tapisserie, à quelque
époque qu’elle appartienne, est qualifiée de «gobelin», il faudrait
bien se garder de croire que, dans cette manufacture, on ne fabri-
quait que des tapisseries ou des tapis. En réalité, aux Gobelins on
exécuta, en général sur les dessins de Le Brun ou de Lepautre ou
de Bérain et d’une quantité d’autres artistes, toutes les pièces
du mobilier royal, aussi bien des œuvres de marqueterie ou de
mosaïque à la fiorentine que des tapis imités des tapis turcs, des
hautes lisses imitées des hautes lisses flamandes ou des pièces de ce
mobilier d’argent, si somptueux, destiné à la décoration de Ver-
sailles et qui ne devait pas durer même jusqu’à la fin du règne.
D’ailleurs, on retrouve des artistes étrangers travaillant aux Gobe-
lins et exécutant, sous le règne de Louis XIV, des œuvres impor-
tantes, en sorte que l’on peut dire que cet art du grand roi est
lui aussi un art de caractère tout à fait international. Nous ne
sommes pas les premiers à avoir remarqué combien l’expression
de l’art de Louis XIV rappelle le style italien. Il le rappelle même
souvent par ses mauvais côtés. Et, du reste, en fait de mobilier,
cet internationalisme peut se soutenir. Les œuvres les plus somp-
tueuses qui furent, sur l’ordre de Louis XIV, exécutées pour la
décoration de la galerie d’Apollon, les cabinets de la Paix et de
la Guerre, furent l’œuvre de l’Italien Domenico Cucci. Peut-être
Boulle était-il, lui aussi, de race étrangère : d’après les recherches
les plus récentes, il semblerait qu’il était originaire de Suisse. On
expliquerait ainsi certaines phases de son talent à ses débuts. C’est
par des marqueteries représentant des fleurs exécutées en bois
 
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